Sacrée fin d’année pour la Nintendo Switch ! Après Super Mario Maker 2 en guise de bande-annonce, le fabricant japonais s’apprête à enchaîner les grosses sorties et cela commencera le 30 août prochain, avec Astral Chain. Un nouveau jeu signé PlatinumGames, forcément, ça ne se loupe pas ! Après un aperçu des plus enthousiasmants en juillet, on attendait Astral Chain de pied ferme et l’on espérait qu’il réussirait à valider ces premières bonnes impressions. Ce qu’il a fait, le bougre, non sans confirmer par la même occasion certains légers doutes que nous avions alors.
Acheter Astral Chain sur Nintendo Switch chez Micromania
Depuis près de dix ans, PlatinumGames et Nintendo vivent ensemble une belle histoire d’amour et elle n’est pas près de s’arrêter, semble-t-il. Après MadWorld, Infinite Space, The Wonderful 101, Bayonetta 2 et deux StarFox, le studio basé à Osaka parie sur le lead-designer de NieR Automata pour réaliser un nouveau jeu mêlant combats, enquêtes et phases de plates-formes, le tout soutenu par l’omniprésent Hideki Kamiya (Devil May Cry, Okami, Bayonetta…) et le mangaka Masakazu Katsura (ZETMAN). Et tout ça sur nos petites Switch. Autant dire qu’il y avait toutes les raisons du monde de se montrer intrigué par le projet.
Chimères contre Légions
Astral Chain raconte une histoire somme toute assez banale, qui ne surprendra guère les amateurs de japanimation. Il y a plusieurs dizaines d’années, la Terre a soudainement été attaquée par des créatures venant d’une autre dimension, nommée Chimères. Non seulement les attaques de ces monstres ont causé d’énormes dégâts, mais en plus leur simple présence dans notre plan astral a permis la propagation d’une terrible épidémie, qui a transformé de nombreux survivants en mutants assoiffés de sang. Désormais réfugiée sur une île artificielle, ce qu’il reste de l’humanité a fondé la Neuron, une unité d’élite qui utilise des Chimères capturées puis reconditionnées afin de combattre ces dangereux envahisseurs. Ce sont les Légions, le dernier espoir de l’Arche.
Voilà pour le pitch de base. En commençant la partie, vous aurez le choix d’incarner un jeune homme ou une jeune femme ; les deux se retrouveront ensuite dans le jeu puisqu’ils sont en fait jumeaux. Après l’introduction, l’un et l’autre rejoignent la Neuron et participeront ensemble à quelques missions qui vous serviront de mises en jambe, avant que les choses ne dérapent complètement. Astral Chain construit petit à petit son histoire en ajoutant ici et là de nouveaux personnages et surtout en complexifiant sa trame narrative ; ce qui commençait comme un bête combat entre le bien et le mal évolue rapidement en quelque chose de plus intéressant, avec ce qu’il faut de touches de complots et de machinations politiques pour maintenir en éveil la curiosité du joueur. Très souvent, c’est aussi un bon prétexte pour mettre en place des séquences d’action vraiment impressionnantes, desquelles on ressort souvent le souffle court. Si lors de notre aperçu, on avait eu du mal à croire à l’univers d’Astral Chain, ou même à apprécier ses personnages, le sentiment s’est vite dissipé en jouant plus longuement. Certes le scénario ou le casting ne feront pas date dans l’histoire du jeu vidéo, mais l’ensemble est suffisamment bien fichu pour que l’on ne décroche jamais.
On pourra toutefois pointer du doigt un certain manque de rythme dans le dernier tronçon du jeu. Alors que jusque là, Astral Chain savait alterner les séquences et créer des moments de respiration plutôt bienvenus, les deux ou trois derniers niveaux n’ont jamais réussi à être à la hauteur de ce que l’on avait pu vivre jusque là, notamment dans l’incroyable Fichier 7. Sans en dire trop, le niveau se vit à 200 km/h, avec un enchaînement de courses-poursuites et de combats tous plus fous les uns que les autres. Et alors que l’on se dirige manifestement vers ce qui devrait être le point d’exclamation final de l’aventure, Astral Chain se perd dans un Fichier 8 où l’on doit littéralement nettoyer la ville, en accomplissant une série de mini-jeux vraiment oubliables, voire carrément insupportables lorsqu’ils décident de baser leur gameplay sur du motion-gaming. Ajoutez à cela quelques combats un peu moins réussis, et hop, Astral Chain parvient à tuer le momentum. Vraiment frustrant ! De quoi gâcher, au moins un peu, les derniers instants passés sur un jeu qui jusque là nous avait passionnés de bout en bout.
Par défaut, les dialogues d’Astral Chain vous sont proposés en anglais, sous-titrés français. On vous conseille vivement de passer en VOST, puisque la version japonaise est autrement plus réussie (et ce malgré une synchronisation labiale qui prête à rire). Notez qu’il n’est pas possible de le faire dès le lancement du jeu : il nous a fallu terminer l’introduction avant de pouvoir accéder au menu dédié.
Un gameplay varié, mais inégal
Comme nous le pointions déjà du doigt dans notre aperçu, Astral Chain n’est pas qu’un beat’em all. Et s’il propose de nombreuses séquences de combat absolument dantesques, à la mesure de l’héritage de PlatinumGames, il entend aussi proposer quelque chose d’autre à son public. Ainsi, on peut découper le gameplay d’Astral Chain en trois parties : les phases de combat, les phases d’enquêtes, et les phases de plates-formes. Sans surprise, ce sont les phases de combats qui sont les plus réussies, dans la mesure où elles bénéficient de l’expérience du studio, mais aussi de nombreuses nouvelles idées plutôt intéressantes, qui font d’Astral Chain un jeu vraiment accrocheur. Mais on y reviendra.
Parlons plutôt des phases d’enquêtes et de plates-formes. Disons-le tout de suite, si l’on avait peur que les phases d’enquêtes ne soient qu’un gimmick un peu forcé pour rappeler que l’on incarne un policier, il n’en est rien : à vrai dire, elles prennent assez peu de place dans le jeu et leurs interventions sont toujours appréciées, dans la mesure où elles permettent au joueur de respirer un peu. Les mécaniques mises en place sont ici assez limitées puisque l’on se contentera finalement d’interroger un à un les différents PNJ présents sur place ou d’analyser les éléments du décor mis en relief par l’IRIS, l’ordinateur personnel embarqué par votre avatar. On observe, on papote, on participe parfois à quelques mini-jeux, et une fois que l’on a rempli la jauge d’indices dédiée, on débriefe tout ça avec un collègue. Le schéma, assez simple, est le même à chaque fois et l’ensemble n’est pas bien original. Pire même, il est impossible de louper une enquête puisque l’on est constamment remis sur les rails au moment du debriefing final. Pour autant, on a su apprécier ces passages, qui permettent de ralentir un peu le rythme du jeu, et de s’immerger dans le monde futuriste d’Astral Chain. Neuron ou pas, on incarne un flic et le jeu parvient à donner vie à cette fantasy, en partie grâce à ces enquêtes.
En revanche, les phases de plates-formes, qui se tiennent généralement dans la dimension des Chimères, ne nous ont pas vraiment amusés. Et pour cause : Astral Chain ne se prend pas facilement en main et certains contrôles manquent un peu de précision. Et si la plupart du temps, ce n’est pas un souci, ces séquences en particulier demandent précision et rapidité d’exécution, ce que le jeu ne permet pas toujours. La traversée de ces niveaux, qui ne sont d’ailleurs pas les plus jolis du jeu, devient donc laborieuse et pas pour les bonnes raisons.
Malgré ces défauts, nous avons apprécié la variété de ce qu’a à proposer Astral Chain, puisque cela lui permet de construire un rythme de jeu plutôt agréable, en introduisant entre ses longues séquences d’action des moments de respiration qui permettent de donner plus de force aux instants-clé du jeu, où la tension est à son comble.
Le plaisir de jeu, la patte PlatinumGames
Bien entendu, Astral Chain ne serait pas un jeu PlatinumGames sans des phases de combat démentielles. Et à ce petit jeu-là, Takahisa Taura fait très fort puisque sa nouvelle création propose quelques-uns des affrontements les plus impressionnants que le studio ait pu nous offrir. À cela, trois raisons : le gameplay, évidemment, mais également le design des ennemis et la puissance de la mise en scène, qui n’a jamais peur d’en faire un petit peu trop pour épater le joueur. Ces combats sont une vraie réussite et font oublier les quelques écueils du titre tant ils paraissent maîtrisés de bout en bout.
Et pourtant, ce n’était pas gagné. Côté prise en main, Astral Chain n’est pas franchement un bon élève, avec de très nombreuses commandes à effectuer pour utiliser correctement l’avatar mais aussi les différentes Légions que l’on obtient à travers l’aventure. Tous les boutons de la manette y passent : les deux joysticks, les quatre gâchettes, les quatre boutons de façade, le D-pad… Car les possibilités sont très, très nombreuses.
- Le policier se déplace avec le stick gauche. Avec les touches Haut et Bas du D-pad, il est possible de changer d’armes (matraque, épée, pistolet), ce qui détermine la façon qu’il aura d’attaquer. La matraque est à privilégier contre les ennemis rapides ou trop nombreux, le pistolet contre les ennemis volants, et l’épée contre les gros ennemis moins rapides mais plus résistants. On peut en outre effectuer des esquives qui, à la manière de Bayonetta, déclenchent de légers ralentis lorsqu’on a le bon timing. On peut également utiliser différents items via le bouton X, soit avec une pression rapide, soit en le maintenant, ce qui déclenche une pause active et fait apparaître une roue sur laquelle figurent les objets disponibles (potions, grenades...).
- La Légion est autonome, mais en maintenant ZL, on peut la déplacer en utilisant le stick droit. Utiliser ZL seul permet de la lancer pour une attaque de base, tandis que lorsqu’elle est trop loin, ZL peut servir à la faire revenir proche du joueur. En maintenant R, il est possible d’utiliser une attaque spéciale (qui se débloquent dans l’arbre de compétence dédiée) qui sera affectée à X ou Y, par exemple. On peut également utiliser la capacité unique de chaque Légion en appuyant sur L, ce qui en fonction des cas fait intervenir de nouvelles commandes. Car oui, chaque Légion a un gameplay bien à elle. Pour terminer, il est possible de changer de Légion en utilisant la touche Y, sur le même principe que le bouton X et l’utilisation des différents items à votre disposition.
*
Le policier et sa Légion peuvent intervenir de différentes manières. La chaîne astrale qui les relie peut être utilisée pour piéger des ennemis, par exemple en coupant leurs trajectoires, ou en les encerclant, ce qui demande de réussir à déplacer correctement sa Légion, tout en faisant attention à ce que le policier ne soit pas pris pour cible. En outre, dans certains cas, il est possible d’effectuer des attaques synchronisées qui font beaucoup de dégâts (appuyez sur ZL lorsque le policier brille d’une lueur bleue), ou de lancer des coups fatals très utiles puisque cela permet de récupérer de la santé.
Vous l’aurez compris, il y a énormément à apprendre, énormément à retenir et par moments, il est presque certain que sous l’effet du stress, vous finirez pas vous emmêler les pinceaux à un moment donné. C’est normal et il est même probable que le jeu compte là-dessus, à la manière d’un jeu de rythme qui multiplie les avalanches de notes pour vous perdre en chemin. Mais l’on apprend petit à petit, en se bridant dans un premier temps jusqu’à réussir à embrasser l’entièreté de ce que permet le gameplay, avec des combos qui deviennent toujours plus impressionnants. Une progression constante qui passe aussi par l’acquisition de nouvelles Légions et leurs évolutions personnelles, et qui est à mettre en parallèle avec le design des différents combats du jeu, qui sont toujours plus démesurés. À noter également, un feeling de frappe vraiment agréable, que l'on doit tant aux différents effets visuels qu'aux nombreux bruitages qui viennent souligner coups de base, attaques spéciales, esquives et déclenchements d'attaques synchronisés. Le plaisir de combattre dans un beat'em all dépend beaucoup de cela, et sans surprise, PlatinumGames fait ici de l'excellent boulot.
C'est dans les combats de boss que la science du studio transparaît le mieux. Sans en dire trop là-dessus, citons entre autres les rencontres avec les différents Homonculus du jeu, qui ont bénéficié d’un soin admirable, que ce soit dans la mise en scène grandiloquente ou dans la manière de dicter le tempo et de pousser le joueur à régulièrement changer de stratégie. On saluera au passage le très bon travail effectué sur la bande-son du jeu, avec des compositions metal hyper nerveuses qui accompagneront à merveille vos joutes homériques. On reste toutefois plus... dubatitif concernant certains sons d'ambiance, à commencer par le thème du commissariat, qui collerait mieux à une boîte de nuit.
On pourra toujours pointer du doigt quelques légers soucis de caméra par endroit, mais dans les faits, Astral Chain vaut le détour ne serait-ce que pour ses combats plus épiques les uns que les autres et surtout ce système de jeu si unique, si bien réussi.
Switch oblige, PlatinumGames a dû faire des concessions, ce qui a un impact sur les graphismes d’Astral Chain, évidemment. Entre les scintillements, la distance d’affichage et le popping assez violent lors de certaines séquences, on imagine que les amateurs de technique hyper léchée trouveront à y redire. Toutefois, il convient de reconnaître que la direction artistique choisie ici permet de limiter les dégâts tout en maintenant des performances plus qu’honorables. Si l’on conseillera d’éviter le jeu en mode portable, pour des questions de lisibilité, Astral Chain reste fluide en toutes circonstances, que la Switch soit dockée ou non. Sur la petite vingtaine d’heures passées sur le jeu, nous n’avons constaté qu’une poignée de ralentissements : anecdotique, en somme.
Acheter Astral Chain sur Nintendo Switch chez Micromania
Points forts
- Parmi les meilleures séquences de combat jamais vues dans un jeu PlatinumGames
- Le système de Légions et les combos à deux
- Une bande-son à la mesure des affrontements qu’elle accompagne
- Une aventure bien rythmée
- La coopération, qui fonctionne plutôt bien
- Fluide en toutes circonstances
- Pas mal de customisation (avatar, Légions...)
Points faibles
- Prise en main assez peu instinctive
- Les phases de plates-formes
- Les dernières missions sont un peu en dessous
- Quelques soucis de caméra
Astral Chain n’est pas parfait. Ses phases de plates-formes sont agaçantes et les quelques enquêtes qui ponctuent l’aventure à intervalle régulier valent plus pour les moments de calme qu’elles créent que pour le challenge qu’elles opposent au joueur. Mais son rythme, sa progression et surtout ses phases de combat hypnotisantes, alliés à une richesse de gameplay surprenante, nous ont séduit. À tel point que nous n’avons pas vu filer les quelque vingt heures que nous avons passées dessus. À la fois original et ambitieux, le nouveau titre de PlatinumGames devrait séduire tous les amateurs de beat’em all, et notamment celles et ceux qui attendent impatiemment Bayonetta 3.