Coincé entre un excellent précédent épisode et un possible premier galop d’essai sur la nouvelle génération en 2020, PES s’offre cette année un changement de taille avec un nom rallongé : appelez-le désormais eFootball PES. Au delà de ce changement de forme plus que de fond, qu’en est-il des nouveautés sur le pré vert ? Saura-t-il confirmer manette en main les bonnes dispositions entrevues ces dernières années ?
Nous avons mis à jour cet article après avoir joué aux modes en ligne, qui n'étaient disponibles qu'après la sortie du jeu. Sous réserve qu'un patch qui modifie grandement plusieurs aspects du jeu ne voit le jour, il s'agît donc de notre avis définitif.
Un an plus tôt, nous évoquions la crainte légitime de voir PES couler sur ses licences après avoir perdu la Ligue des Champions et l’Europa League. Finalement, la série de Konami s’est relevée en repensant sa stratégie sur les licences, via l’acquisition de droits de championnats moins médiatisés tout d’abord, mais aussi et surtout en misant cette année sur de grands clubs dont la popularité n’est plus à démontrer.
“On a les droits !”
Un listing exhaustif des championnats sous licence s’impose, et nous y retrouvons comme l’an dernier la première division du Campeonato Brasileiro, ici accompagné de la Superliga danoise, l’Eredivisie néerlandaise, la Liga NOS portugaise, la Jupiler Pro League belge, la Raiffeisen Super League suisse, la Ladbrokes Premiership écossaise, la Superliga argentine, la Liga Àguila colombienne, le Campeonato AFP chilien, la Spor Toto Süper Lig turque sans oublier le combo Ligue 1 Conforama / Domino’s Ligue 2 en France. À ces habitués, il faut également ajouter la série B du Campeonato Brasileiro, la Premier Liga russe et son sympathique logo en forme d’ours, mais aussi la CFA Super League chinoise et la Toyota Thai League Thaïlandaise. Enfin, le nouveau gros coup européen vient de la licence officielle de la Serie A TIM Italienne et de l’ensemble de ses clubs - à l’exception de Brescia - dont la Juventus Turin, exclusive à PES cette année.
Les deux premières divisions anglaises et espagnoles sont aussi de la partie, sans bénéficier du traitement “premium”, à savoir le nom officiel des compétitions et des équipes. Seules exceptions, Barcelone, Manchester et Arsenal conservent les charmes du club partenaire, à savoir licence officielle (logos, maillots) et modélisation du stade. Le championnat allemand reste lui absent des débats, bien qu’il soit possible de retrouver Schalke 04, le Bayer Leverkusen et le Bayern Munich au milieu des autres équipes européennes sans ligue fixe (Dinamo Zagreb, Olympiakos, Shakhtar Donetsk entre autres). Enfin, notez que du côté des compétitions continentales, la Champion’s League asiatique est encore au rendez-vous. Malgré quelques absences majeures symbolisées par le championnat allemand inexistant et les nombreux équipes espagnoles et anglaises dépourvues de leurs noms, logos et maillots officiels, eFootball PES 2020 réalise donc un réel effort cette année pour offrir à ses fans une base de licence plus dense, ne misant plus seulement sur la qualité, mais venant également gonfler progressivement l’ensemble en quantité. Une nouvelle qui devrait ravir les possesseurs d’une version Xbox, qui contrairement aux joueurs PC et PS4, ne peuvent pas corriger le tout via un patch externe de la communauté.
Un petit plaisir en solo ?
Des efforts sont également perceptibles sur le contenu dédié aux amateurs de jeu en solo prêts à défier l’IA adverse sur la durée. Ainsi, la Ligue des Masters bénéficie enfin d’une refonte d’interface qui lui offre un aspect plus moderne et épuré très agréable au premier coup d’oeil. De même, l’ajout de nombreuses cutscenes montrant votre manager (qu’il est d’ailleurs possible de piocher parmi une belle liste de légendes allant de Maradona au regretté Cruyff) allant à la rencontre de ses joueurs, discutant avec ses dirigeants des projets à venir ou répondant aux questions de la presse offre une plus grande immersion au sein du mode. Quelques retouches sur les sommes des transferts ont également été opérées pour rendre les montants plus crédibles.
Malgré ces changements, le mode n’en ressort pas bouleversé pour autant et souffre encore de plusieurs défauts lorsqu’on vient gratter sous la surface. Par exemple, en terme d’ergonomie, la refonte des menus et sous-menus est moins perceptible que sur l’aspect visuel et s’accompagne de choix curieux, comme l’impossibilité de passer rapidement d’un onglet à l’autre du menu principal avec les boutons de tranche ou de se rendre directement sur le sous-menu lié au sujet d’un message privé. Ajoutez à cela quelques lourdeurs comme l’impossibilité de modifier manuellement les montants des transferts et vous obtenez un mode qui, malgré de réels efforts, ne progresse finalement qu’à pas feutrés. Notez d’ailleurs que le mode Vers une légende reprend également la même nouvelle interface, sans se renouveler davantage par ailleurs. Difficile donc de se réjouir du contenu destiné aux joueurs solos dont les progrès ne s’avèrent pas encore à la hauteur du reste du titre.
Les premiers pas sur le mode Vers une Légende
Garde-t-il la ligne ?
En ligne, ce nouvel épisode fait dans le traditionnel avec une série de modes classiques : match rapide, divisions ou coopération en ligne, sans oublier les tournois et MyClub. Ce dernier bénéficie de quelques nouveautés qui ne révolutionnent en rien sa proposition. Des retouches à la marge sur l’affichage des statistiques de joueurs, l’arrivée d’Arshavin en légende légendes qui vient gonfler un casting s’appuyant sur les clubs et championnats partenaires de la licence (Park Ji-Sung, Oliver Kahn, Pavel Nedved entre autres), voire des modèles de carte différents pour certains internationaux. Rien qui ne vienne apporter de réelles innovations au mode donc.
Le petit nouveau de la bande, c’est donc Matchday, qui a le mérite d’offrir un peu de diversité dans le paysage rarement bouleversé des modes de jeux. Pour l’expliquer simplement, vous devez choisir un des deux camps proposés et qui changeront chaque semaine, ainsi qu’une équipe proposée au sein de ce camp. Pendant toute la période de cette compétition hebdomadaire, vous ne jouez qu’avec l’équipe que vous avez choisie et êtes opposés à des joueurs ayant opté pour l’autre équipe : les victoires, les buts, mais aussi les gestes techniques, dribbles et autres passes réalisés vous rapportent alors des points qui servent à établir un classement final. Et à l’issue de la compétition, le premier du classement de chaque équipe concernée défie l’autre dans une grande finale diffusée en direct dans le jeu.
Une idée plutôt riche, mais entre les horaires de jeux contraignants qui obligent à jouer les matches entre 17h et 20h, et les écarts de niveau entre les équipes proposées, le mode dévoile déjà quelques potentielles faiblesses qu’il faudra surveiller sur la durée. De plus, le camp obtenant le plus de points offre un avantage à son représentant en finale, une autre idée potentiellement risquée si un des deux camps s’avère bien plus populaire que l’autre. En revanche, les nombreuses récompenses dépendant de vos points glanés, de votre classement final et de l’identité du camp vainqueur ont le mérite d’apporter quelques cadeaux utiles en mode MyClub (recruteurs, monnaie…) mettant à profit vos heures de jeu sur ce nouveau mode. Reste à voir s’il rencontrera le succès sur la durée.
Un vrai sens du détail
Déjà plus soigné sur sa mise en scène l’an dernier, PES continue sur sa lancée avec l’épisode 2020. Outre les efforts visuels réalisés sur la modélisation des joueurs, des stades, mais aussi sonores avec des chants de supporters, c’est davantage par le sens du détail accordé aux animations que l’épisode brille. Que celles-ci soient utiles, comme la panoplie de mouvements et d’arrêts réflexes de certains gardiens, ou plus de l’ordre de l’habillage visuel comme ces joueurs qui viennent se plaindre auprès de l’arbitre, invectivent leurs adversaires après une grosse faute, se retrouvent brièvement hébétés après avoir pris le ballon dans le visage, les animations poussent clairement l’immersion un cran plus haut. Pour le reste, ce nouvel épisode de PES s’appuie sur des éclairages plus convaincants, dans la lignée de ceux de l’an passé, qui viennent accompagner une modélisation des joueurs franchement bluffante de réalisme. S’il fallait vraiment trouver matière à redire, nous pourrions éventuellement lui reprocher quelques couleurs de pelouse parfois moins naturelles selon la variété de la luminosité. Rien qui ne gâchera votre plaisir donc, surtout que l’ensemble est moins perceptible sur des écrans parfaitement calibrés.
Parole à l’attaque
Du plaisir, c’est bien en jouant que vous en prendrez grâce à des mécaniques de jeux s’appuyant principalement sur le bon travail effectué avec l’épisode précédent. PES convainc une nouvelle fois par sa capacité à pousser le joueur à réfléchir sur son jeu, ne pas se précipiter, apprendre les bons gestes et travailler sur sa vision de jeu pour réellement construire ses actions. Un choix qui a toutefois le mérite de s’accompagner cette année d’une ouverture plus prononcée aux détracteurs du jeu de possession : contrer et utiliser un jeu de transition plus rapide n’est plus un gros mot, l’inertie toujours très marquée des joueurs permettant même de ne pas déséquilibrer toute l’expérience. C’était déjà le cas l’an dernier, mais la tendance semble encore plus marquée sans pour autant trahir le sacro-saint équilibre toujours recherché dans un jeu de football. Il faut toutefois noter que la défense souffre de quelques défauts : capables de se montrer impérials tout au long d’un match, les gardiens sont encore sujets à des boulettes qui peuvent agacer. De même, les défenseurs ont cette fâcheuse tendance à mal se placer et vous obligent à rattraper régulièrement le tout soit en modifiant au maximum votre plan de jeu, soit en ayant une maîtrise absolument parfaite du combo Super Cancel (R1+R2 ou Rb+RT avec les touches par défaut) et pressing à deux.
Or, cette maîtrise est loin d’être évidente sur vos premiers pas et n’est finalement qu’effleurée dans les quelques tutoriels proposés, faisant encore de PES un titre peu amène pour les nouveaux venus, malgré une nouvelle ouverture appréciable sur la diversité des styles de jeux offensifs. Il gagnerait tout de même à proposer davantage d’outils offrant aux profanes de quoi appréhender le titre en douceur, sans que celui-ci ne perde de sa profondeur sur la durée. Les joueurs avertis y verront toutefois un gage de qualité, qui offre par ailleurs un réel sentiment de progression et de satisfaction une fois l’ensemble des mécaniques un minimum maîtrisées. Parmi elles, l'amélioration du dribble en finesse via le stick droit offre un contrôle de balle accru plus que bienvenu pour temporiser ou faire la différence selon ce que réclame la situation. Le résultat est très intuitif, à l'image des contacts dont l'efficacité dépend avant tout de votre capacité à bien vous placer et faire écran plus que de la simple application d'une touche.
On refait la 2e mi-temps de France-Croatie !
Car être précis reste une obligation dans PES, qui ne tolère que rarement l’aléatoire et récompense comme il se doit la justesse des actions et l'utilisation du bon geste. Parents pauvres de la série pendant quelques années, les sensations dans la finition s’avèrent aujourd’hui à la hauteur du reste des séquences de jeu, avec notamment suffisamment de variété dans les frappes de balle pour éviter la redondance de ces dernières, même si les frappes à l'entrée de la surface et avec un angle léger ont encore tendance à s'avérer plus redoutables. Qu’il s’agisse de sa jauge de fatigue ou de ses appels, cet opus incite toujours le joueur à garder le contrôle sur chaque aspect du jeu, l’IA alliée pouvant certes s’avérer précieuse, mais sans être totalement suffisante pour s’appuyer pleinement sur elle afin de débloquer les situations. Un choix intelligent qui fait encore une fois de PES une très bonne simulation, malgré ses défauts.
Points forts
- Beaucoup d’efforts sur la forme : licences, nouvelles animations, ambiances des matches...
- Modélisation, éclairages : le plus abouti visuellement de la série
- Jeu direct ou construction, tout le monde y trouve son compte
- Un réel sentiment de progression sur la prise en main
- Idéal pour les amateurs de soirées multi en locales
- Quelques nouveautés sur les modes hors-ligne...
Points faibles
- ...Mais dont l’évolution reste timide
- Quelques failles à rééquilibrer sur l’IA défensive
- Interface austère et peu ergonomique
- Un vrai manque d’accessibilité pour les débutants
- Du contenu léger pour tenir sur la durée
À l’heure d’évoquer les forces et les faiblesses de ce nouvel épisode de PES, force est de constater que les années se suivent et se ressemblent. Quelques évolutions ressortent tout de même de ce cru 2020, comme une porte légèrement plus ouverte aux amateurs du jeu direct et des nouveautés intéressantes du côté de la Ligue des Masters, qui s’accompagnent toutefois d’une austérité toujours aussi prégnante. Pour le reste, cet opus conserve son point fort principal, celui de proposer une prise en main soignée, crédible et surtout satisfaisante dans la droite lignée de son excellent prédécesseur. Mais il garde aussi son point faible majeur, à savoir un contenu qui peine à s’étoffer et ne donne pas entière satisfaction en l’état, à l'exception des licences, plus nombreuses. Peu adapté aux débutants, pas assez rempli pour nous retenir sur la durée, c’est finalement à une troisième catégorie qu’eFootball PES 2020 sait de nouveau parler grâce à ses excellentes sensations de jeux : celle des joueurs avertis qui cherchent le compagnon idéal d’une soirée entre amateurs de football vidéoludique.