En marge des énormes booth du Convention Center de Los Angeles, où se déroule chaque année l'E3, il était possible de découvrir et d'essayer des jeux plus confidentiels, dans les travées désertées qui relient le South Hall au West Hall. C'est là qu'avait choisi de s'installer Rebellion, le studio à qui l'on doit notamment les très sympathiques Sniper Elite. Les Anglais avaient fait le déplacement pour présenter leur dernière création, à savoir Strange Brigade, un shooter coopératif fleurant bon le Left 4 Dead des grands jours.
Trailer E3 2017 de Strange Brigade
Strange Brigade fait partie de ces nombreux titres qu'un journaliste spécialisé va voir à l'E3, lorsque son planning, jusque là rempli de titres AAA en tout genre, lui permet un moment de répit. Ne soyons pas dupes, il s'agit souvent de jeux de seconde zone, vite oubliés. Mais il arrive régulièrement que quelques bonnes surprises se cachent dans le tas. Et c'est le cas de ce Strange Brigade, testé chez Rebellion. Les papas de Sniper Elite sont venus à Los Angeles avec dans leurs bagages quelque chose de neuf, à même de stimuler quelques zygomatiques. Ce quelque chose, c'est un TPS multijoueur et coopératif, dans lequel un groupe d'explorateurs des années 1920/1930 va devoir affronter des hordes de momies, dans une ambiance film d'horreur de série Z délicieusement rétro.
Anubis repetita
Dans ces bases, Strange Brigade n'a pas grand chose. En fait, il ressemble beaucoup à Left 4 Dead. Comprenez par là qu'après avoir sélectionné un héros, vous serez donc lâché dans un niveau qu'il faudra traverser, en liquidant tout ce qui ressemble, de près ou de loin, à un monstre enroulé dans du papier hygiénique. Comme dans le FPS de Turtle Rock Studios, vos aventures seront commentées par un narrateur, qui n'hésitera pas à vous donner quelques menus indices ou à faire quelques petites blagues. Le ton est globalement plus détendu que dans Left 4 Dead, mais l'on ne peut pas en dire autant des combats. Les ennemis sont nombreux et assez diversifiés, allant de la momie sans cervelle courant sur le joueur sans trop réfléchir, à l'archer qui mitraille de loin. De temps à autre, des mini-boss surgissent dans l'arène, demandant à ce que les joueurs concentrent le tir pendant un instant ou deux. Bref il y a de l'action et l'on a rarement le temps de s'ennuyer. Les quelques instants de répit que le jeu vous accorde sont dédiés à la résolution de mini-énigmes qui ne devraient pas franchement vous retourner le cortex. Vous aurez également le temps de récupérer de nouvelles armes, plus puissantes, ou d'améliorer celles que vous portez déjà, à vous de voir. Tout cela est très classique mais fort bien maitrisé par Strange Brigade, qui peut compter sur la maîtrise technique de Rebellion, qui clairement sait fabriquer des shooters qui prennent aux tripes. La sensation de shoot est très agréable, notamment grâce au travail effectué sur les sons des différentes pétoires du jeu.
Chaque personnage est différent, en cela qu'il possède une capacité unique et un set d'armes différent de celui des autres joueurs. Marksmen, rusher au fusil à pompe, fufu hyper mobile utilisant une mitrailleuse à courte portée, ainsi de suite. Les archétypes habituels, donc, sont respectés, et l'on s'y retrouve vite.
Le retour de la vengeance de la Momie
Vous l'aurez compris, Strange Brigade est donc un TPS efficace mais pas si original. Alors pourquoi l'a-t-on autant apprécié ? Probablement grâce à sa direction artistique et son ton général. La présentation joue des clichés des films d'horreurs des années 70 et du cinéma d'aventure des années 1930. Que ce soit les effets de pellicule abîmée, le noir et blanc qui survient ponctuellement, la typographie utilisée ou les fausses affiches de cinéma, c'est tout Strange Brigade qui sent le bon nanar des familles. Le choix du contexte n'est pas innocent non plus. Ces aventuriers anglais, aux costumes élégants, ou même la zone géographie (une Afrique fantasmée), et les ennemis d'inspiration égyptienne, tout cela donne une âme à Strange Brigade. Une identité. Et surtout, le jeu respire le mystère... et le fun. Les arènes sont par exemple remplies de pièges tous plus idiots les uns que les autres, mais particulièrement utiles dans la mesure où ils vous sauveront la vie à de nombreuses reprises. Lance-flammes dissimulés dans des murs, hélices coupantes, tapis de pointes acérées, tout cela s'active très simplement, la plupart du temps en tirant sur un gros bouton bien visible à l'écran. Certes ce n'est pas très subtil, mais cela a le mérite de permettre des interactions rapides sans qu'un manque de précision soudain vienne bouleverser la partie. Au-delà du caractère pratique de ces ustensiles de mort, ils ajoutent également une sacrée dose de fun et de second degré à un jeu qui ne se prend pas du tout au sérieux. De quoi animer bien des soirées entre potes.
> Retrouvez toutes les infos de l'E3 2017
Strange Brigade a encore beaucoup de choses à nous apprendre à son sujet, mais ce premier contact nous a emballé. Si les bases sont ultra-classiques, elles sont solides et efficaces. La direction artistique, plutôt originale, et l'humour noir omniprésent font le reste : le TPS de Rebellion a du potentiel et on le suivra de très près ces prochains mois. Reste à voir si ce bel enrobage sera suffisant pour nous faire oublier que le jeu n'est finalement qu'un shooter coopératif de plus, ou s'il saura aussi nous surprendre avec quelques bonnes idées.