Cette année, ce n'est pas l'Empire qui contre-attaque, mais bien toute la galaxie Star Wars : film, goodies high-tech, jouets en tout genre et bien entendu jeux vidéo, avec un titre en particulier : celui qui attire la convoitise de nombreux joueurs , Star Wars Battlefront. À un mois et demi de la sortie du titre, nous avons eu la possibilité de tester le titre de DICE, sur une version proche de ce que devrait être la bêta à venir prochainement. Attention les yeux !
Il n'est pas difficile de comprendre que Star Wars Battlefront, la prochaine œuvre des créateurs de Battlefield, est extrêmement attendu par les joueurs. Comprendre pourquoi, en revanche, est plus délicat. En effet, la série jusqu'à récemment composée de deux jeux uniquement n'a pas connu un gros succès critique et les ventes, tout à fait correctes, indiquaient que peu de joueurs s'étaient réellement intéressés à la série... jusqu'à ce qu'Electronic Arts cassent les internets avec un micro-teaser balancé à la face du monde durant l'E3 2013. Il faut dire qu'entre temps et grâce au puissant effet de la nostalgie, les Battlefront avaient trouvé leur place dans le cœur de nombreux fans de Star Wars. Des joueurs qui aujourd'hui semblent particulièrement exigeants et intransigeants, alors que les deux premiers jeux n'étaient pas exempts de tout reproche. Il faut dire que la licence est désormais entre les mains d'un (très) gros éditeur, et d'un studio peut-être trop populaire pour certains. Star Wars Battlefront nouvelle génération est-il un Battlefield déguisé derrière un superbe skin georgelucasien ? Eh bien on en viendrait presque à dire « Hélas non ». Ne tremblez pas, l'espoir est toujours permis, mais laissez-moi m'expliquer.
Trois modes de jeu inégaux
Durant ce test, nous avons donc pu essayer trois modes de jeu : la Survie, le Drop Zone et le fameux Walker Assault. Passons cela en revue, si vous le voulez bien. Le mode Survie est sans doute le moins intéressant des trois : lâché sur une carte de taille modeste (mais suffisante), vous devez repousser à vous seul les assauts de vagues successives d'ennemis. Puisque vous ne pouvez incarner qu'un rebelle, les dits ennemis seront donc toujours des Stormtroopers impériaux, mais ils sont parfois accompagnés d'un AT-ST ou éventuellement de troopers d'élite, comme des Scout-troopers servant de sniper. C'est très classique et assez peu amusant dans la mesure où l'IA n'est pas particulièrement maligne. Notez que la démo ne permettait que de jouer en difficulté « normale ». Dommage puisque ainsi le mode Survie manque diablement de challenge, et devient vite soporifique. C'est pire encore lorsque l'on joue en coopération (jusqu'à... deux joueurs, oui oui), puisque le nombre d'ennemis apparaissant à chaque vague reste le même. Ce serait simple à corriger et on espère que cela sera fait.
Passons au mode Drop Zone. Testé sur Sullust, une nouvelle planète dont l'apparence a été conçue conjointement avec Lucasfilm, le mode est déjà plus intéressant : deux équipes (impériaux d'un côté, rebelles de l'autre) doivent prendre un maximum de modules de largage, celle marquant cinq point remportant la partie. C'est l'occasion de la jouer plus stratégique, et donc de se coordonner avec les coéquipiers puisqu'il s'agit de parties à dix contre dix. Au vu du faible nombre d'armes et d'items de soutien, les parties finissent hélas par toutes se ressembler et l'on ressent fortement l'une des faiblesses du titre : ce n'est pas un grand FPS. On y reviendra plus tard...
Enchaînons avec le mode Walker Assault, probablement le plus intéressant et celui auquel on rejouerait avec plaisir, tiens. C'est dans ce mode de jeu que Battlefront prend toute sa dimension et se rapproche de ce que l'on s'en rappelait. Sur une map de taille plus que conséquente (ici, Hoth, mais toutes les autres planètes seront disponibles à la sortie du jeu), les Impériaux doivent aider la progression de TB-TT guidés par l'ordinateur ; les rebelles, eux, doivent les empêcher d'atteindre les générateurs de boucliers de leur base, afin d'éviter le massacre. Avec 40 joueurs sur la map, la possibilité de monter à bord des TB-TT pour tirer sur les piétons, de monter à bord de plusieurs vaisseaux (X-Wing, A-Wing, TIE...), le champ de bataille devient vite un impressionnant bazar dans lequel l'adoption d'une stratégie de groupe sera vitale pour s'assurer la victoire. Enfin, surtout pour les rebelles, qui semblent quelque peu désavantagés sur le papier. En effet, alors qu'ils ne peuvent compter que sur la présence de deux vaisseaux et de l'intervention de Luke Skywalker (et de Y-Wing venant bombarder les TB-TT de temps à autre), les Impériaux eux ont la chance de jouir de la puissance des monstrueux quadripodes, de la mobilité des AT-ST, du pilotage de TIE fighters et donc de la puissance de Dark Vador ; hormis les Y-Wing, tous ces bonus (impériaux ou rebelles) sont disponibles sur le terrain, il suffit de les trouver et de maintenir une touche pour grimper à bord d'un véhicule ou d'incarner temporairement le père ou le fils Skywalker. Tout cela est extrêmement divertissant, et là encore, le son participe pleinement au plaisir ressenti. Entrer dans une base rebelle dans la peau de Dark Vador, et pulvériser à coup de sabre laser et de pouvoir de la Force les quelques « rebel scums » s'y trouvant, avec la Marche Impériale en fond, ça a quelque chose de particulièrement jouissif.
Plein les yeux, plein les oreilles
Oui parce que s'il n'est pas vraiment passionnant, et qu'il manque de fond, on ne peut pas dire que Battlefront pèche sur la forme. C'est ce qui saute aux yeux après quelques secondes de jeu seulement : le titre est magnifique. Testé sur PC, et pas des bêtes de compétition, Star Wars Battlefront a su éblouir son petit monde, lors de cette session de test qui se déroulait dans les locaux de DICE, à Stockholm. Les textures sont extrêmement fines, les armes, les véhicules et les personnages superbement modélisés... et il y a surtout ce travail sur la lumière et cet effort fait pour rendre les écrans vivants. Tout est extrêmement impressionnant, que ce soit les réverbérations de lumière sur la poudreuse de Hoth, ou le ciel de Sullust, rempli de destroyers impériaux, de X-Wing et de chasseurs TIE... Bon, on a quand même constaté un peu de clipping ici et là, mais il est difficile de reprocher quoi que ce soit au titre, qui en met plein les yeux, mais aussi plein les oreilles. Parce que DICE a eu accès au Skywalker Ranch et à l'immense bibliothèque de sons de Lucasfilm. Combinée à la nouvelle technologie Dolby Atmos, le son de Battlefront nouvelle génération est à tomber : le titre possède probablement la bande-son la plus impressionnante de l'histoire du jeu vidéo. Les tirs de blasters, les détonations des charges ioniques, les cris stridents des TIE volants à basse altitude... Pour peu que l'on connaisse l'univers de Star Wars, c'est extrêmement appréciable. Pour les autres, ce ne sera que très impressionnant. Sacrée baffe, donc, qu'on espère pouvoir ressentir sur One et PS4 également.
De fait, à défaut d'être captivant de par son gameplay et ses modes de jeu, Battlefront a au moins le bon goût de nous offrir une expérience visuelle de qualité. Et voilà le problème, si vous n'êtes pas un fan de Star Wars, le titre de DICE aura-t-il un réel intérêt pour vous ? C'est la terrible question qu'ont soulevée ces quelques heures de jeu.
Un plaisir réservé aux fans ?
Et oui parce que si l'on enlève cet époustouflant skin Star Wars dont s'est revêtu le jeu, Battlefront est un FPS assez lambda et pas franchement passionnant. Prenons un exemple tout bête : les affrontements au blaster. En mode Survie, exemple même de mode inintéressant (en tout cas dans sa mouture actuelle : des jeux comme Halo Reach ou Gears of War ont montré avec leurs modes Baptême du Feu et Hordes que ce type de partie peut être captivant), les ennemis disposent d'assez peu de vie, et on les élimine rapidement. Ce qui donne une action vive, qui pourrait même être frénétique et excitante si les ennemis étaient plus nombreux (et moins idiots). Nombreux et pas idiots, les joueurs humains se trouvant en face de vous en Drop Zone et Walker Assault le sont, en toute logique. Mais une fois dans ces modes de jeu, on constate que les ennemis ont beaucoup de vie, et qu'il faut leur tirer dessus beaucoup trop de fois pour les voir succomber. Ce qui donne des combats un peu statiques, puisque les rebelles comme les troopers ne sont pas particulièrement mobiles : nous ne sommes pas dans Battlefield, ni dans Halo ou Destiny, ou les joueurs peuvent sauter haut, se déplacer vite, etc.
Bref les échanges de coups de feu sont mous du genou et semblent de fait interminables. Une sensation désagréable que seule l'utilisation d'un fusil de sniper et un tir dans la tête (synonyme de one-shot) peuvent contre-balancer. Le problème pourrait être réglé très simplement : il suffirait à DICE de rendre les combattants plus fragiles, ce qui aurait pour effet de dynamiser les combats, de rendre la menace plus palpables, et changerait fortement la façon d'aborder ces combats. À un mois et demi de la sortie du titre, on espère que cela sera fait puisque dans l'immédiat, les gunfights n'ont rien de captivant et passé la surprise d'évoluer dans de magnifiques décors issus de l'univers de George Lucas, on risque de vite s'ennuyer.
La peur de l'effet TitanFall
Et si certains joueurs se satisferont peut-être de ce gameplay simpliste mais immédiatement accessible, reste un point qui lui pose autrement problème. Enfin, peut-être, puisque le jeu n'est pas encore sorti et que l'on est encore loin d'avoir faire le tour de ce qu'il a à proposer... Mais voilà, une chose fait peur : le manque de contenus. C'est-à-dire le manque de modes de jeu (intéressants, bien entendu), mais aussi d'armes et de matériel qui viendraient enrichir les affrontements. Dans cette démo, seule quatre armes de base étaient disponibles. Si au tout début seul un fusil blaster était accessible pour la customisation de notre personnage, il était rapidement possible d'en acheter d'autres, grâce à l'argent et l'expérience acquis en match. Sauf qu'il n'y avait pas grand chose à acheter : seulement trois autres pétoires, et quelques consommables, dans lesquels se trouvaient également le fusil de sniper susmentionnés ainsi qu'un jetpack. Deux objets dont la puissance a été minimisée grâce à un système de cooldown : après s'en être servi une fois (pour un tir, ou un saut propulsé donc), il faut attendre une vingtaine de seconde pour pouvoir les réutiliser.
Tout cela fait vaguement penser à TitanFall, qui reposait sur un gameplay plutôt intéressant mais souffrait en définitive d'un contenu famélique, qui rendait vite le titre inintéressant et répétitif. Star Wars Battlefront suivra-t-il le même chemin ? On ne l'espère pas, d'autant que son gameplay, lui, n'a rien d'original. Il ne peut donc miser que sur son ambiance et sur des modes de jeu amusants, et si l'ambiance était bel et bien au rendez-vous, on ne peut pas en dire autant pour les modes de jeu. Seul le Walker Assault semble sortir du lot. Peut-être que d'autres types de partie, comme le fameux Fighter Squadron, le rejoindront mais mes quelques expériences de vol sur Hoth (en Walker Assault toujours) m'ont un peu refroidi, la faute à une prise en main mal pensée et des dogfights aux résultats plutôt aléatoires.
Les images présentes dans cet aperçu ont été fournies par l'éditeur.
Tout magnifique qu'il soit, et malgré une bande-son à tomber à la renverse, Star Wars Battlefront pêche par son gameplay simpliste, mollasson, et ses modes de jeux extrêmement bateau (si l'on met de côté le Walker Assault, plutôt fun). Alors tout n'est pas perdu puisqu'il ne s'agissait que d'une démo et qu'il nous reste beaucoup de choses à découvrir sur Star Wars Battlefront, mais ce qui nous en a été présenté lors de cette visite en Suède, chez DICE, n'est pas très engageant. L'habillage est certes séduisant mais il n'est pas certain du tout que mêmes les fans les plus hardcore se laissent charmer, tant le fond manque d'ambition, et surtout de fun.