Et pourquoi pas ? Le studio Lab Zero Games avait déjà surpris son monde en 2014 avec Skullgirls, un jeu de combat composé exclusivement de combattantes féminines, et revient 5 ans plus tard pour proposer Indivisible. Un énième RPG au style fantasy ? Pas vraiment, puisque le studio californien annonce être toujours dans l'innovation et propose un autre genre pour pimenter son bébé, la plate-forme.
Le trailer Switch de Indivisible
Dans l'univers, l'esprit et le format, il semblait inconcevable qu'Indivisible ne sorte pas sur la dernière console de Big N. C'est désormais chose faite depuis fin avril, mais cette apparition sur l'eShop n'a pas été sans encombres.
Arrivée surprise... sans bonnes surprises
En effet, cette sortie a suscité l'étonnement, que ce soit du côté des joueurs... ou des développeurs. Aucune communication n'avait fuité de la part de 505 Games et Lab Zero, qui avaient bien planifié une entrée sur le support sans pour autant annoncer de dates. Finalement, par la suite d'évènements "inattendus", le jeu s'est retrouvé exclusivement en ligne le 29 avril, au lieu du mois de mai (la date secrètement gardée par éditeur et développeurs). Un accroc, car les backers n'ont pas encore reçu de copies physiques comme prévu, et cette version Switch n'est pas totalement complète. Une mise à jour devrait bientôt voir la lumière avec le familier Roti disponible, des optimisations CPU / GPU, et une résolution à 1080p en mode TV au lieu de 720p actuellement.
En revanche, le New Game+ et le mode coop, récemment ajoutés via une MAJ sur les autres supports, ne sont pas mentionnés par le site du jeu comme ajouts de cette prochaine update. Même son de cloche pour ce qui est du dernier DLC payant (Razmi's Challenge). Des nouveautés et points positifs notables, qui gonfleraient sans doute la note et les louanges du test. Malheureusement, nous jugerons le titre dans sa version actuelle sur Switch.
Toujours aussi plaisant
Cet évènement perturbateur est-il donc un poids pour Indivisible, cru 2020 ? Et bien, pas vraiment, puisqu'il reprend en tout point les qualités des versions PC et consoles. On vous laisse donc relire le test que nous avons pondu en octobre dernier ci-dessous, mais sachez que d'un point de vue technique, le jeu est impeccable et ne souffre pas de son statut de portage. Le framerate est plus que convaincant, et l'identité visuelle et sonore très soignée. En combat comme en phase de plates-formes, les joy-cons sont à l'instar des manettes classiques très intuitifs, tant en mode TV qu'en mode portable. Si vous n'avez pas touché aux aventures d'Anja, c'est le moment de découvrir cette pépite.
Notre test du 9 octobre 2019
A la croisée des mondes
Tous ceux qui ont joué à Skullgirls reconnaitront dès le premier contact la pâte de Lab Zero, à savoir un style graphique en 2D délicieusement cartoonesque. Ajna, une impétueuse, mais étourdie combattante s'entraîne chaque jour dans son village sous les ordres de Indr, son père. Une routine interrompue par l'attaque du paisible village par Ravannavar, une sombre entité dont les motifs sont encore flous. La guerrière part donc en quête de vengeance dans un univers anonyme, mais pas sans capacités spéciales : chaque combattant allié est appelé Incarnation, et est aspiré dans l'esprit d'Ajna pour lui prêter main-forte au combat. Belle pirouette scénaristique pour éviter de se trimballer tout le reste de la guilde derrière soi.
Car oui, ça serait problématique puisque Indivisible est avant tout un plateformer 2D sauce metroidvania. La plupart du jeu est guidé par l'exploration, dans des maps aux allures de labyrinthes, mais plus intuitives qu'elles n'y paraissent. Au début seul les techniques du wall-jump et du dash sont disponibles pour avancer, mais au fil du temps des armes et capacités sont débloquées pour résoudre des puzzles de plus en plus complexes. On ressent un vrai sentiment de progression, que ce soit dans les aptitudes ou la difficulté de certains passages. Par exemple la hache permet de s'accrocher aux parois trop grandes ou trop hautes, la furie permet à Ajna de démolir des rochers... Un bon moyen de refaire les niveaux par la suite et d'atteindre les zones auparavant inaccessibles.
Autre pan de cette partie plates-formes, le For Intérieur est une zone en guise de QG, accessible via la pression du bouton haut. On entre dans l'esprit d'Ajna pour voir les différents membres de l'équipe, et un duo de personnages nommés Ratna et Mori. Ces deux magiciens transfèrent les "Ringsels" collectés pour améliorer l'attaque et la défense de la troupe. Bien cachées dans les divers environnements, ces pierres rouges sont à collecter pour ensuite les convertir et s'améliorer.
De plusieurs, un
Upgrader l'attaque et la défense du groupe, utile dans les combats qui ne se jouent pas lors des phases de plateformes. Une fois face à un ennemi, le tout est de l'attaquer pour lancer un combat. On est donc aux prises avec un système tour par tour dynamique, avec 4 incarnations de notre côté et les ennemis de l'autre. Chaque personnage correspond à une touche de la manette/clavier, et une pression sur cette touche combinée avec une direction à son effet. Une fois activée, il faut attendre la recharge de l'attaque pendant que l'ennemi porte ses coups.
La force d'Indivisible est alors la réflexion pour constituer le meilleur roster possible. En trouvant des Incarnations lors des moments d'exploration (il est possible de passer à côté de certains personnages), la fiche de ses capacités en combat est alors dévoilée. À vous de combiner les guerriers, les soigneurs ou les archers pour établir un groupe cohérent et infliger les combos les plus ravageurs. Sachant que 20 Incarnations sont déblocables au cours de l'aventure, les combinaisons sont infinies et chacun trouvera ses propres affinités, un bonheur. Cependant, Indivisible est un peu guidé sur ce point puisqu'il parait très difficile de jouer sans un personnage comme Dhar, le guerrier capable de briser plus facilement les gardes adverses, ou un soigneur comme Razmi.
Un système de combat inspiré
L'alternance entre metroidvania et combat RPG est loin d'être lourde, puisqu'à titre de comparaison les ennemis sont moins présents que pour un Ori & the Blind Forest par exemple, mais juste assez pour alterner sans frustration les phases plates-formes / ennemis. Les boss quant à eux alternent les deux genres, c'est-à-dire qu'une fois un certain nombre de PV enlevé, un passage plateformer pas exempt de dangers s'impose pour l'attaquer à nouveau. Attention donc à ne pas subir trop de dégât pendant cet instant pour ne pas être trop affaibli dans la deuxième partie combat. C'est malin, sympathique, mais parfois très exigeant, d'autant qu'un mort dans la dernière phase de plateforme ou de combat vous fait tout recommencer. Une fois ces démons vaincus, attendez-vous donc à lever les bras au ciel, le regard satisfait.
Plus non négligeable pour venir à bout des ennemis les plus coriaces, la barre d'Iddhi en haut à gauche est une sorte d'hommage au premier titre de Lab Zero Games, à savoir la barre de coup spécial. Remplie grâce aux combos donnés et aux bonnes gardes sur les coups adverses, elle sert à infliger un coup violent ou un soin précieux au cours du combat. Un niveau stratégique supplémentaire, puisque certaines situations vous pousseront à choisir entre l'attaque ou le soin pour l'utilisation de cet Iddhi. Pour ce qui est du combat, on regrettera juste le manque de transparence sur la progression des personnages, puisqu'à chaque niveau passé grâce à l'expérience très peu d'indications si ce n'est la hausse des PV sont affichées à l'écran.
Iddhi en quatorze heures ?
Indivisible trouve la clé du succès à presque tous les points de vue, et sa durée de vie ne va pas ternir le tableau, bien au contraire. Une quinzaine d'heures nous ont été annoncées par Zero Lab Games, mais il faut vraiment aller vite et passer outre les difficultés de certains boss pour terminer l'aventure en si peu de temps. Comptez au moins vingt heures si vous n'êtes pas un fada de la chasse au Ringsels pour boucler le périple d'Ajna. Faiblesse dans Skullgirls, le scénario et les dialogues ne sont pas d'une profondeur absolue ici, mais l'évolution de certains personnages et de plusieurs relations donneront le sourire. Mention spéciale à Razmi, l'étrange shaman de l'équipe dont les vannes touchent parfois au but. Et puis, on ne le répétera jamais assez, le Z-Engine apporte ici un vrai soleil visuel avec des arrières-plans détaillés. Une carte postale embellie par la musique d'Hiroki Kikuta, compositeur de Secret of Mana.
Points forts
- Une direction artistique superbe
- Le concept du mélange plateforme-RPG
- Des combats bien fichus et dynamiques
- Les phases de plateformes à la difficulté croissante
- Le doublage et la musique
- Durée de vie très bonne (plus de vingt heures)
- La difficulté des boss tantôt grisante...
Points faibles
- ...tantôt trop exigeante
- Certains dialogues dispensables
- Plusieurs parties de maps oubliables
- Un manque de personnalisation
C'est la surprise de ce mois de septembre, de par son mélange entre RPG et phases de plateformes bien senties et sa réalisation parfaitement calibrée. Zero Lab Games réussit avec brio son pari de rassembler les genres, mécaniques, personnages et univers sans jamais décontenancer. Des éléments qui une fois associés forment un tout rafraichissant, profond pour une durée de vie plus qu'honnête. Une oeuvre indivisible, tout simplement.