JoyMasher est de retour ! Le studio brésilien, bien connu des amateurs de jeux old-school, revient cette année avec un nouveau titre-hommage. Cette fois, on oublie les ninjas et les châteaux hantés pour s’attaquer à un autre gros morceau des années 16-bits : le run’n’gun, avec Blazing Chrome. Repéré à l’occasion d’une présentation ID@Xbox, la nouvelle création de JoyMasher est efficace mais embarque quelques menus défauts qui ternissent l’expérience.
JoyMasher a l’amour du pixel racé. Ses inspirations, le studio ne les cache pas vraiment : que ce soit avec Oniken, qui reprenait allégrement les codes de Ninja Gaiden, ou de Odallus : The Dark Call, un Castlevania-like très réussi, les Brésiliens ont démontré à plusieurs reprises leur affection pour ces jeux du début des années ‘90. Mais aussi une certaine maîtrise dans la façon de designer ces jeux d’un autre temps. On était donc tenté de penser qu’en partant sur un hommage aux run’n’gun façon Contra et Metal Slug, JoyMasher jouait la carte de la facilité, puisque le genre est sensiblement plus facile à appréhender, côté game-design. Eh bien, on se trompait. Un peu.
Super Metal Slug Probotector
Il suffit de lancer une émission pour admettre que dans sa recherche d’une esthétique ‘80/’90, JoyMasher a tapé juste. Blazing Chrome se présente sous la forme d’un run’n’gun post-apo / science-fiction qui devrait donner des frissons à tous les fans de Terminator. Monde en ruines, météo cataclysmique, invasion alien, robot-punk à mohawk rouge : un cocktail détonnant qui n’est sans doute pas très original mais qui rappelle avec force quelques uns des plus grands jeux de l’époque SNES / Megadrive / NeoGeo, et de leur style visuel si particulier. Ce n’est pas juste une question de pixels, mais plus globalement de direction artistique, avec des ennemis qu’on dirait tout droit sorti de Contra III, de Super Turrican ou de R-Type. JoyMasher a réussi à trouver la patte graphique des jeux de l’époque, où la science-fiction était sale, désespérée, angoissante. C’est vrai jusque dans le design de certains boss qui vont allégrement piocher dans ce qu’on a fait de mieux en matière de run’n’gun ou de shoot’em up, avec des références à Contra, Axelay et Gradius.
Se posera de fait la question de savoir où s’arrête l’hommage, et où commence véritablement le plagiat. À ce petit jeu, JoyMasher joue entre les lignes et trouve un entre-deux qui ne satisfera peut-être pas tous les joueurs, certains estimant que JoyMasher ne propose rien de vraiment personnel. De notre côté, cela ne nous a pas franchement dérangé. On aurait toutefois à redire sur la gamme de couleurs employée à travers les différents niveaux du jeu : elles ne varient pas beaucoup. Et c’est dommage puisque les niveaux sont assez différents les uns des autres ; mais la palette aurait mérité d’être ravivée ici et là par l’emploi de quelques couleurs plus fortes, afin que les « thèmes » de chaque niveau gagnent en personnalité. En somme, réussite nuancée pour ce Blazing Chrome qui ressuscite avec un savoir-faire évident l’esthétique des jeux de notre folle jeunesse, sans réussir à lui apporter ce petit quelque chose de plus. En résumé : c’est joli, ça sent bon le Banga et les Kangos, mais ça ne va pas beaucoup plus loin.
Un gameplay niquel chrome ?
Alors certes, c’est très joli, mais manette en main, qu’est-ce que ça donne ? Assez ironiquement, c’est un peu la même chose que pour la direction artistique de Blazing Chrome. C’est-à-dire que l’on retrouve à peu près tout ce ce que l’on connaît et que l’on aime du genre, sans qu’il y ait la petite étincelle supplémentaire. Passé le plaisir de la découverte, on finit même par remarquer quelques petits défauts qui deviennent vite agaçants, car autant vous le dire, Blazing Chrome n’est pas toujours très évident et il ne pardonne absolument aucune erreur.
Dans ses bases, le titre de JoyMasher est assez similaire à bon nombre de run’n’gun : on peut courir, sauter, s’accrocher à des rails, tirer dans huit directions différentes, utiliser différents types d’armes, et surtout verrouiller son tir dans une direction. On ramasse régulièrement, via des conteneurs, de nouvelles armes ou des bonus qui se matérialisent sous la forme de petits robots qui font accompagner le joueur jusqu’à être détruits. Il en existe différentes formes : bots d’attaque, de défense, de vitesse… Notez qu’il est parfois possible de choisir l’arme ou le bonus qui sera offert par ces petits conteneurs, en les détruisant au bon moment ; ce n’est pas toujours possible mais c’est plutôt bien vu, puisque cela permet au joueur de mieux se préparer, en fonction de ses affinités ou des dangers à venir.
Ainsi paré, le joueur s’en va traverser (dans l’ordre qui lui siéra le mieux) les quatre niveaux de base qui, une fois complétés, déverrouilleront un dernier niveau. L’aventure est plutôt courte, dans la mesure où il y a peu de niveaux et qu’ils sont finalement assez courts. En revanche, la difficulté globale du titre devrait ralentir même les plus gamers les plus aguerris. Le jeu propose trois niveaux de difficulté différents mais celui-ci n’a finalement d’impact que sur le nombre de vies qui sont attribués au lancement de la partie : vous voilà prévenus ! Sachez toutefois que la plupart du temps, la difficulté est plutôt bien dosée, et une fois que l’on a pris ses marques, la fureur des combats devient vite hypnotisante. C’est dû tant à la qualité du sound-design qu’au feeling de tir en lui-même, notamment sur l’arme de base, un fusil-mitrailleur haute-cadence extrêmement efficace contre… à peu près tout ce qui se trouvera entre vous et le bord de l’écran. C’est certain, JoyMasher a un certain talent pour mettre en scène des combats et surtout varier les affrontements. Sur les toits d’un train filant à toute vitesse, ou à bord d’un mecha dans les ruines d’une ville dévastée par la guerre, Blazing Chrome est constamment furieux, avec des vagues d’ennemis qui se jettent sur vous sans vraiment chercher à savoir s’ils ont une chance ou non de vous toucher. Peu importe : on progresse de bon cœur, toujours curieux de savoir ce que nous réserve le jeu à l’écran suivant. En renouvelant constamment ses scènes d’action, Blazing Chrome parvient à scotcher le joueur et à stimuler son envie d’aller plus loin, et ce malgré la difficulté. Une telle gabegie de tirs et d’explosions ne laissera personne indifférent !
En revanche, difficile de fermer les yeux sur quelques uns des défauts de design du titre, qui commet plusieurs erreurs assez habituelles du genre. On remarquera, entre autre, un timing d’apparition d’ennemis mal calculé ou l’utilisation de plates-formes en diagonales, qui convient mal avec un jeu où il est possible de se déplacer et de viser dans « seulement » huit directions. Dans ce genre de cas, on a parfois du mal à tirer là où on le voudrait, sans se mettre en danger, ce qui est un peu frustrant. Autre pépin, le design de certains ennemis, et notamment ceux que l’on a décidé d’appeler « les rampants », de créatures au look animal qui marchent à quatre pattes en direction du joueur. Ces petites saletés sont trop basses pour qu’on puisse leur tirer dessus en restant debout. Il faut donc s’allonger pour pouvoir les éliminer, et ce faisant, rester immobile pendant un court instant. Et dans certaines situations, ce n’est pas loin d’être impossible. On serait alors tenter de sauter par-dessus pour pouvoir les éliminer dans les airs, mais certains ennemis ont tendance à éviter les « cross-up » en faisant demi-tour lorsque l’on se trouve au-dessus d’eux. Résultat, on finit par leur retomber dessus, et mourir. Un comportement vraiment agaçant, surtout dans le feu de l’action où cela ressemble trop souvent à une punition un peu gratuite. Pour en finir sur les défauts du titre, pointons du doigt le changement automatique d’armes lorsqu’on en ramasse une nouvelle. Là encore, au cœur du combat, cela peut se révéler fatale, puisque toutes n’ont pas la même cadence de feu ni le même fonctionnement ; pour peu que vous n’ayez pas fait attention, vous vous retrouvez avec le doigt enfoncé sur la gâchette sans qu’aucun projectile ne sorte de votre canon. Un vrai problème lorsque vous récupérez sans le vouloir le lance-grenade, évidemment dépourvu de tir automatique. Pensez donc à passer par les options du jeu pour désactiver ce switch.
Points forts
- Esthétique '90 hyper réussie
- Une belle variété d'action
- Feeling de shoot accrocheur
- Court, mais intense.
Points faibles
- Un léger manque de personnalité ?
- Palette de couleurs peu variée
- Quelques soucis de design
Avec son esthétique post-apo empruntée à Terminator et Contra, des boss dignes de Super Turrican et une variété d’action qui évoque Metal Slug, Blazing Chrome rend un bel hommage au genre run’n’gun, dans la plus grande tradition des jeux JoyMasher. En revanche, le titre manque un peu d’identité et si le jeu est franchement amusant, il est marqué par quelques défauts de design qui peuvent le rendre frustrant par moments. Mais si vous aimez le genre ou que vous êtes simplement nostalgiques, Blazing Chrome vous offrira un chouette voyage dans le temps.