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Spécialisé dans les jeux de stratégie en temps réel, Eugen Systems souffle le chaud « made in France » depuis une quinzaine d’années sur PC. Le studio parisien, qui vient de signer un excellent triplé avec la série Wargames, a décidé de changer d’ère. Fini le temps de la guerre froide et les conflits des années 80, place au techno-thriller futuriste. Se déroulant en 2025, Act of Aggression s’annonce comme le fils spirituel d’Act of War, sorti en 2005.
A travers Act of Aggression, le discours d’Eugen Systems est clair : démontrer qu’une guerre commence avant tout dans sa préparation. Cette philosophie du jeu, assez similaire aux autres STR au demeurant, joue tout aussi bien sur la productivité que la proximité. A cet effet, les développeurs se sont avant tout penchés sur l’emplacement des ressources. Plutôt qu’en générer en petite quantité et prendre le risque de voir, dès les premières minutes de jeu, les joueurs se disputer les précieux gisements, ils ont décidé d’en disséminer en grande quantité sur la map. Ainsi, chaque joueur peut commencer tranquillement à envoyer une patrouille de reconnaissance et démarrer la construction de la base et des premiers éléments d’armement (chars, hélicoptère, défense antiaérienne…). Le but premier étant d’éviter toute frustration et les combats stériles, le jeu à peine lancé.
Chacun sa route, chacun son chemin
C’est précisément à ce moment que l’on découvre l’intérêt et l’importance de surveiller constamment le bon déroulement du ravitaillement. Envoyer des camions extraire les minerais demeure une activité à la fois vitale au bon développement de la base, mais également dangereuse car exposée aux attaques ennemies. Qui se priverait d’atomiser un convoi pour affaiblir le camp adverse ? Personne. Cette situation incite donc à ne pas faire n’importe quoi et à privilégier les trajets les plus sûrs, quitte à couper à travers champs. Un exemple nous a été montré où l’on voit un camion, chargé comme une mule, rentrer tranquillement vers son QG en empruntant la route. Un trajet qui se serait bien terminé si un blindé ne l’avait pas attendu, sournoisement planqué à un carrefour … Ceux qui ont joué à R.U.S.E. savent de quoi il retourne…
A consommer avec modulation
Affaiblir l’adversaire lorsque l’occasion se présente fait partie du jeu, mais pour cela il faut nécessairement que les chaînes de montage soient efficaces. A la fois pour attaquer et défendre. Pour cela, Eugen Systems a prévu du lourd et du choix. Non seulement l’infanterie, l’aviation et les blindés offriront une grande variété, mais c’est surtout sur leur aspect modulable qu’Act of Aggression devient intéressant. Un Humvee classique, c’est sympa pour le transport de troupes, mais lui rajouter des missiles antiaériens ou une petite Gatling, ça peut toujours servir pour refroidir d’éventuels assaillants. Par ces possibilités, les développeurs espèrent ainsi instaurer un esprit « lego », dont l’objectif serait de varier le gameplay et la stratégie, tout en favorisant l’effet de surprise. Mais toutes ces améliorations, de bâtiments ou autres, coûtent cher. Hormis celui d’attaquer les bases ennemies et en récupérer l’usufruit, le moyen le plus simple consiste à prendre le contrôle des banques implantées sur la carte. Enfin le plus simple, précisons, le plus direct, car avec 40 joueurs sur la même map, inutile de dire que la bataille risque d’être féroce pour s’emparer de cet établissement lucratif. Les joueurs moins téméraires, eux, pourront toujours se retourner vers la capture d’infanterie et la demande de rançon. Soucieux de donner une chance aux non-initiés, Act of Aggression offre une interface claire et intuitive, tout en leur évitant un mal de crâne au moment de choisir son camp. Que ce soit l’Armée US, le Cartel ou la Chimère, chacun possède forces et faiblesses qu’il suffira de bien cerner et maîtriser pour valoriser leurs performances sur le champ de bataille. Avec ce titre prometteur, Eugen Systems a tenté le coup de revenir aux bases du STR et, pour l’instant, le résultat est assez concluant. Aussi bien en termes de fun, de gameplay, que visuellement.
Par leur savoir-faire et leur passé en tant que développeurs de STR, les équipes d'Eugen Systems ne pouvaient revenir sur le devant de la scène avec un mauvais titre. Act of Aggression ne sera pas celui-là. Privilégiant un style de jeu plus conventionnel, il ne prétend pas réinventer un genre, mais plutôt donner du temps et une méthodologie pour entrer en douceur dans le conflit qui s’annonce acharné, surtout à 40.