Perdus dans l'espace

L’histoire débute en février 2026 à 410 kilomètres en orbite autour de la Terre. La station spatiale internationale Observation subit un mystérieux incident provoquant la destruction d’une partie de la structure ainsi que la disparition de l’ensemble des membres d’équipage exception faite de l’astronaute Emma Fisher. Au coeur de ce chaos généralisé suscitant de nombreuses interrogations quant aux origines du drame, vous incarnez SAM (pour Systems Administration & Maintenance), l’intelligence artificielle en charge de la station.

Les références à la hard science-fiction sautent aux yeux dès les premières minutes et tiennent en haleine les survivants. Le studio No Code s’inspire des maîtres du genre aussi bien cinématographiques que vidéoludiques pour concevoir un thriller spatial attiré inexorablement par le surnaturel. Nous pourrions citer en vrac 2001 L’odyssée de l’espace, Abyss, Alien : Isolation, Gravity, Moon, Lone Echo, Premier Contact… Observation déroule un récit linéaire et solide à même de nous tenir en haleine près de 7 heures via une mise en scène épurée aux cinématiques peu nombreuses.

La narration passe ainsi par les interactions entre SAM et Emma ainsi que la découverte de documents essentiels à la compréhension des événements. Malgré des qualités indéniables et plusieurs rebondissements bien amenés, le scénario s’avère un brin confus et ne parvient jamais à répondre à l'ensemble des questions suscitées par l'intrigue, à refermer toutes les portes entrouvertes. Il est coutume de laisser planer le doute dans ce type d’oeuvre, mais le manque de réponses concernant certains points cruciaux laisse un léger goût amer au final. De plus, Observation propose des sous-titres en français ce qui est une excellente nouvelle pour les non-anglophones.

Loin d’être une claque technique et/ou visuelle, Observation affiche tout de même une réalisation sobre à même de nous plonger corps et âme dans l’urgence de la situation. L’inconnu sous toutes ses formes s’invite à bord et participe grandement à l’atmosphère étouffante qui se dégage de la station. Développé sous Unity, le titre de No Code distille un sentiment puissant et constant de claustrophobie accompagné par une bande originale aphone la majorité du temps et un sound design capable de transmettre par le son cette ambiance austère propice à une immersion totale.

Le cerveau d'Acier

Observation n’est pas un jeu comme les autres. Ce thriller bouscule nos habitudes de joueur via un gameplay rarement mis en avant se focalisant non pas sur l’héroïne, mais sur son acolyte… une intelligence artificielle. SAM ne répond pas aux mêmes contraintes physiques qu’un humain. Et cette seule singularité fait tout la différence. Pour se mouvoir, ce dernier se connecte aux systèmes de surveillance. Les caméras deviennent alors ses yeux et ses oreilles. Afin de soutenir Emma Fisher et de répondre à ses requêtes, cette I.A accède aux différents terminaux de la station, les pirate et les (dés)active à sa guise. Et cette dernière s’avère extrêmement débrouillarde, malgré sa condition de système d’exploitation. Cependant, SAM peut transférer son programme dans un drone ce qui lui octroie une plus grande liberté d’action et la possibilité d’effectuer des sorties extra-véhiculaires.

L’OS répond aux ordres de l’astronaute survivante et tente de reprendre le contrôle de la station un module après l’autre. De cette relation homme-machine naît une complicité grandissante entre les deux protagonistes. Alors que SAM devient de plus en plus autonome au fil de l’aventure, Emma lui confie toujours plus de responsabilités. Le thème des I.A est traité ici en douceur tandis qu'un lien se tisse par les échanges sans être forcé une seule seconde. SAM se mue alors en être à la conscience naissante et oublie ses fonctions de programme en se nourrissant de nos émotions de joueurs humains.

Dans l’espace, personne ne vous entend penser. No Code s’amuse à torturer nos esprits et titille notre réseau neuronale. L’amour du studio pour les puzzles n’est plus à faire et il le prouve une fois encore en concoctant pléthore d’énigmes tarabiscotées qui exigent réflexion et adaptation. En tant que joueur, nous apprenons et assimilons l’interface de SAM et les différents types de problèmes afin de les résoudre toujours plus rapidement… comme le ferait une intelligence artificielle. La progression se fait une résolution après l’autre… mais surtout dans l’urgence et le chaos ambiant.