Alors que dans la tête du grand public, le genre du FPS est bien souvent synonyme de guerre et de jeux bas du front, certains se démènent pour créer des expériences qui sortent de cette routine. Nous ne parlons pas de studios indépendants et de leurs concepts parfois bien farfelus, mais d’un mélange ayant déjà fait ses preuves : FPS et RPG. Assez peu garnie, la bibliothèque de ce genre compte néanmoins dans ses rangs quelques perles aux noms reconnus tels que Deus Ex, System Shock, BioShock, Fallout (à partir du 3), Borderlands et quelques autres. Alors, lorsqu’Arkane Studios annonce un nouveau titre allant piocher dans certains de ces grands noms, nous ne pouvons être qu’enthousiastes. Son nom est Prey et nous avons pu nous y essayer durant plus de deux heures.
Nous avons pu jouer deux fois d’affilé à une démo comprenant la première heure du jeu dans les locaux parisiens de Bethesda.
Une intrigue complexe
Votre réveil est un peu particulier ce matin, un hélicoptère vous attend sur le toit de l’immeuble. Alors que celui-ci vous transporte dans les airs sur fond de musique électronique digne des années 80’, vous observez le paysage futuriste qui vous entoure. Nous sommes en 2032 et vous incarnez Morgan Yu, héros dont vous pouvez choisir le sexe en début de partie. Votre destination est le siège de la société Transtar, une multinationale pour laquelle travaille votre frère qui vous accueille avec plaisir. L’objectif de cette journée est de vous faire passer quelques tests simples pour évaluer vos capacités psychomotrices. Déplacer des objets, répondre à des questions sur un terminal, une bien jolie façon d’introduire le joueur aux possibilités en jeu.
Mais alors que vous vous apprêtez à passer le dernier segment de ce test, un incident aussi grave qu’intriguant vient vous mettre à terre. Une créature malfaisante s’attaque au personnel, tandis que vous vous évanouissez. Lorsque vous vous réveillez, le monde qui vous entoure a changé. Morgan se retrouve à bord de la station spatiale Talos 1, joujou de la compagnie Transtar. Ce dernier se retrouve cependant infesté de créatures étranges baptisées Typhoon, dont les premiers représentants sont les Mimic, sortes de crabes fantomatiques capables de copier la forme de n’importe quel objet. Particulièrement voraces, ces derniers n’ont laissé aucune chance aux employés de la firme, laissant le pauvre Morgan bien seul au milieu des cadavres qui jonchent les bureaux, l’infirmerie, le hall d’accueil… Vous vous baladez ainsi à travers ce gigantesque vaisseau en orbite, enchainant découvertes sur découvertes. Mais une chose est sûre, la réalité qui vous entoure a quelque chose d’étrange. On vous manipule…
Voici donc pour ce qui est du scénario de ce Prey, en tout cas, ce que nous avons pu en voir. Evidemment, nous sommes restés vagues afin de ne pas vous spoiler ce qui fait le sel de ce titre. Pour le moment, le tout a largement réussi à nous transporter. La recherche de son identité est une quête toujours aussi passionnante, surtout sur fond de complot. Nous émettrons toutefois une petite réserve puisque rien ne nous permet de savoir si toute cette intrigue bien complexe finira par être correctement dénouée et expliquée. Espérons qu’il ne s’agisse pas d’un simple écran de fumé présent uniquement pour donner "un côté Interstellar" à l'ensemble.
Gameplay
Pour effectuer cette étrange balade, Arkane Studios nous propose un shooter à la première personne reposant sur le CryEngine. Les traditionnels pistolets et fusils à pompe sont au rendez-vous, mais également quelques étrangetés pour le moins intéressantes. Nous citerons notamment le fameux GLOO, canon projetant une mousse capable de geler les ennemis sur place, permettant de mieux les dézinguer par la suite. En plus d’être originale, cette arme se révèle très utile face aux rapides Typhoons.
Côté RPG, nous retrouvons le traditionnel arbre de talents comprenant trois grandes catégories divisées en trois ou quatre branches. Amélioration de l’efficacité des Medikits, possibilité de soulever des objets plus lourds, capacité de hacker les terminaux, du très classique, mais également très efficace. Même si son intérêt sera à confirmer une fois que nous aurons mis les mains sur le produit final, la rejouabilité est bien au rendez-vous grâce à ce côté jeu de rôle. Par exemple, peu après avoir attrapé notre premier Neuromod, étrange engin faisant office de point de compétence, nous avons affaire à un premier choix cornélien. En choisissant d’utiliser notre point dans le hacking, il nous sera possible de débloquer une porte, tandis qu’en optant pour la force, notre héros pourra dégager un passage bloqué par une armoire. Bien différentes, les deux salles recèlent chacune un trésor différent.
Avec son architecture tentaculaire, le Talos 1 est ainsi rempli d’une multitude de pièces que rien ne vous oblige à visiter, mais qui renferment la plupart du temps des objets bien utiles et des histoires passionnantes. Car oui, les développeurs ont fait tout leur possible pour rendre l’univers de la station vivant malgré son ambiance morbide à souhait.
Gaming Live de Prey : Focus sur l'univers du jeu
Un univers riche et vivant
La station spatiale que vous tenterez de fuir à travers votre aventure se révèle vite inhospitalière, mais également fascinante. Allant puiser du côté de System Shock et par conséquent Bioshock pour la narration, les développeurs nous content les dernières heures des différents employés d’une manière aussi froide que captivante. Que ce soit en consultant les ordinateurs des défunts ou en tombant sur des rapports écrits, notre personnage n’est que spectateur du désastre, ce qui renforce un sentiment d’urgence déjà omniprésent. Durant notre session, peu de choses sont venues nous mettre le pied à l’étrier, ou en tout cas pas de manière trop visible. Nous sommes lâchés dans l’immensité de cette station spatiale et il nous reste "simplement" à en sortir en un seul morceau.
L'unique personne s’adressant à nous est un certain January, communiquant avec nous par radio. « Il faudrait aller récupérer la carte de telle personne pour entrer dans telle salle », « Les Phantoms sont des ennemis plus puissants » - cet émule d’Atlas de BioShock nous donne ainsi diverses directives pour nous aider à survivre. Encore une fois, tout cela s’imbrique parfaitement dans la narration, permettant une immersion de tous les instants.
Côté graphique, Arkane fait du Arkane. Le nombre de polygones et la qualité des textures ne sont pas incroyables, mais le talent du studio pour la direction artistique relève très largement le niveau. Nous noterons également la présence de la patte si particulière de la compagnie française avec des architectures et designs tous droit sortis des années ’60, en osmose avec une inspiration futuriste. Si le tout fait furieusement penser à Bioshock, c’est bien parce que Prey reprend à son compte bon nombre d’idées venues de titres parus dans les années ’90.
Les inspirations sont en effet très marquées. Nous incarnons un personnage qui se réveille seul à bord d’une station infestée de créatures hostiles, à la recherche de sa réelle identité, soit une bonne partie du pitch de System Shock. Finissons avec une autre pierre angulaire de l’époque, Half-Life et ses fameux Headcrabs qui ont très certainement inspirés les Mimic, mais également ses petites scènes scriptées dont nous retrouvons ici l’influence. Bref, si il est clair que Prey va puiser assez fortement dans les rois du FPS scénarisé, il le fait avec suffisamment de talent et d’aisance pour donner naissance à un nouvel univers fascinant et moderne.
Gaming Live de Prey : L'hommage aux grands FPS des années '90
Prey fait le pari audacieux de ramener sur le devant de la scène le genre trop peu considéré du FPS / RPG disposant d'un scénario fort. Mais bien loin d’être vieillot, le titre parvient à moderniser le tout pour nous offrir une balade passionnante dans un univers particulièrement riche. Nous parcourons ainsi le Talos 1, témoin d’un spectacle oppressant, mais à la fois source de nombreuses questions auxquelles notre curiosité nous urge de trouver des réponses. Pour cela, Arkane nous propose des mécaniques largement inspirées des ténors que sont System Shock, Half-Life, BioShock ou encore Deus Ex. Bref, la première heure de Prey est captivante et n’augure que du bon pour la suite.
(Images fournies par l'éditeur)