Avec le revival des jeux typés rétro et la difficulté à trouver des titres qui parviennent à innover suffisamment pour sortir du lot, le pari de développer un jeu qui fleure bon les gros pixels à l'ancienne est devenu assez risqué. Mais pour peu que le titre en question ait été conçu avec la volonté de véhiculer un message qui ne soit pas seulement nostalgique, il peut alors tirer son épingle du jeu. C'est ce que tente de réaliser l'équipe française de Shiro Games pour la deuxième fois avec la suite d'Evoland, bientôt disponible sur PC.
Si vous avez eu la curiosité de toucher à Evoland premier du nom, vous savez sans doute que sa grande singularité est d'explorer l'Histoire du jeu vidéo en proposant une aventure dont la réalisation et les routines de gameplay évoluent au fil du jeu, passant du monochrome à la couleur et reprenant les plus grandes idées qui ont marqué leur époque. Certes, Evoland n'est pas le seul à s'appuyer sur un tel concept pour se démarquer, et d'autres softs l'ont repris à leur façon, comme le récent High Strangeness dans lequel on voyage entre les dimensions 8 et 16 bits. Si vous avez bonne mémoire, vous vous souvenez peut-être que si les 30 premières minutes d'Evoland nous avaient particulièrement emballés, nous lui avions reproché de se complaire ensuite dans une forme beaucoup plus figée. Voyons maintenant en quoi ce deuxième épisode pourrait nous étonner.
Une suite plus longue et moins linéaire
Sachez pour commencer que la version preview à laquelle nous avons pu nous essayer ne contient que la première moitié de l'aventure qui s'étale tout de même sur une bonne dizaine d'heures de jeu. Ainsi, non seulement Evoland 2 s'annonce beaucoup plus long que son aîné mais on nous promet aussi que la seconde partie sera moins linéaire. Il est vrai que la progression nous a semblé extrêmement dirigiste jusque-là, les environnements n'étant pas accessibles de manière ouverte depuis la carte du monde. Par la suite, on devrait donc pouvoir voyager librement dans le temps pour élucider les mystères du scénario, ce qui devrait enrichir de manière non négligeable la découverte du soft. Bien sûr, tout ceci reste à confirmer puisque nous n'avons pas encore pu toucher à cette deuxième moitié du jeu.
Au-delà des évolutions d'ordre purement visuel qui ponctuent le déroulement d'Evoland 2, c'est surtout la multiplicité et la diversité des phases de jeu proposées qui semblent avoir été au coeur des préoccupations des développeurs, et on ne s'en plaindra pas. Ainsi, loin de se cantonner aux routines du jeu d'action-aventure, le titre s'essaye sans arrêt à de nouveaux styles, parfois tout à fait inattendus, comme la plate-forme, l'infiltration, le RPG au tour par tour, le puzzle-game, la baston et même le shoot'em up façon danmaku. Si nous n'avons pas encore pu juger de la qualité de toutes ces phases de jeu, la diversité des styles de gameplay proposés devrait constituer l'argument numéro un d'Evoland 2.
Des références en pagaille
Vient ensuite la profusion de clins d'oeil à l'univers du jeu vidéo en général, et c'est bien là que réside l'autre force de ce titre qui fait constamment appel à notre culture vidéoludique et à notre mémoire de vieux joueur ayant connu cette évolution depuis son origine jusqu'à nos jours. Ainsi, après avoir passé une série de tests d'aptitudes physiques dans un environnement typiquement 8 bits, notre avatar s'éveille à la mode 16 bits dans la chaumière d'une certaine Fina qui s'avère être la fille du chef du village. Amnésique (forcément), il part en quête d'une épée et se voit rapidement confronté à une énigme clairement calquée sur celles du Professeur Layton. Une fois armé, il s'adonne à la découpe de slimes en forêt façon action-RPG avec gain d'or et d'XP avant d'activer un Magilith qui le fait basculer, lui et Fina, dans un environnement rétro encore moins détaillé. Ils ont en réalité voyagé dans le temps, échouant 50 ans dans le passé, à une époque où l'Empire terrorise encore les démons.
A partir de là, le jeu alterne entre l'exploration d'une grotte en scrolling horizontal façon plate-forme, l'infiltration d'une prison à la Metal Gear où Fina tourne en dérision l'utilisation d'une boîte en carton et diverses quêtes de village, avec toujours une dominante action-aventure qui n'est pas désagréable. Les références ne manquent jamais, allant des chutes de rochers héritées de Zelda 1 aux blocs de pièces vus dans les Mario, en passant par les ennemis rampants bardés de pics tout droit échappés de la série Metroid. On rencontre même un fermier qui ne veut pas qu'on l'aide à retrouver ses poules depuis qu'un garçon habillé en vert a fait n'importe quoi avec, les traumatisant pendant des semaines... Mais stoppons là les clins d'oeil car il serait dommage de vous les spoiler, sachez juste que l'on joue autant pour le plaisir de relever ces nombreuses allusions clairement assumées que pour l'envie de découvrir quels autres styles de gameplay vont intervenir dans la suite de l'aventure.
Alliés et voyages temporels
Pour le reste, si le chara design un peu niais ne nous a pas franchement emballés, nous sommes d'ores et déjà conquis par les musiques qui se renouvellent constamment et qui empruntent tantôt à Kingdom Hearts pour les balades sur la carte du monde, tantôt à Castlevania pour l'exploration de la forêt hantée, quitte à se faire plus sages et mélodieuses dans les villages. L'histoire semble aussi plutôt bien partie puisque, en seulement quelques heures, les événements s'enchaînent très rapidement sans qu'on ait le temps de se lasser. Qui plus est, le soft s'appuie aussi sur un gameplay bien à lui à travers la notion d'alliés à invoquer à la façon d'attaques spéciales. Par exemple, Fina pourra charger dans le tas tandis que le démon Menos pulvérisera tout ce qui se trouvera sous lui à la manière d'un chevalier dragon, et un troisième allié semble même prévu au programme. Par la suite, l'acquisition des pouvoirs des gardiens renforcera ces aptitudes selon que l'on chargera plus ou moins la jauge d'invocation.
Dommage tout de même que les gains d'XP ne permettent pas de répartir nos points de stats librement et que l'utilité des bonus soit encore assez mystérieuse. En fouillant bien, on peut par exemple tomber sur des étoiles de collection, des minerais destinés à améliorer l'équipement ou encore des cartes qu'on imagine destinées aux parties de "Triple Triad" comme dans le premier volet. En tout cas, on constate avec plaisir qu'Evoland se montre déjà bien plus ambitieux que son aîné et on a hâte de savoir ce qu'il nous réserve par la suite avec ses voyages libres entre le passé, le futur et le présent. Rendez-vous le 25 août pour la réponse à cette question !
Trailer de gameplay d'Evoland 2
Plutôt que de jouer la facilité en reproduisant à l'identique le schéma du premier volet, Evoland 2 explore d'autres façons de rendre hommage à l'évolution du jeu vidéo en général en diversifiant encore plus son gameplay. Toujours truffé de références savoureuses et doté de graphismes qui toucheront immanquablement les plus nostalgiques d'entre vous, le titre s'annonce aussi nettement plus long que son aîné. On attend donc de voir ce que nous réserve la seconde moitié du jeu pour confirmer, ou non, cette bonne impression.