La réalité virtuelle n'est pas la révolution vidéoludique tant espérée. En effet, cette technologie peine encore à s'imposer auprès du grand public. Cela n'empêche pas pour autant les studios de s'approprier la VR et cette nouvelle manière d'immerger les joueurs. A ce petit jeu, l'horreur et la survie jouent les premiers rôles au sein de ce cercle d'initiés et Tessera Studios l'a très bien compris. Intruders : Hide and Seek surfe sur la mode cinématographique des "Home Invasion" avec la ferme intention de nous faire frémir. La peur a-t-elle eu raison de notre santé mentale ? Réponse les genoux claquants et la lampe torche vacillante.
Gaming Live : Un gameplay réduit à son strict minimum
Maman, je m'occupe des méchants
Le week-end de la famille Richter s’annonçait idyllique, mais c’était sans compter sur l’apparition inattendue de trois intrus bien décidés à malmener père, mère et enfants sur fond de mystère entourant le travail de Paul R. Alors que les parents sont enfermés à la cave, Ben et Irène s’enferment dans la Panic Room de leur maison secondaire et fomentent un plan pour libérer leurs géniteurs. Et ce postulat de départ avait de quoi émoustiller les amateurs de frisson. Malheureusement, Intruders se prend rapidement les pieds dans le tapis et s’éloignent de ses modèles cinématographiques… Funny Games de Michael Haneke en tête.
La réalité virtuelle est supposément le support idéal pour donner vie à un huis clos atmosphérique et macabre. Le Home Invasion suit des codes stricts et s’attarde avant tout sur les liens qui se tissent entre les prota/antagonistes. Les échanges sont donc au centre de l’expérience. Pourtant, Intruders : Hide and Seek balaie d’un revers de la main cet aspect pourtant essentiel au genre. Le jeu de Tessera Studios déroule un récit sans grand intérêt à l’exception d’un rebondissement à l’impact limité sur le joueur. Et pour cause… l’histoire ne parvient jamais ou presque à émouvoir. Le jeu d’acteur et la mise en scène pauvre mettent des bâtons dans les roues d’un scénario qui n’en demandait pas tant.
L’ennui pointe rapidement le bout de sa plume. L’expérience tire en longueur et borde le joueur dans une torpeur omniprésente. L’atmosphère qui se doit d’être lourde ne pèse jamais sur les épaules d’un Ben débrouillard qui arpente les quatre coins d’une maison témoin lisse au possible et privée de vie. L’orage et la pluie battante s’ajoutent aux clichés entassés au cours d’une aventure qui se termine en moins de trois heures. Et n’espérez aucune rejouabilité. A l’exception de quelques collectibles à glaner et de deux fins expédiées via un choix binaire, Intruders : Hide and Seek se parcourt une seule et unique fois.
Un cache-cache mortel
Gameplay et récit fonctionne ici à l’unisson. Le manque de créativité des scénaristes et du réalisateur se retrouve dans les mécaniques de jeu. Intruders : Hide and Seek se contente d’une aventure convenue manette en mains sans jamais innover. Pire encore… ce dernier ne tente rien de surprenant. Ben Richter marche, s’accroupit, se cache dans les placards, ouvre des portes, activent ou ramassent divers objets… afin de remplir une succession de quêtes Fedex. Et ne comptez pas sur une intelligence artificielle prévisible au possible pour épicer cette partie de cache-cache. Les intrus suivent un parcours défini dont ils dérogent parfois en cas de bruit. Notre jeune héros attire leur attention en courant trop près d’eux ou en activant divers objets dans l’environnement.
Néanmoins, la tension n’est jamais palpable et la peur de l’échec absente. Se faire attraper signifie simplement recommencer quelques minutes en amont tant les points de sauvegarde sont nombreux et surtout automatiques. La progression, bien que malmenée par plusieurs bugs bloquants, se rue vers une fin salvatrice. La lumière au bout du tunnel porte le nom de “The End”.
La réalisation n’est pas à la hauteur du catalogue en VR proposé par la concurrence. Intruders : Hide and Seek souffre d’une direction artistique lambda dénuée de toute aspérité. Cette absence de détails aurait pu servir le propos du jeu, mais il n’en est rien. Ce rendu Maison du Monde sent le factice, le trop propre. Sans faire dans l’exagération inutile, la disposition géométrique des éléments du décor dérange un ressenti fragile du réel. Et la technique se met au diapason avec un aliasing extrêmement prononcé, un rendu global flou, des animations à la rigidité exemplaire et des artefacts visibles à l’écran. En résumé, ce Home Invasion en VR est daté.
Gameplay : Ben tente de fuir la bibliothèque
Points forts
- Un Home Invasion en réalité virtuelle
- Un jeu de cache-cache macabre
Points faibles
- Un gameplay pauvre et peu inspiré
- L’absence de véritable mise en scène
- Le jeu d’acteur peu convaincant
- Un récit cousu de fil blanc et incapable d’émouvoir
- Une aventure poussive malgré une courte durée de vie (3 heures)
- Une réalisation datée
Vouloir fusionner réalité virtuelle et Home Invasion est louable, mais Intruders : Hide and Seek ne remplit qu’à de rares occasions ses objectifs. Le titre de Tessera Studios ne parvient jamais à émouvoir et à nous immerger dans ce récit cousu de fil blanc. Le gameplay minimaliste et l’absence de réelle mise en scène ne plaident pas en faveur d’une expérience VR dispensable et techniquement limitée.