Près de 13 ans après la sortie de Flight Simulator X, Microsoft relance avec fracas une franchise à laquelle on ne s’attendait franchement plus : Microsoft Flight Simulator. Leur dernière tentative pour ressusciter le genre s’était soldée par un cuisant échec. En effet, Microsoft Flight avec ses cartes fermées et son absence d'avions de lignes n’avait franchement pas convaincu les fans de la série. Et le verdict fut sans appel et le simulateur rapidement abandonné par la firme américaine. On pouvait donc s’attendre à ne plus jamais revoir la série et pourtant, plus à l’écoute que jamais, l’éditeur de Redmond ne refera pas les mêmes erreurs et proposera un simulateur pur jus avec la présence d’un ADN fort du dernier succès en date qu’était Flight Simulator X.
Pour l’occasion, Microsoft nous a invités à Seattle, dans la ville au fort passé aéronautique afin de nous permettre, le temps d’une journée, de tester en profondeur leur dernière réalisation. Et pour cela, les petits plats ont été mis dans les grands avec un show à l’américaine. Présentation, tests intensifs de leur dernière build, vol privé en Cessna C172 G1000 au-dessus de Seattle avec, s’il vous plaît, un instructeur afin de vérifier par nous-même l’exactitude du modèle de vol, car, c’est bien le même avion qui est dans la version testée sur place, avec deux autres avions, un Robin DR400 bien connu des aéro-clubs français et un Daher Socata 930. Vous l’aurez compris, Microsoft nous a laissé les moyens de tester leur bébé dans des conditions idylliques.
Une vitrine technologique à la French touch
C’est durant une longue présentation dans le Rainier Flight Service à Renton que Microsoft a annoncé le nom de la boîte en charge du développement. C’est le studio bordelais Asobo Studio qui a la lourde responsabilité depuis 2016 de refaire décoller la franchise, clouée au sol depuis Microsoft Flight, afin de la mettre en altitude de croisière, et on l’espère, pour un long moment.
Nous avions beaucoup d’interrogations suite aux images des premières heures ainsi que sur les techniques employées pour permettre de réaliser des rendus aussi beaux. Faudra-t-il un PC survitaminé pour espérer avoir des performances correctes ? Car par le passé, ce n’était clairement pas le cas et FSX pouvait laisser un goût amer même à ceux ayant un système performant. Faudra-t-il une connexion fibrée ? Un disque SSD ? Le jeu sera-t-il une vraie simulation ou un jeu arcade orienté pour les nouveaux joueurs ? Sera-t-il compatible VR ? C’est avec toutes ces interrogations que nous avons accepté l’invitation. Et cette journée de test nous a permis de répondre à beaucoup d’entre-elles.
Au service des fans ainsi que des nouveaux joueurs
Pour commencer, le jeu enrobe une interface soignée qui ajoute une fraîcheur étonnante pour un simulateur qui, par le passé, eut des menus plutôt austères et peu ergonomiques. Ce dernier est fluide et agréable et malgré tout, permet de faire des choses compliquées comme la sélection d’un plan de vol avec procédures de départ et d’arrivée. Cette ergonomie invite le pilote à découvrir la richesse de notre monde. Car oui, le monde est immense et regorge de trésors, et ce bel écrin qu’est Flight Simulator vous permettra de découvrir toutes ses merveilles. Vous pourrez voler où bon vous semble, sans restriction et quel que soit l’endroit, la modélisation des décors est à couper le souffle.
Pour ce faire, Microsoft et Asobo Studio se sont associés avec Bing Map pour retranscrire le monde qui nous entoure de manière photo réaliste avec plus de 400 villes à un niveau supérieur grâce aux scans 3D en photogrammétrie. Et si la ville n’est pas encore couverte par cette technologie, ce sont des données ultra précises des bâtiments, végétations, routes, voies de chemin de fer, etc. avec couverture sol photo. On a pu tester plusieurs villes non couvertes par cette technologie et nous étions agréablement surpris de voir une zone d’une densité jamais observée dans un simulateur. Des dizaines de milliers de bâtiments dressés devant nous sans faire plier la machine. Libre à vous de découvrir les richesses qui nous entourent. Le monde sera entièrement modélisé à un niveau de détail jamais atteint. Pour l’anecdote, le niveau de détail est tel qu’il sera possible de naviguer en utilisant la règle du VFR (Visual Flight Rules). En effet, en VFR, le pilote utilise des repères visuels afin de s’orienter, cela peut être des routes, des montages, des antennes ou tout autre élément permettant de se localiser et permettre ainsi le cheminement. Et rassurez-vous, pas besoin d’un disque dur complet, car ces données seront streamées en temps réel et leur niveau de complexité s’adaptera en fonction de votre débit internet.
Si vous n’avez pas une connexion suffisante, il vous sera possible de pré- télécharger les données en amont d’un vol. Si vous n’avez aucune connexion internet, pas de problème, le jeu proposera également un monde plus classique et générique faisant toujours appel à des données fournies par BING Map, mais cette fois préinstallées avec le jeu de base. Et pour encore plus de réalisme, le nouveau moteur permettra enfin la prise en compte des pistes en pente. C’était l’un des points noirs des précédentes versions. L’approche de Courchevel ou de Lukla sera aussi vraie que nature. Un système d’IA Deep learning analysera les défauts présents sur certaines textures photo-réalistes de BING Map et sera capable de les corriger. Ces photos, issues de photographies aériennes, peuvent contenir des différences colorimétriques, des nuages ou autre défaut que le système pourra analyser et à terme corriger. Notez cependant que les textures photos proposées par BING Map ne contiennent pas de textures saisonnières. Il n’y aura donc pas le jour de la sortie du jeu la possibilité de voler en hiver. Mais à terme, il sera bel et bien possible d’avoir les saisons. Le temps de convertir la somme astronomique de textures avec un filtre saisonnier satisfaisant.
Un reboot en profondeur
La première approche du nouveau simulateur a ainsi permis de répondre à de nombreuses interrogations. Nous étions surpris par l’assurance affichée des développeurs présents sur place et nous avons eu largement le temps de leur poser toutes les questions que nous voulions. Dans ce nouvel opus, l’ATC (le contrôle aérien) est entièrement repensé et permettra de réaliser des vols réalistes complexes en prenant en compte par exemple les approches et les départs aux instruments appelés SIDs/STARs. Une première dans un simulateur grand public.
Des check-lists interactives vous permettront également de vous familiariser avec l’avion tout en ayant une approche didactique. Pour vous assister encore un peu plus dans votre apprentissage, les développeurs n’ont pas voulu modifier et dégrader le modèle de vol pour empêcher par exemple que l’avion ne décroche ou qu’il ne passe en VNE (vitesse à ne jamais dépasser sous risque d’endommager l’avion). En revanche, un copilote virtuel pourra gérer certains paramètres du vol comme la manette des gaz ou de la richesse moteur afin que vous réalisiez toujours un vol réaliste. Des indicateurs visuels et sonores pourront également vous aider dans cette tâche. Dans tous les cas, pas question de simplifier le comportement de l’avion. Bienvenue dans un simulateur de vol. Le but étant d’aider le pilote virtuel à appréhender sa machine, ce dernier pourra peu à peu enlever les aides au pilotage.
Concernant les avions présents le jour de la sortie, on en ignore encore la liste exacte, mais nous savons qu’il y aura une large variété d’avions. Allant du mono moteur de type Piper Cub aux gros porteurs. La présence d’avions de chasse semble cependant déjà exclue pour le moment. La présence d’un Airbus A320 est déjà confirmée depuis la présentation de l’E3 et nous savons désormais que ces avions auront des systèmes bien plus avancés que sur les précédents opus avec notamment la présence d’un FMS. Même si ces systèmes ne seront pas poussés afin de permettre un deep learning, ils permettront cependant d’obtenir une bonne sensation immersive dans un avion de ligne moderne sans sacrifier le réalisme.
Asobo Studio utilise donc toutes les technologies en cours pour délivrer un rendu visuel et sonore au plus proche de la réalité. PBR, textures 4K, modèles réalisés à partir de photos réelles, plans CAD des fabricants d’avions ainsi que des scans 3D des postes de pilotage. Sons Wwise enregistrés dans les différents cockpits. Le rendu propose un environnement riche en détails avec des reflets dynamiques sur les instruments et vitres de votre avion.
Une certaine compatibilité des addons FSX
Il est impossible d’assurer une rétro compatibilité des avions et scènes de Flight Simulator X tant ceux-ci sont nombreux (on parle là de plusieurs milliers addons), mais Asobo s’efforcera de rendre le plus grand nombre d’entre eux jouables sur la nouvelle mouture, avec cependant aucune garantie. Un SDK (kit de développement) sera disponible quelques mois avant la sortie du titre afin de laisser le temps aux différents partenaires de développer des patchs permettant la compatibilité des addons les plus complexes. Nous savons que des éditeurs tiers comme Aerosoft, Carenado, Captain Sim ou encore PMDG se disent prêts à passer sur la nouvelle plateforme dans les plus brefs délais. Car oui, le simulateur sera totalement ouvert aux développeurs tiers.
Un système de météo mondial dynamique
La météo est clairement l’un des points forts du simulateur avec une refonte complète. Pour la première fois et de manière native, le rendu des nuages sera entièrement en 3D et dynamique avec une portée de 600kms qui vous permettra littéralement de surfer sur les nuages. Ces couches multiples évolueront de manière réaliste vous permettant ainsi de voir leurs interactions ainsi que la manière dont elles vont modeler le paysage, changeant radicalement l’atmosphère de votre vol. Vous passerez entre deux nuages, vous laissant guider par un arc-en-ciel au loin, puis au passage dans un nuage, les gouttes de pluie viendront frapper la vitre en plexiglas de votre avion. Moment sensationnel garanti.
Vous pourrez ainsi observer les orages se former en fin de journée avec une précision et un réalisme à couper le souffle. Les vents auront également un rôle déterminant dans cette valse atmosphérique permettant de ressentir leur beauté et surtout leurs dangers. Un vol en montagne n’aura jamais été aussi réaliste avec la prise en compte de tout type de vents, dont les terribles rabattants, pouvant vous retourner en moins d’une seconde.
Un nouveau modèle de vol
Dans la précédente itération du simulateur, le modèle de vol n’était clairement pas le point fort du soft et les concurrents décriaient cet aspect. L’avion n’avait qu’un simple script qui donnait l’impression de piloter un avion sur des rails. Conscient de ce problème, l’équipe de développement propose ici une refonte totale avec à la clé un modèle de vol contenant 1000 points de contrôles avec une fréquence de rafraîchissement élevée permettant d’avoir des sensations proches du modèle original. Cela permet d’apporter à chaque partie de la structure une portance/traînée propre et ainsi avoir un modèle de vol dynamique. Les modèles de vols sont vérifiés par de vrais pilotes professionnels. Ces derniers passent au crible chaque avion du jeu jusqu’à atteindre un comportement réaliste.
Microsoft et Asobo Studio semblent proposer ici un quasi sans faute et réalisent ici une belle prouesse. Le simulateur semble très bien parti pour durer. Le titre devrait continuer d’évoluer bien après la sortie. Les développeurs espèrent que cette durée sera supérieure à 10 ans durant laquelle le jeu devrait continuer à se bonifier et recevoir du nouveau contenu comme de nouvelles villes entièrement en 3D ou fonctionnalités comme la VR qui devrait être absente le jour de la sortie. Celles-ci devraient doubler sur cette période. Le fait que le titre sera compris dans le Game Pass de Microsoft devrait également aider les plus fébriles à franchir le pas. Le Market Place devrait de son côté aider à enrichir le simulateur de nouveaux avions ou aéroports et cela devrait dégager une manne financière à Microsoft non négligeable.