Le SELL (Syndicat des éditeurs des Logiciels de Loisir), entre autres actions organisateur du salon Paris Games Week, présente aujourd’hui les chiffres de l’industrie française du jeu vidéo pour l’année 2015. On y découvre quelques statistiques intéressantes, reflet d'un secteur en pleine croissance sur notre territoire.
2,87 milliards de chiffre d’affaire en 2015
Alors que l’année 2014 marquait le retour de la croissance pour une industrie dont la huitième génération de consoles commençait enfin à exprimer son potentiel, 2015 annonce un bilan de 2.87 milliards d’euros de chiffre d’affaire. C’est la deuxième année de croissance pour le secteur après une année 2014 affichant un chiffre d’affaire de 2,7 milliards d’euros. La France se place donc dans le top 3 des marchés Européens. Si le marché de la vente physique en France représente encore 46% des parts, le dématérialisé (PC, consoles) le talonne de peu avec un bilan affiché de 40% en 2016. Le mobile représente 14% des ventes software du secteur. On note donc une nette évolution des habitudes de consommation des joueurs puisqu’en 2015, les ventes physiques représentaient encore 55% du marché contre 32% pour le dématérialisé.
65% du chiffre d'affaire sur console
Sans donner de détails sur les plateformes concernées, le bilan 2015 nous apprend encore que 65% du chiffre d'affaire français du jeu vidéo s’effectue sur consoles de salon contre 21% sur PC. Si ces chiffres sont assez éloquents, n’oublions pas que le suivi des ventes PC, dont la majorité se font aujourd’hui sous forme de jeux dématérialisés, est assez délicat à réaliser pour les analystes. L’évolution par rapport à 2015 est donc moins marquée ici puisque le secteur affichait 66% de CA sur consoles et toujours 21% sur PC en 2014. La différence de 1% est donc à imputer au mobile.
8 millions de consoles en France
La huitième génération de consoles (PS4, Xbox One et Wii U, 3DS et Vita) affiche un bilan de plus de 8 millions de machines vendues dans l’hexagone. Ces chiffres correspondent à ceux dévoilés il y a quelques semaines par le Figaro. Pour l'année 2015, ce sont plus de 2,4 millions de consoles de septième et huitième générations qui se sont écoulées sur notre sol.
La Playstation 4 domine le marché français des consoles de salon. Cette dernière s'est écoulée à un total de 2,15 millions de machines depuis sa sortie en Europe le 29 novembre 2013. Un million d'exemplaires ont été vendus au cours de l'année 2015 sur notre territoire, ce qui représente une augmentation des ventes de 20% par rapport à l'année 2014. Ces très bons chiffres confirment la position de leader de Sony en Europe
De son côté, la Xbox One se sera écoulée à 715 000 exemplaires depuis le lancement de la console le 22 novembre 2013 en Europe. Des ventes trois fois moins nombreuses que celle de sa rivale made in Sony dans un pays depuis longtemps plus enclin à acheter du côté de la firme japonaise. Au cours de l'année 2015, 298 000 exemplaires de la One auront trouvé preneur en France.
Avec 742 000 consoles Wii U vendues depuis son lancement, la machine de salon de Nintendo occupe la troisième position de ce classement derrière la reine 3DS et la PS4. 228 000 Wii U se sont écoulées en France en 2015. Malgré ces ventes mitigées, Nintendo assoit sa domination sur ce classement grâce aux 4 millions de 3DS vendues depuis la sortie de sa console portable en mars 2011. 686 000 3DS ont été vendues durant l'année 2015. Portée par son prix de vente, son côté nomade, sa bibliothèque bien fournie en jeux (dont certaines grosses licences comme Zelda, Pokémon ou Monster Hunter), la 3DS ne semble pas prête à lâcher le flambeau contrairement à la Wii U dont la succession devrait arriver sans trop tarder à en croire les nombreuses rumeurs autour de la Nintendo NX.
Le hardware en baisse, les accessoires en hausse
Reflet d’un secteur où le parc de machines est déjà installé, la répartition du chiffre d’affaire pour l’année 2015 ne joue pas en faveur du hardware avec une chute de 6% par rapport à 2016. Il est donc logique de voir le secteur des logiciels connaître une croissance inversée avec +7% par rapport à 2014. Avec plus de 1,5 milliards d’euros, les ventes software représentent donc la source de revenus la plus importante du secteur du jeu vidéo en France. Si on reste bien loin de ces chiffres, le mobile connait une belle progression de 30% de son chiffre d’affaire avec 260 millions en 2015. Enfin, ce sont les accessoires (manettes, casques audio, jouets, cartes prépayées) qui progressent de 13% par rapport à 2014 avec un bilan affiché de 305 millions d’euros. Skylanders, Disney Infinity et autres amiibo ne sont pas étrangers à cette forte croissance. Le secteur connait donc une hausse de 9,5% de son chiffre d’affaire pour 2015.
Portrait du joueur actuel
Les 53% de français (entre 10 et 65 ans) jouant régulièrement de 2014 ne changent pas en 2015. Le SELL avance néanmoins un bilan de 74% de français jouant occasionnellement. La donnée est difficile à analyser puisqu’assez vague en l’état. Une partie de cinq minutes sur son mobile dans les transports en commun est ici mise dans le même panier qu’une session de quatre heures sur consoles ou PC. Retenons donc que la France est une terre de gamers dotée de la répartition suivante : 56% d’hommes et 44% de femmes. Une légère variation par rapport à 2014 où le bilan communiqué affichait 51% d’hommes contre 49% de femmes. La moyenne d'age du joueur est de 35 ans.
Le Top 20 des éditeurs en France
Ces chiffres ne prennent en compte que le secteur physique. En 2015, c’est Electronic Arts qui remporte le classement français des éditeurs. Avec ses bonnes performances autour de Star Wars : Battlefront et FIFA 16, le studio américain confirme sa bonne santé financière. Il est talonné par Nintendo dont les ventes physiques (3DS et Wii U) auront connus de beaux succès cette année (on pensera par exemple à Splatoon ou à Monster Hunter 4 Ultimate). Activision Blizzard et ses licences Call of Duty et Skylander terminent ce trio de tête.
■ Les résultats financiers d'Electronic Arts en 2015
Les genres les plus vendus en france
L'action aventure se porte bien en 2015 avec plus plus de 5.3 millions de jeux écoulés sur l'année. Il faut dire que ce genre ratisse assez large et englobe donc de nombreuses productions allant de Batman Arkham Knight, à Just Cause 3 en passant par Assassin's Creed Syndicate. Il est suivit par le FPS et le jeu de tir en général qui conforte ses bons résultats au cours de l'année dernière, on pensera ici au succès commerciaux de Star Wars : Battlefront et Call of Duty : Black Ops III ou encore Tom Clancy's Rainbow Six Siege. Sport et RPG se talonnent en troisième et quatrième position avec des cartons comme Fallout 4 ou The Witcher 3 : Wild Hunt.
Réalité virtuelle, e-sport, streaming, les tendances de 2015
Le SELL dresse aussi le bilan de ce qui aura animé la scène vidéoludique en 2015. Si les consoles figurent de manière logique en bonne place de cette rubrique, on y retrouve aussi la réalité virtuelle. Très présente dans les médias et sur les salons de l’année dernière, la technologie s’est particulièrement fait connaître du public au cours de l’année dernière via différentes présentations et démonstrations. On pensera par exemple à la conférence Sony lors de la Paris Games Week 2015 où le casque PlayStation VR a eu le droit à une importante mise en avant. Si la VR ne deviendra une réalité de consommation qu’au cours de cette année (voire un peu plus tard au vu des premiers tarifs affichés), le secteur aura marqué les esprits. Populaire auprès des joueurs depuis quelques années, le streaming (via Twitch ou autres plateforme) est aussi l’une des tendances fortes de 2015 pour le syndicat français, au même titre que le Cloud Gaming et les interactions sociales.
Enfin, on sait que le gouvernement s’intéresse de près à l’e-sport, secteur qu’il compte tout à la fois soutenir et encadrer dans les années à venir. Le SELL expose d’ailleurs quelques pistes de travails pour favoriser son développement sur le territoire français. Meilleure gestion des ligues, travail avec les éditeurs, prise en charge des équipes, contrats avec les diffuseurs, la France compte s’engager dans ce secteur à la fois lucratif et fédérateur auprès de citoyens de nouvelle génération.
■ Consulter le rapport 2015 du Sell dans son intégralité