Faisant suite à Metro : Last Light et au roman Metro 2035 de Dmitry Glukhovsky, Metro Exodus vous propose à nouveau de chausser les bottes de Artyom, qui, une fois n'est pas coutume, quitte son métro moscovite pour s'aventurer dans les terres désolées de la Russie. Cette occasion pour la franchise de s'offrir une ouverture exacerbée lui empêche-t-elle de conserver ce qui faisait le charme des deux premiers volets ? Absolument pas.
Artyom rêve de liberté. Persuadé que les bombes ont épargné d'autres individus lors de l'apocalypse nucléaire, le jeune militaire tente de capter des signes de vie dans les ruines irradiées de Moscou. Si le jeune homme passe pour un doux rêveur auprès des vétérans du métro, son acharnement sera récompensé lorsqu'il découvrira qu'effectivement, il existe d'autres survivants à travers la Russie. Si nous nous garderons bien de vous révéler les événements qui conduisent Artyom et ses partenaires à traverser le pays en quête d'un nouveau foyer, sachez que Metro Exodus fait preuve d'une certaine intelligence pour développer les enjeux de son scénario dès le début de l'aventure qui est empreinte d'une aura d'espoir inédite dans la saga.
Une nouvelle ouverture maîtrisée
À bord d'une puissante locomotive, l'Aurora, et en compagnie de votre femme Anna et d'une poignée de frères d'armes, vous traverserez la Russie au gré des saisons, qui sont autant de cartes différentes à explorer. Hiver, été, automne et quelques surprises seront l'occasion pour vous de vous confronter à un monde semi-ouvert particulièrement hostile. Cependant, il n'est pas ici question pour Metro Exodus de se disperser en activités annexes. S'il existe bien quelques petits objectifs secondaires qui se déclenchent au détour d'une conversation ou d'une session d'exploration, l'ensemble de la narration est maîtrisée par les développeurs du jeu, qui dictent eux-mêmes le rythme de leur histoire, qui se mène tambour battant et qui sait varier les atmosphères et les objectifs. Ainsi, Metro Exodus conserve son ADN de jeu à forte dimension narrative même s'il faut reconnaître que nous aurions sans doute apprécié un scénario un peu plus étoffé et riche en surprises que celui développé ici.
Effectivement, si les objectifs varient d'une carte à l'autre, les trois environnements « principaux » reposent sur le même principe : un antagoniste domine l'endroit avec ses sbires, la plupart étant lobotomisés. Il faudra donc souvent éviter d'employer la méthode létale avec les sous-fifres, tandis que la mort est "autorisée" pour les personnages décris comme irrécupérables. La philosophie de votre approche impactera directement votre alignement, ce qui aura une incidence sur la fin du jeu. C'est assez peu varié et finalement assez redondant, sans pour autant que l'on verse dans l'ennui, car Metro Exodus sait aussi surprendre le joueur, en le plongeant dans des situations ou des environnements qui n'avaient pour l'heure jamais été dévoilés et qui valent assurément le détour. 4A Games a à nouveau su faire preuve d'une grande créativité et d'un sens aiguisé de la mise en scène, assortissant des instants forts d'une musique parfaitement choisie. Sur l'ensemble de l'aventure, nous regretterons cependant que la carte consacrée à l'automne soit un rien plus expédiée que les autres. Plus petite, elle est aussi moins dense et moins captivante en enjeux que les précédentes. Dommage.
Une narration centrée sur les compagnons
Ce n'est pas sans rappeler le virage adopté par les derniers Wolfenstein, Metro Exodus met l'accent sur la fraternité qui unit les différents membres de l'Aurora. Ainsi, lors du passage d'une zone à une autre, vous aurez l'opportunité de vous balader dans les wagons du véhicule. Dans ces couloirs étroits, les membres d'équipage vivent leur vie, interagissent, boivent, dinent, jouent de la musique et il vous est possible, si vous n'êtes pas pressé, de vous assoir avec eux pour profiter de leurs conversations. Nous ne pouvons que vous recommander de prendre le temps d'apprécier les très nombreuses lignes de dialogue qui ont été écrites pour ces occasions, puisqu'elle permettent, en plus d'insuffler beaucoup d'humanité aux personnages, de donner de l'épaisseur aux enjeux auxquels vous devez faire face. Malheureusement, Artyom est toujours privé de parole, rendant certaines interactions, notamment avec Anna, très peu naturelles, les protagonistes étant supposés échanger mais donnant davantage l'impression de parler seuls. Regrettable, mais en accord avec les choix pris dans les volets précédents. Notez que le titre profite également d'une très bonne narration environnementale, la plupart des lieux traversés racontant leur propre histoire, et les personnages, ennemis comme amis, profitent de nombreuses lignes de dialogues qui vous en apprendront plus sur l'univers du jeu.
Un coup de poing technique et artistique
Bien évidemment, Metro ne serait pas Metro sans sa réputation de vitrine technologique et Exodus est tout bonnement impressionnant. Si le constat est moins vrai sur consoles, le jeu sur PC est une véritable prouesse technique et artistique. C'est bien simple, si l'univers post-apocalyptique devait avoir une définition, ce serait Metro Exodus. Outre ses qualités plastiques pures, c'est aussi dans sa direction artistique que le jeu impressionne. L'atmosphère du jeu est tout simplement incroyable et il n'est pas un environnement, intérieur ou extérieur, qui n'ait pas bénéficié d'un soin tout particulier. Peu importe la saison traversée, les étendues désertiques, les ravissantes campagnes automnales ou les lacs gelés hivernaux sont tous empreints de cette ambiance désespérée et mélancolique qui caractérise l'image que l'on se fait d'un monde dévasté par une guerre nucléaire. En somme, Metro est une véritable claque graphique et artistique et s'impose comme le nouveau mètre étalon visuel du FPS en général et du post apo en particulier. Nous ne pouvons donc que nous incliner devant le travail d'orfèvre réalisé par les équipes de 4A Games, qui sont parvenues à mettre au monde un univers soigné et splendide, qui invite à la contemplation tout en laissant au joueur ressentir le drame que représente une catastrophe nucléaire. Notez d'ailleurs que Metro Exodus a, avec une grand équilibre, su alterner séquences extérieures lumineuses et intérieures, toujours aussi sombres et asphyxiantes, afin de rappeler au joueur s'il en doutait que oui, Metro reste fidèle à ses origines et sait toujours manier l'art de la claustrophobie.
Une session intérieure typique de la franchise Metro
Sur PC, Metro Exodus est un condensé de tout ce qui se fait de mieux en matière de raffinements visuels : effets PhysX et rendu ray tracing, support des API DX11 et DX12, intégration de NVIDIA HairWorks, support HDR… et tout ça pour quoi ? Pour servir un univers qui devrait être somptueux, pour peu que vous disposiez du matériel adéquat. Concrètement, la porte d’entrée pour avoir du 60FPS en preset 1080P / Low sera au niveau d’une GTX 1060, sachant que la qualité visuelle sera déjà très correcte. Pour un réglage 1080P / Ultra, on conseille plutôt une GTX 1070. Et si l’on veut ajouter du ray tracing à l’équation, une RTX 2060 devrait offrir un excellent compromis entre fluidité et qualité visuelle, en 1080P. Dernier conseils : privilégiez plutôt DX12 pour des performances optimales, de même que les recommandations de 4A Games concernant la partie processeur nous paraissent fantaisistes : Metro Exodus concentre principalement sa charge de calcul sur un cœur, ce qui limite l’intérêt des « gros » CPU, et avantage plutôt les configurations Intel à fortes fréquences. Nous avons de toute façon publié un large article en parallèle de ce test, qui revient en détail sur tous ces aspects.
Entre ADN respecté et nouvelle approche
À la lecture de ces quelques lignes, vous l'aurez compris, Metro Exodus reste ancré dans l'ADN des jeux précédents tout en s'autorisant une approche plus libre et plus ouverte. Dans la volonté de ne pas reproduire à l'identique les schémas du passé, Exodus a abandonné certaines de ses caractéristiques tout en en conservant d'autres. En premier lieu, notez que les munitions ne servent plus de monnaie d'échange. Si ce principe était valable dans les couloirs du métro, la civilisation extérieure n'a pas adopté le même modèle économique. Ainsi les munitions ne seront affectées qu'au tir et non plus au troc. Cependant, cette précédente contrainte est équilibrée par la nécessité de crafter vous-même des munitions de base pour une arme que vous embarquerez en permanence avec vous. Sur les trois armes que vous pourrez porter, vous ne pourrez crafter que les munitions les plus basiques, qui infligent donc le moins de dégâts.
Pour cela il faudra explorer les moindres recoins de la carte pour récupérer des matériaux de confection qui autoriseront aussi la confection de medkits et de filtres pour votre masque à gaz. Étonnamment, et contrairement à ce que nous avions perçu sur nos précédents aperçus, Metro Exodus propose un challenge plutôt équilibré, voire accessible en mode normal. Les composants sont plus faciles à trouver et le stock de munitions vous prendra rarement en défaut. Ainsi, si vous désirez obtenir une expérience plus proche des précédents volets, nous vous recommandons de passer le jeu directement en difficile. De son côté, votre équipement sera évolutif et, lorsque vous serez face à un établi, vos possibilités de confection et d'optimisation de votre équipement seront plus étendues. Ainsi, en fouillant sur les cadavres adverses ou dans les différents recoins du jeu, vous obtiendrez des pièces à attacher sur votre arsenal pour en augmenter la précision, la portée ou les dégâts. Les établis, dispersés aux quatre coins du jeu, permettent également de nettoyer l'arsenal afin d'éviter qu'il ne s'enraye, ce qui a tendance à se produire toujours au pire moment.
Des problèmes hérités du passé
Si prendre soin de son équipement et s'assurer d'avoir toujours suffisamment de munitions en stock est déterminant, Metro Exodus favorise cependant l'infiltration. Éteindre les torches et autres sources lumineuses favorisera l'exécution, létale ou non, de vos adversaires qui, malheureusement, ont hérité du comportement erratique des précédents opus. Comme nous le redoutions, l'intelligence artificielle est presque constamment prise en défaut. Si aborder une zone de jour rendra certes la discrétion un peu difficile (le jeu proposant un cycle jour / nuit dynamique que vous pouvez cependant forcer en vous reposant dans un lit), l'ensemble des mécaniques d'infiltration sont nivelées par le bas par des adversaires semblant tous atteints de cécité. En cas de début de détection par un garde, il suffira de se tapir dans l'ombre pour que, presque instantanément, ce dernier gratifie le joueur d'un désormais classique « ce n'était sans doute rien » ou « j'ai encore dû rêver ».
L'infiltration est assez simple, dans Metro Exodus
Le cône de vision manifestement très limité des ennemis, permet d'enchaîner des takedowns d'ennemis adjacents pour peu qu'ils ne regardent pas dans la même direction. Et ce constat est également valable en combat, ou la plupart des opposants ne sont que très peu regardants sur le couvert, restant régulièrement plantés en plein milieu d'une zone de tir ou ayant la politesse de toujours laisser dépasser leur tête de leur abri pour vous faciliter le headshot. Par ailleurs, nous avons également relevé un manque de finition général qui ressort le joueur de l'immersion pourtant incroyable de Metro Exodus. Sur PC comme sur consoles, des problèmes de spatialisation du son et de mix ont été régulièrement constatés, empêchant notamment de détecter à l'oreille l'éloignement d'un ennemi, ce dernier pouvant être très proche et produire un son très éloigné. Le doublage français est quant à lui globalement assez moyen, la version russe étant recommandée ici, et les animations faciales des personnages pas toujours très crédibles. Enfin, nous avons été confrontés à quelques bugs divers qui, sans être trop récurrents, étaient suffisamment présents pour briser provisoirement l'atmosphère du jeu.
Est-ce cependant suffisant pour bouder l'aventure de 4A Games ? Certainement pas. Si vous avez aimé les opus précédents de Metro, nul doute que vous apprécierez cette nouvelle approche qui marie avec un équilibre savamment pesé modernité et tradition. Vous profiterez toujours de cette ambiance incroyable, de ces visuels magnifiques, de cet univers si intrigant et soigné qui vous plongera dans une aventure qui flirte autant avec le shooter et l'infiltration que le survival-horror. Une très bonne conclusion, donc, à cette licence atypique.
Trailer de Metro Exodus
Points forts
- Visuellement époustouflant
- Une atmosphère incroyable
- Certaines portions du jeu grandioses
- Bande son soignée
- Très bon équilibre entre ouverture et séquences intérieures
- Environnements variés
- Les moments de vie avec l'équipage de l'Aurora
- Une dimension scénaristique plus lumineuse maîtrisée
- Durée de vie d'une quinzaine d'heures environ
Points faibles
- Intelligence artificielle à revoir de fond en comble
- Une portion du jeu en dessous des autres
- Spatialisation du son imprécise
- Doublages VF en dent de scie
- Personnages un peu inexpressifs
- Quelques problèmes de finition
- Scénario qui manque un peu d'épaisseur
Metro Exodus n'est pas aussi parfait qu'on l'aurait espéré. L'intelligence artificielle est régulièrement prise en défaut, quelques soucis de finition ressortent le joueur de l'expérience et une portion du titre est un peu moins soignée et impactante que les autres. Ceci étant, Metro Exodus est un excellent prolongement de la franchise, parvenant à greffer à son ADN claustrophobe une ouverture inédite, mais maîtrisée, servant une aventure rythmée, équilibrée et variée. Tout simplement époustouflant graphiquement et esthétiquement, l'atmosphère du jeu vaut à elle seule le détour impose à nouveau la franchise comme le nouveau mètre étalon de la performance technique et artistique. Avec ses quelques fulgurances de mise en scène et ses instants tour à tour intenses et poignants, Metro Exodus devrait sans peine ravir les fans des deux premiers opus qui devront cependant faire preuve d'indulgence sur les quelques écueils que 4A Games n'est pas parvenu à éviter.