Conqueror's Blade est un certes un MMO, mais pas du genre traditionnel. Pas de magie, ni de dragons ou de dizaines de sangliers à chasser pour une quête, mais un mélange entre Dynasty Warrior, Mount & Blade ou encore Total War. Le joueur y incarne un seigneur de guerre évoluant au cœur d’un monde féodal en perpétuel conflit. Distribué sous un modèle free-to-play avec abonnement premium optionnel par My.com et développé par le studio Booming Game, le titre ne se contente pas de plonger le joueur dans des affrontements à grande échelle, mais propose aussi un volet de gestion et de stratégie sur un serveur massif où les différentes maisons (des regroupements de joueurs) peuvent s'affronter pour le contrôle des territoires et de leurs ressources. De quoi vous motiver à prendre les armes ? Réponse dans ce test.
Tester un jeu en bêta ouverte ? Quelle idée nous direz-vous ? Et oui, le jeu a été testé depuis sa version en bêta ouverte, disponible sur PC le 4 juin dernier. Un état, qui dans l'industrie actuelle du jeu en ligne, est le plus souvent synonyme de soft-launch. De quoi donc vous partager notre avis sur un titre certes appelé à évoluer au fil des mois, mais d'ores et déjà lancé commercialement par son studio et son éditeur.t
En (con)quête d'action
S'il explore assez vite des facettes telles que la stratégie et la gestion d'unités, Conqueror's Blade débute comme la plupart des MMO, par la création et la personnalisation de votre combattant via un outil aux options, certes limitées, mais suffisantes pour se façonner un personnage prêt conquérir le monde. Son apparence validée, place au choix de son arme de départ, un outil dont dépendra votre style de jeu et vos compétences. Le joueur n'est donc pas enfermé dans une classe et pourra par la suite débloquer le maniement de la dizaine d'armes disponibles au lancement. De la lourde hache d’armes au nodachi japonais en passant par la lance, le mousquet ou le Guando chinois, l’arsenal de Conqueror’s Blade mélange différentes influences et offre différentes approches de jeu sur le champ de bataille. Si le titre prône un certain réalisme dans sa peinture des batailles féodales, il mêle à sa guise les inspirations, outils et unités occidentales et orientales dans ses affrontements massifs où la stratégie côtoie une ambiance à la Dynasty Warrior avec la présence de dizaines de bataillons à l'écran.
Après un bref tutoriel chargé de nous expliquer les bases du combat au corps-à-corps avec une attaque sur le clic gauche, un blocage sur le droit, une esquive et un sprint, Conqueror's Blade passe en revue les différentes facettes de son concep : capture de points, prise de forteresses, gestion des unités, récolte de ressources, artisanat, etc. Vous êtes à la tête d'une petite armée et son efficacité en combat vous incombe même si vous ne contrôlez directement que votre personnage sur le terrain. Une seconde quête d’apprentissage vous apprend justement à donner une série d'ordres basiques à toute cette bleusaille : vous suivre ou attendre, attaquer et se mettre en position. De cette bonne gestion de vos forces dépendra en partie votre réussite durant les batailles. On apprend ensuite comment capturer les positions adverses ou encore utiliser les différents engins de siège avant d’être conduit dans l’une régions de départ de la vaste carte du jeu où vous effectuerez vos premiers pas dans l'une des villes HUB. Ici, se regroupent une partie des joueurs du serveur et résident les différents PNJ nécessaires à la progression comme les marchands, les forgerons d'armes ou d'armures et les donneurs de quêtes. Les monnaies et les différents points de maîtrise s'accumulent au fil des missions sans pour autant que le titre ne prennent toujours le temps de bien nous expliquer leur utilité. L'expérience durant les premières heures de jeu gagnerait donc à se doter de quelques phases supplémentaires d'explications de ses mécaniques pour permettre au joueur de mieux apréhender ses objectifs à moyen et long termes.
Mes terres, mon armée
Conqueror's Blade propose différentes tâches quotidiennes et hebdomadaires dont l'objectif est de fournir au joueur une partie des ressources nécessaires à l'entretien et l'évolution de sa petite armée personnelle. Des unités paysannes du tier 1, armées de fourches et de piques en bois rudimentaires, on progresse peu à peu au sein d'un arbre de talents vers des troupes mieux entraînées composées d'infanteries en armure, de hallebardiers, d'arquebusiers tercios ou de puissants pyro-lanciers montés à cheval. Qui dit unités plus puissantes, dit investissements en ressources plus importants, un entretien qui devient rapidement difficile à gérer pour un joueur moyen ne disposant que de quelques heures de jeu par semaine. Partir avec 24 cavaliers au combat nécessite de leur fournir 24 kits de matériel de guerre, soit en les craftant grâce aux ressources récoltées sur la map globale du jeu, soit en les achetant avec l'argent accumulé au fil des batailles, un processus dont les coûts augmentent de manière drastique selon le rang de vos unités. À l'heure actuelle, il semblerait que de nombreux joueurs de haut niveau préfèrent utiliser des troupes de tiers inférieur, certes moins efficaces sur le terrain, mais aussi moins gourmandes en ressources rares à farmer dans les régions les plus éloignées et dangereuses de la carte.
Un farm qui s'intensifie au fil des niveaux et de la progression dans les différents arbres de compétences de votre guerrier et de ses unités. Il faudra donc être prêt à, au choix, passer beaucoup d'heures sur le jeu afin de maintenir un bon niveau de puissance ou, investir dans un pass premium payant pour augmenter vos gains de ressources et d'expérience. Le titre n'en devient pas pour autant pay-to-win puisque sa boutique se concentre principalement sur les éléments cosmétiques comme des skins d'armures ou d'armes et autres consommables destinés à faire gagner du temps au joueur.
Le conflit ouvert
Avant d'attaquer le gros du morceau, j'ai nommé les batailles rangées et autres prises de forteresses, attardons-nous un peu sur la partie monde ouvert de ce Conqueror's Blade. Lorsque le joueur quitte la paisible enceinte d'une ville, il est libre d'explorer les différentes régions de la carte du monde via une un mode de jeu en caméra en vue du dessus. Cette manière d'explorer le monde n'est pas sans rappeler un certain Mount & Blade dont le titre semble s'inspirer pour les différentes activités liées à cette partie en open-world. Accompagné de ses troupes, le joueur s'aventure hors des contrées amicales de sa région de départ dans le but de récolter des ressources (du bois, du fer, du tissu, etc) ou encore de prendre d'assaut d'autres cités contrôlées par des alliances de joueurs. Ces batailles sont néanmoins soumises à un calendrier d'horaires prédéfinis de manière à éviter les assauts nocturnes et autres attaques surprises face à une défense absente. Les maisons (les guildes du jeu) sont à l’heure actuelle limitées à 80 membres et disposent d’un système de grades internes afin que les joueurs puissent organiser leur hiérarchie et mettre leurs ressources en commun pour fortifier les défenses de leurs forteresses.
L'exploration de l'open world prend en compte plusieurs facteurs plus avancés comme les conditions météo, avec des troupes lourdes plus lentes après la pluie sur terrains boueux, des archers moins précis en cas de brouillard, etc. Une barre de rations s'épuise aussi petit à petit avec le temps obligeant votre cortège à se ravitailler à un moment ou un autre dans une cité alliée. Outre la récolte de ressources auprès de sites souvent pris d'assaut par les joueurs, notre héros croisera différents dangers sur son chemin comme des bandits en maraude, des camps de mercenaires à attaquer ou encore d'autres joueurs convoitant vos précieuses ressources récoltées durant vos expéditions. À l'heure de cette bêta ouverte, le rendu et les sensations de jeu du monde ouvert ne sont pas des plus réussis avec des déplacements atrocement lents, de grands espaces ouverts souvent vides, une surpopulation autour des points de collecte de ressources de haut niveau, du gank organisé à la sortie de certains territoires ou encore l'apparition buguée de camps de bandits dans des zones inaccessibles. Cette carte mériterait plus de vie, d'événements imprévus et autres rencontres avec des PNJ pour réellement se transformer en une activité intéressante.
Aux armes !
Il est désormais temps d'aborder la partie pour laquelle ce Conqueror's Blade vous intrigue le plus, ses batailles massives et autres sièges de forteresses. Plusieurs modes de jeu sont disponibles dont les batailles rangées avec capture de drapeaux , les sièges ou encore les expéditions. Le joueur sélectionne les troupes avec lesquelles il souhaite partir, son arme, son équipement optionnel (des armes de siège bonus pour la plupart) et se lance à l'assaut du champ de bataille. L'action est ici divisée entre le contrôle direct de son personnage et les différents ordres à donner à nos soldats. On se retrouve assez vite plongé au beau milieu de combats d'envergure impliquant plusieurs centaines d'unités affichées à l'écran, des archers, des cavaliers, des armes de siège, etc. Conqueror's Blade semble avoir mis l'accent sur l'aspect épique de ces batailles à grande échelle avec un moteur graphique capable de gérer et ce, sans trop s'essouffler, des mouvements entiers de troupes en temps réel. Revers de la médaille, l'ensemble perd quelque peu de sa magie lorsque l'on se penche sur ses détails ; les animations des héros et des troupes manquent de finesse et les collisions sont régulièrement mal gérées avec des unités parfois bloquées sur les échelles ou dans le décor. Les infrastructures serveurs mériteraient elles aussi une rallonge de puissance afin d'éviter des pointes de latence assez agaçantes en soirée et des temps de chargement parfois très longs entre deux activités.
Les actions directes de notre personnage restent basiques avec un seul combo par arme, trois capacités à sélectionner parmi six disponibles dans l'arbre de talents, un ulti à débloquer plus tard lors de la progression et un sort de soin avec temps de rechargement. Cette simplicité dans le gameplay est certes contrebalancée par le volet de gestion des troupes sur le terrain, mais pourraità la longue faire s'essoufler l'intérêt du jeu pour de nombreux joueurs. D'autant que la progression presqu'entièrement tournée sur le leveling et la récolte de ressources se heurte dès le niveau 30 à un sérieux problème de matchmaking et d'équilibrage entre les classes. Pour résumer la situation, le joueur est pour le moment placé dans deux catégories différentes durant sa progression, une première du niveau 1 à 30 réservée aux "débutants" et une seconde plus avancée à partir du niveau 31 sans limitation par la suite. C'est cette dernière qui pose problème puisqu'il n'est pas rare de se retrouver face à des des joueurs d'un niveau bien supérieur au votre sur le champ de bataille.
Même si le niveau maximum de l'équipement des personnages et des unités s'arrête au 30, ces joueurs disposent de meilleures statistiques, de talents plus avancés et de troupes probablement mieux entraînées que les vôtres. Une division par paliers plus réduits semble donc nécessaire pour garantir un meilleur équilibrage du PvP. Le studio Booming Game devrait aussi se pencher au plus vite sur les disparités de puissance entre les armes. Le combo épée longue et bouclier permet d'étourdir son adversaire durant un laps de temps suffisant pour le tuer sans lui permettre de riposter, les doubles dagues causent des dégâts bien trop élevés tandis que certaines armes plus lentes peinent à afficher un DPS correct.
Ces écueils mis de côté, les batailles de masse et plus particulièrement les sièges de forteresses se montrent plaisants à jouer grâce aux différents éléments à gérer sur le terrain. Vous n'êtes pas un super-héros, et même si le visuel des affrontements donne parfois l'impression d'évoluer dans un Dynasty Warrior, il est risqué de se lancer tête baissée dans la mêlée sans le soutien de ses unités. On s'applique alors à leur donner les bons ordres au bon moment pour maximiser leur efficacité. Il est par exemple préférable de déployer ses archers lors des phases de défense, de poster vos bataillons lourds sur les points à défendre et d'opérer des retraites stratégiques lorsque la situation commence à sentir le roussi. Vos unités, tout comme votre cheval (unique moyen de déplacement rapide sur le terrain) peuvent périr au combat et devenir indisponibles pour le restant de la partie en mode normal et de manière permanente en mode vétéran. Certes, il arrive parfois de l'emporter par la puissance brute en fonçant dans le tas sans grand aspect tactique, mais le plaisir de jeu réside avant tout dans la coordination des actions entre les joueurs d'une même équipe.
Points forts
- Un mélange original d'action, de gestion et de stratégie
- Le rendu des batailles de masse
- Pas mal d'options de personnalisation de classes et d'unités
- Mélange réussi entre l'Europe et l'Asie médiévales
Points faibles
- Le farm de ressources, très présent en jeu
- Matchmaking déséquilibré après le niveau 30
- De gros écarts de puissance entre les armes
- Manque de clarté sur de nombreuses mécaniques de jeu
- Carte ouverte aux activités peu intéressantes
- Des soucis d'animation et collisions
- Temps de chargement assez longs
- Latence sur les serveurs
Malgré de bonnes idées sur le papier et une proposition riche en possibilités, Conqueror's Blade pêche pour le moment sur de trop nombreux aspects pour être recommandé au plus grand nombre. Le plaisir éprouvé lors de ses batailles massives, plutôt bien rendues au demeurant, se heurte malheureusement aux trop nombreuses heures de farm de ressources nécessaires à l'entretien et l'évolution des unités. En se montrant d'avantage généreux durant sa progression, mieux équilibré entre ses classes et plus rigoureux dans son matchmaking, ce mélange entre action, stratégie et gestion pourrait parvenir à tirer son épingle du jeu grâce à sa proposition originale et free-to-play répondant à une réelle demande de la communauté PC en matière de simulation de batailles médiévales. À suivre donc au fil de ses prochaines mises à jour...