3 ans après le lancement de The Evil Within, Bethesda Softworks a profité de son voyage à l'E3 pour dévoiler la suite directe de sa nouvelle licence horrifique. Malgré une sortie attendue pour la fin d'année, ce deuxième opus ne s'est que partiellement dévoilé pour le moment : l'occasion était donc idéale pour rencontrer Shinji Mikami (Producteur exécutif) et John Johanas (Directeur du jeu) afin d'en savoir davantage sur ce nouvel épisode sobrement baptisé The Evil Within 2. Les deux hommes ont répondu à nos questions au cours d'un entretien évoquant, pêle-mêle, les influences et nouveautés de cet épisode, mais également le regard des 2 créatifs sur les tendances actuelles du jeu vidéo et la place de leur nouveau poulain parmi ces dernières.
Une saga sous influences
À moins d'être équipé d’œillères, il était difficile de passer à côté des références de The Evil Within premier du nom. Outre la filiation plus qu'évidente avec Resident Evil (les 2 séries ont le même créateur), le titre a marqué par sa reprise des codes du cinéma d'horreur japonais et du 7e art au sens large : la présence de bandes noires en était l'un des emprunts les plus significatifs. The Evil Within 2 restera sur une ligne proche du premier épisode sur ce point, bien que John Johanas ait ici évoqué de nouvelles références. Réfutant dans un premier temps le parallèle avec Shutter Island, le directeur du jeu a confirmé que l'équipe s'était cette fois-ci orientée vers des œuvres à mi-chemin entre le thriller psychologique et le film d'horreur, citant l'exemple du film The Cell.
Du côté de Shinji Mikami, la question était évidemment de savoir à quels jeux majeurs nous pourrions rattacher The Evil Within 2. Si l'épisode original se rapprochait beaucoup de Resident Evil 4, son premier DLC lorgnait par exemple davantage du côté de Silent Hill et les références du prochain épisode seraient encore plus anciennes :
Le dernier jeu se trouvait quelque part entre Resident Evil 1 et Resident Evil 4, mais celui-ci sera significativement plus proche de Resident Evil 1.
Il ne reste plus qu'à savoir sur quels points les nouvelles aventures de Sebastian Castellanos se rapprochent davantage du premier Resident Evil que du 4e : la question est restée en suspens, Shinji Mikami souhaitant encore garder un peu de mystère autour de la sortie de son prochain jeu.
Nouveau jeu, nouvelle formule ?
Le créateur japonais et son homologue américain ont toutefois pris le temps d'évoquer certaines des nouveautés à venir de The Evil Within 2, en commençant par un point qui a pu faire tiquer certains joueurs ayant posé leurs mains sur le premier épisode : la difficulté. En se basant sur les retours des joueurs et de la presse, les développeurs ont ainsi choisi de rendre le titre plus accessible afin d'attirer un public non-initié au genre et réduire la dimension Die & Retry du premier, mais aussi de rendre l'histoire principale moins cryptique. Sebastian Castellanos reste toutefois le héros de cet épisode, il ne faudra donc pas s'attendre à une aventure plus tranquille que la première pour notre inspecteur. Pour John Johanas, créer un personnage aussi fort que vulnérable est d'ailleurs l'une des plus grosses difficultés d'un jeu d'horreur :
C'est probablement la chose la plus difficile dans la création d'un survival horror, avoir un personnage qui a la force de surmonter les horreurs auxquelles il fait face tout en restant vulnérable. Du point de vue du gameplay, c'est une question d'équilibrage des ressources et de la force des ennemis. D'un point de vue émotionnel, Sebastian est le joueur et nous devons nous assurer que son tempérament ne s'oppose pas à ce que le joueur puisse ressentir dans la même situation.
Le survival-horror de Tango Gameworks proposera également davantage de temps mort qu'avant, l'idée étant encore une fois de garder les idées du premier opus et les peaufiner plus que de révolutionner la formule. Le soft sera toutefois plus ouvert que son aîné grâce au contexte particulier d'Union, la ville accueillant ce nouvel opus.
Le contexte nous a permis de proposer des zones plus vastes, de nous concentrer sur l'exploration et nous éloigner de la linéarité du premier jeu, tout en gardant une histoire centrée sur une zone principale. Même si nous vous lançons dans toutes les directions, la présence d'Union comme point de départ nous permet d'éviter de rendre l'ensemble trop confus.
Si l'histoire est donc bien au cœur des préoccupations de l'équipe de développement, une telle donnée n'implique pas nécessairement de faire des compromis sur la prise en main du titre, comme le souligne une nouvelle fois John Johanas :
L'histoire occupe une part plus importante de ce jeu par rapport au précédent, mais mais nous avons très rarement du retirer du gameplay pour étendre l'histoire. Il y a des moments ou s'appuyer sur l'atmosphère fonctionne mieux que de vouloir inclure à tout prix une séquence de jeu, mais je pense qu'il y a un bon équilibre entre l'histoire et le gameplay dans cet épisode.
Une suite ancrée dans son époque
Nous évoquions quelques paragraphes plus haut les influences cinématographiques de The Evil Within premiers et deuxièmes du nom. Le regard de Shinji Mikami sur le retour d'une horreur plus viscérale au cinéma et à la télévision (Outcast, The Exorcist) ne pouvait que nous intéresser, et le créateur de Resident Evil a d'ailleurs souligné au cours de l'entretien le lien entre cette nouvelle mouvance et les jeux d'horreur. Dans les deux cas, l'action est laissée à des productions destinées à de plus larges audiences, moins intéressées à l'idée de s'appuyer sur le ressort psychologique de l'horreur.
À la question de son intérêt pour le développement d'un titre horrifique davantage basé sur l'ambiance (Amnesia, Layers of Fear), Shinji Mikami ne s'est pas défilé, militant à son tour pour une autre vision de l'horreur :
Se reposer seulement sur le choc peut devenir ennuyeux pour les joueurs, donc je pense qu'il faut mettre l'emphase sur l'atmosphère et l'histoire à mesure que le temps s'écoule. La série Walking Dead, par exemple, est moins dans un registre d'horreur, mais plus axée sur l'histoire et le développement des personnages ; c'est ce qui attire les gens.
En revanche, l'homme est resté plus vague concernant le succès de Resident Evil 7, qu'il qualifie simplement de jeu "extrêmement bien conçu", et ne s'est pas attardé sur le phénomène de la Réalité virtuelle, qu'il compte toutefois bien s'approprier à l'avenir. Au regard de l’appétence de Bethesda pour la technologie, voir The Evil Within plonger dans le bain de la réalité virtuelle à moyen terme n'a donc rien d'une utopie.
Rappelons avant de nous quitter que The Evil Within 2 sortira le 13 octobre prochain sur PC, PlayStation 4 et Xbox One.
Une session de questions/réponses avec les développeurs de The Evil Within 2