Avec la sortie de son chapitre Morrowind en juin 2017, de Summerset un an plus tard et désormais d'Elsweyr, le rythme de sortie des contenus majeurs d'ESO est désormais bien huilé. Entrecoupées par l'arrivée de différents "packs de contenus téléchargeables" comme les récents Murkmire ou Wolfhunter, les extensions principales telles que ce Elsweyr portent avec elles les avancées narratives du jeu. Rendez-vous au pays des hommes-félins, au coeur du désert des Khajits, une nouvelle zone à explorer sous l'ombre menaçante des dragons pour ce nouveau cru 2019.
Notre vidéo-test d'ESO Elsweyr - Qu'attendre de ce nouveau chapitre ?
Au pays des félins, la félonie règne
Avec Elsweyr, ESO nous propose un nouveau chapitre sous forme de parc à thème narratif aussi bien destiné aux amoureux du lore de la saga, qu'aux néophytes des vieux parchemins. Tout est une fois de plus pensé afin de garantir un accès facile et sans contrainte aux joueurs. Le niveau de la zone s'adapte au votre comme pour le reste des terres de Tamriel. Un court et inédit tutoriel familiarise le débutant aux bases du système de combat et en profite aussi pour introduire l'une des composantes attendue de ce chapitre : le retour des dragons. Elsweyr est donc accessible aux joueurs de n'importe quel niveau, familiers ou non avec le scénario des précédents contenus du jeu.
Après Summerset, TESO s'appuie une fois de plus sur sa nature de MMORPG immersif pour guider le joueur vers des territoires jusqu'alors peu aperçus dans la saga. L'occasion pour l'aventurier d'explorer une contrée désertique inédite, peuplée de chats humanoïdes aux traditions ancestrales. Mais une ancienne menace s'est réveillée et l'ombre plane dans le ciel du désert, les dragons refont parler d'eux... Un ennemi dangereux dont le souffle infernal pourrait réduire en cendre la terre natale des Khajiits. La construction de ce chapitre ne déroge pas à la formule établie par ses ainés avec sa trame narrative principale d'une vingtaine d'heures secondée par une série de quêtes annexes portant la durée de vie d'Elsweyr à un peu plus de trente heures d'histoires.
Des décors chat-oyants
À première vue, on pourrait craindre qu'une certaine monotonie visuelle finisse par s'installer dans les environnements d'une zone désertique telle qu'Elsweyr. Mais le studio parvient à apporter de la diversité dans les ambiances de cette nouvelle zone et aligne différents panoramas très agréables à l'oeil. L'architecture des lieux puise ses inspirations dans celle des ruines cambodgiennes avec ses temples richement ornés et ses bas-reliefs ciselés dans la roche. Elsweyr aligne les beaux panoramas avec ses cités perdues, ses ponts majestueux surplombant de vastes étendues et autres campements à flan de falaises. La taille de la zone est plus réduite que dans les chapitres précédents, mais sa superficie moindre est compensée par une plus grande verticalité. S'il souffre parfois de temps de chargement un poil longuet, The Elder Scrolls Online s'appuie sur un moteur graphique capable d'afficher des décors convaincants pour un MMO, des environnements éclairés par de subtils jeux de lumière. Les équipes de Zenimax Entertainement Online composent avec les limitations de leur outil créatif pour nous proposer un terrain de jeu qui donne envie d'être exploré.
Félin pour l'autre
La structure de la progression ne change pas par rapport aux précédents chapitres : quêtes, donjons publics, événements de groupe, etc. ESO n'a finalement plus grand chose à prouver côté narration et utilisation du lore de sa saga. Nous voilà une fois encore embarqués dans un vaste conflit politique au beau milieu d'un désert aux coutumes ancestrales à découvrir. Contrairement à notre précédent périple chez les Altmers dans Summerset, le joueur n'est pas considéré ici comme un étranger à éviter ou à snober. Toute aide est la bienvenue chez les Khajiits; ce qui nous donne à plusieurs reprises l'opportunité de prêter main forte à une savoureuse galerie de personnages, principaux ou secondaires. On sent que le studio s'est fait plaisir dans l'exploitation du lore lié aux félins humanoïdes avec bien plus d'humour que par le passé. La progression narrative, très agréable à lire et à écouter, s'appuie sur la très bonne qualité d'écriture des différentes quêtes portées par des personnages attachants. Attendez-vous donc à croiser différents types de matous, du noble félin à la crinière majestueuse au chat alcoolique à l'apparence de minou domestique. Le casting d'Elsweyr est l'un de ses gros points forts. Mentions spéciales au retour du prophète déjanté Cadwell ou encore à Mizzik, détective loufoque dont le savoureux doublage français fonctionne à merveille. Hauts en couleur et souvent drôles, les Khajiits d'Elsweyr peuplent une zone des plus agréable à parcourir.
Nous déplorons néanmoins un certain manque de prise de risque de la part du jeu. Eslweyr tire la plupart de ses évidentes qualités de la construction des deux précédentes extensions majeures de TESO et ne s'aventure que trop rarement hors de sa zone de confort. Le calendrier de mises à jour mis en place par Zenimax semble désormais rodé et la formule de mmoRPG scénarisé (notez l'importance des majuscules) jouable aussi bien en groupe qu'en solitaire est indéniablement l'une des qualités recherchées par de nombreux fans de la licence. Le vaste monde de The Elder Scrolls Online n'est désormais plus en manque de contenu, mais de petites surprises capables de pimenter le quotidien de sa communauté. On aimerait voir le studio se lâcher un peu, retravailler certaines fonctionnalités, prendre un peu de temps pour, par exemple, dynamiser certaines des animations de combat du titre, donner plus de personnalité dans les mouvements de ses différentes races, ajouter de nouvelles mécaniques de jeu, etc. Bon élève au bout du compte, ESO Elsweyr gagnerait à parfois sortir de ses sentiers battus afin de nous surprendre...
Nécros et Dragons
Les deux véritables nouveautés de ce chapitre sont à chercher du côté de l'arrivée de la classe de Nécromancien et des attaques de dragons sur la zone. Bethesda a promis aux joueurs une année de contenus basés sur le lore des dragons et marque leur arrivée en jeu par la mise en place d'événements dynamiques en Elsweyr. Ces dangereuses créatures ailées rôdent dans les cieux du désert et se posent régulièrement au sol afin d'être affrontés dans des batailles d'envergure. Nous n'incarnons pas ivi un dovahkiin capable de terrasser un dragon en un Thu'um ; le jeu en groupe est donc nécessaire pour venir à bout de ces dangers. Si les premières rencontres avec les dragons se montrent plaisantes et épiques, leur trop grande fréquence et facilité finissent toutefois par leur faire perdre toute notion de danger. Aidé par le nombre important de joueurs présent au lancement de l'extension et par le scaling complet de la difficulté du jeu, notre personnage de niveau 8, fraîchement créé pour Elsweyr, alignait déjà une dizaine de chasses réussies contre des dragons censés pourtant représenter l'une des ultimes menaces du monde. Sans grande diversité dans leurs patterns ou stratégies d'approche, les dragons ressemblent bien plus à des versions mobiles des Ancres, ces événements fixes disponibles depuis le lancement d'ESO. Espérons maintenant que Zenimax apporte quelques améliorations à cette fonctionnalité dans le futur afin d'en perpétuer l'intérêt.
L'arrivée du Nécromancien est quant à elle bien plus appréciable après un chapitre Summerset sans nouvelle classe à se mettre sous la dent. Au départ assez proche d'un mage, le nécro débloque petit à petit un style de jeu basé sur l'économie des corps. Contrairement aux Sorciers ou autres Gardiens capables d'invoquer des familiers permanents, le Nécromancien appelle ses serviteurs d'outre-tombe pour les faire combattre à ses côtés durant seulement quelques secondes. La dynamique de la classe repose ainsi sur la gestion des cadavres au sol à envisager comme des ressources de combat. Ce maître de la mort se montre particulièrement polyvalent sur le terrain puisqu'il peut tout aussi se spécialiser dans la magie à distance, dans le corps-à-corps en puisant dans son endurance pour invoquer ses sorts ou encore dans le soin en sacrifiant sa propre santé. Jouer avec la mort n'est pas une discipline particulièrement bien vue en Tamriel et certaines de ses techniques d'invocation sont considérées comme illégales en ville ; attention alors à ne pas convoquer ses serviteurs squelettiques en plein milieu d'une cité...
Ces deux principaux ajouts sont accompagnés de la formule traditionnelle des chapitres de TESO : donjons publics, boss à combattre en groupe, antres à explorer, etc. Les amateurs de raids de haut niveau pourront aussi aller se frotter au temple de Sollance, un contenu toujours prévu pour une escouade de 12 joueurs.
Points forts
- L'ambiance de la nouvelle zone d'Elsweyr
- Écriture de qualité
- Casting de PNJ haut en couleur
- Le Nécromancien, une classe polyvalente
- Les doublages français et la bande-son
Points faibles
- Peu de nouveautés dans l'ensemble
- Manque de variété et de difficulté lors des affrontements contre les dragons
- Temps de chargement parfois longuet
Sans grandes révolutions par rapport aux précédents chapitres de TESO, Elsweyr nous offre une agréable balade au pays des Khajiits. Un périple à l'écriture soignée, porté par un casting de personnages hauts en couleur et par une ambiance maîtrisée. Les fans du lore de la saga apprécieront cette nouvelle virée au pays des hommes-félins tandis que les autres devront se contenter de quelques rares nouveautés dont des affrontements sans grand danger contre des dragons ou bien l'arrivée (plus réussie) de la classe de Nécromancien. Aussi bon soit-il, ce chapitre emprunte donc une construction similaire à celle de Morrowind et de Summerset, un chemin tout tracé, certes efficace, mais dont on aimerait parfois voir ESO s'éloigner pour plus d'originalité.