Après une escapade futuriste réussie lors des derniers épisodes de la série, le studio Blue Byte revient aux origines de la saga, en nous offrant un voyage dans le passé. Anno 1800 nous embarque à l’ère de la Révolution Industrielle, un véritable retour aux sources pour les développeurs, qui ont à nouveau exploité une période historique, tout en proposant deux éléments fondamentaux absents du précédent volet : Le mode multijoueur et le Bac à sable.
Un contexte politique troublé
Anno 1800 prend place au coeur d’une époque synonyme de progrès, mais la société dans laquelle évolue notre personnage est obscurcie par un contexte politique pernicieux. Il va également faire face aux manoeuvres et désaccords de certains membres de sa famille. Suite au décès de son père dont l'honneur est sali par une accusation fausse mais grave, notre protagoniste est investi d'une mission visant à réhabiliter le nom de sa famille : développer une cité sur des terres en ruines. A l’image de ses semblables, Anno 1800 ne se contente pas d’être un jeu de gestion aux mécaniques bien huilées, il possède également cette dimension historique ainsi que le développement de l'histoire des personnages qui apportent tout le charisme de la licence.
Un opus porteur de l'ADN de la licence
Les adeptes de la série vont totalement retrouver leurs marques dans cet opus qui reprend l’essence des premiers nés de la famille Anno. Les débuts sont modestes et posent les bases de toute société pré-industrielle, qui ne peut se développer que par le biais d’une activité vitale : l’agriculture. Elément indispensable, le fruit du labeur des fermiers permet d’obtenir les ressources nécessaires afin de nourrir une population. La première action est donc de monter des structures afin d’accueillir des bras supplémentaires dans les exploitations dont on dispose. Par la suite, la satisfaction des besoins de ces fermiers permettra à certains d’entre eux d’évoluer vers d’autres postes, entraînant un développement exponentiel de la zone. Pour une croissance réussie, différentes classes de population doivent s'installer sur vos terres. Chacune d'entre elles ne pouvant résider que dans des structures qui leurs sont dédiées, il est nécessaire dans un premier temps d'augmenter le nombre d'habitations disponibles. Plus ce nombre sera élevé, plus les chances d'obtenir de nouveaux bâtiments va augmenter. Au nombre de cinq, ces classes sociales peuvent être obtenues en répondant aux besoins spécifiques des résidents déjà en place. Lorsque toutes leurs exigences sont comblées, les habitants d'une bâtisse passent automatiquement à la catégorie suivante, ce qui donne également accès à de nouvelles options de construction. Il est nécessaire de respecter l'équilibre du nombre de représentants de chaque type de citoyen, chacun ayant son rôle à jouer dans la pérennisation de sa cité. Une fois la classe des ingénieurs débloquée, il sera possible de réaliser une ligne de chemin de fer visant à transporter des matières premières utiles aux fonctionnement des villes.
Quant aux néophytes qui découvrent la licence, ils bénéficient non seulement d’une interface fonctionnelle et ergonomique, mais également des améliorations qui avaient été apportées aux mécaniques au fil des expériences Anno, notamment la présence d’une fenêtre dans laquelle figurent les évènements et missions à remplir. Comme à l’accoutumée, les déplacements en bateau font partie intégrante du gameplay, les diverses actions liées disposent d’une bonne fluidité et sont simples à appréhender. Quant aux mécaniques permettant la mise en place des structures, leur déplacement, ou leur destruction, elles, sont d’une grande simplicité. Si on ajoute la possibilité d’être guidé via de nombreux conseils (même si ce point mériterait d’être encore un peu plus développé), cet épisode s’avère très accessible.
Gérer ses relations, tout un programme
Qui dit gestion d’une population dit gestion des revendications et des désordres potentiels, d’autant plus quand la presse locale met son grain de sel dans les affaires de la ville. Il va parfois être nécessaire d’utiliser quelques uns des points d’influence disponibles afin de calmer le jeu ou participer à l'amélioration du bonheur des autochtones, même si une utilisation trop systématique de cette possibilité peut avoir l’effet inverse de celui escompté en agaçant quelque peu les habitants. Ces points s'accumulent de plusieurs manières, notament en fonction du nombre de lieux culturels sont dispose la cité, ou encore grâce au bien-vivre des habitants. L’attention à porter aux membres de la colonie gagne en importance au fur et à mesure que cette dernière se développe, les exigences et besoins vont suivre la même courbe de progression. Quoi qu’il en soit, les interactions possibles avec les personnages se concentrent sur les quêtes - plus ou moins intéressantes - qu’ils peuvent nous confier ou sur les alliances utiles au développement ou à la sécurité des lieux. Notez que certaines missions vont trouver une issue avant même que notre intervention ait pu porter ses fruits, nous obligeant ainsi à revenir sur ce qui a été mis en place et par la même occasion nous fait perdre le bénéfice d’un accord commercial.
La vie n’étant pas un long fleuve tranquille, les relations avec les personnages vont parfois s’avérer plus compliquées que prévu. Que serait la série Anno sans déclaration de guerre et mise en place d’une stratégie, qu’elle soit défensive ou offensive, à grand renfort de navires - qui, soit dit en passant, ne sont pas particulièrement variés - ? Là encore, la gestion automatisée des phases d’affrontements accompagne efficacement les débutants, même si réside une certaine liberté dans l’attribution des équipements et que tout ne peut pas être anticipé.
Des possibilités d'exploration
Anno 1800 nous invite à explorer l’Europe et à étendre notre empire jusqu’en amérique du Sud. Effectivement, plus une zone se développe, plus ses besoins vont augmenter et changer, nécessitant de chercher de nouvelles ressources sur d’autres terres. Ce sera possible grâce aux expéditions. Leur principe est suffisamment élaboré pour nécessiter une attention particulière. En effet, il repose sur une succession d’actions à réaliser soigneusement. Tout d’abord, les ressources embarquées sur le navire doivent être choisies en fonction des bonus qu’elles vont apporter. Au fil du temps, des fenêtres de dialogue vous informent du déroulement de l’expédition et vous proposent diverses options en conséquence. De bons choix entraînent la réussite de l’entreprise, alors que l’échec nécessite de reprendre depuis le départ. Chaque colonie mise en place demandera un certain nombre d’allées et venues afin de gérer au mieux les spécificités des lieux et de leurs habitants. Le nombre d'îles à visiter est réparti entre deux cartes, l'une d'entre elle permet d'accéder à une variété de constructions inédites dans la série et le choix du lieu qui va accueillir la prochaine colonie est libre. Notez que les trajets entre les différents secteurs étant instantanés, aucune rupture dans le rythme n’est à déplorer. C’est un détail qui a son importance car, par définition, un titre de cette catégorie suit un tempo assez calme que des séquences de longues traversées maritimes auraient desservi.
Visuellement toujours aussi beau
Le mode solo nous invite à incarner un personnage à choisir parmi un panel de 25 personnalités variées, dont 12 protagonistes déblocables. Certains d’entre eux se démarquent plus particulièrement, ayant même un design qui n’a rien en commun avec le reste des propositions. Le choix du faciès reste cependant anecdotique, puisque les occasions d’en profiter se font rares. Bien sûr, la qualité des graphismes est toujours au rendez-vous, avec sa quantité de détails bluffante pour un jeu de gestion. La licence Anno reste un des leaders en la matière. Ceci dit, même si le titre n’est pas particulièrement gourmand en terme de spécifications, il va sans dire qu’un PC disposant de composants performants va faire bien plus honneur à la beauté visuelle offerte et éviter certains ralentissements désagréables. En l’occurrence, l’optimisation est correcte, les désagréments potentiels minimes. Quant à la bande son, si une poignée de bugs ont discrètement participé à l’aventure, elle n’a pas pour autant perdu de sa superbe. Entre les bruitages peu envahissants et les musiques toujours aussi réussies, cet épisode est un régal auditif.
Entre multijoueur et Bac à sable, inutile de choisir
Comme annoncé précédemment, Anno 1800 marque le grand retour du mode multijoueur, dont l’absence plus que remarquée dans le précédent opus avait déçu une partie des adeptes de la série. Dans le cas présent, il est possible de former une équipe comportant jusqu’à quatre joueurs afin de réaliser du commerce et conquérir des îles, ou faire le choix de privilégier ses propres intérêts. Trois catégories différentes composent ce mode : Alliance avec conditions de victoire partagées (en collaboration), Alliance sans conditions de victoire partagées (on bosse ensemble mais on défend son casse-croûte) et Chacun pour soi (inutile de préciser en quoi cela consiste). Pour remporter la victoire, les conditions sont communes à ces trois propositions, à savoir atteindre un ou plusieurs objectifs fixés en début de partie. De nombreuses associations peuvent être réalisées, que ce soit jouer avec des amis, avec les amis de nos amis, ou encore compléter la liste des joueurs avec des IA. Un nouveau mode multijoueur fait également son apparition. Intitulé Partie rapide, il permet de réaliser des sessions aux critères et conditions de victoire prédéfinis, regroupant lui aussi jusqu’à quatre joueurs, se situant dans le monde entier.
Enfin, quelques mots sur le mode Bac à sable, dont le retour va sans aucun doute satisfaire les fans de la série, puisqu’il offre la possibilité d’explorer librement le monde d’Anno 1800, affranchissant ainsi le joueur des contraintes rencontrées lors de l’histoire du mode solo.
Points forts
- Le gameplay accessible
- La Direction artistique et la Bande-son de grande qualité
- Le retour du mode multijoueur et du Bac à sable
- Les mécaniques fluides et claires
- L’aspect historique et le scénario
- La sauvegarde manuelle
Points faibles
- L’intérêt des quêtes qui décline
Anno 1800 revient aux fondamentaux qui ont fait le succès de la licence, tout en maintenant les améliorations réalisées au fil des épisodes. Le grand retour des modes multijoueur et Bac à sable, qui ont tant manqué aux connaisseurs, couplé à une ergonomie et une accessibilité peu répandue dans la catégorie des jeux de Stratégie en Temps Réel, font de cet opus une réussite. Fidèles à leur ligne de conduite, Ubisoft et Blue Byte nous offrent un titre à la direction artistique toujours aussi plaisante, joliment accompagnée par une OST parfaitement dans le ton. Le caractère perfectible de cet épisode n’entache l’expérience que de manière anecdotique, nous offrant un titre qui s’inscrit dans sa lignée de belle manière et qui ne peut qu’être conseillé à celui qui souhaite découvrir le genre.