Avec plus de 90 millions de financement participatif récolté en 3 ans, Star Citzen peut se targuer d’être le jeu le plus backé de la courte histoire du crowndfunding en ligne. En développement depuis 2012, la simulation spatiale du studio Cloud Imperium dirigé par le célèbre Chris Roberts (à qui l’on doit des monuments comme Wing Commander ou Starlancer) affiche de colossales ambitions pour sa sortie. Publié il y a peu, un article du site The Escapist a mis le feu aux poudres du navire Star Citizen. Basé sur des déclarations à prendre avec d'immenses pincettes, il y dénonce la politique managériale du boss du studio, son attitude envers ses collaborateurs, sa vision trop ambitieuse du projet et un épuisement prématuré des fonds.
Des accusations à prendre avec beaucoup de précaution
L’article de The Escapist se base sur les déclarations des supposés employés de Cloud Imperium. Il soulève le problème suivant : malgré son financement de 90 millions de dollars, Star Citizen ne pourra pas être terminé. La faute à la vision globale de Chris Roberts jugée trop ambitieuse par son équipe. On prendra toutefois des pincettes avec ces allégations pour la simple et bonne raison que les sources de l’article de Lizzy Finnegan pour The Escapist proviennent du site australien Glassdoor sur lequel il est impossible de contrôler l’identité des utilisateurs postant des commentaires. Les avis négatifs exprimés à l’encontre de Star Citizen et cités dans l’article proviennent d’ailleurs en grande partie de commentaires publiés il y a un moins d’une semaine sur la plateforme. Certains défenseurs y voient ici une nouvelle offensive du détracteur Derek Smart, développeur subversif accusant depuis quelques mois Star Citizen d’être un vol à grande échelle, un projet accumulant les retards pour masquer son propre échec. On gardera donc une grande réserve quant aux déclarations reportées dans la suite de cet article tout en mentionnant néanmoins que l’affaire permet de s'interroger sur l’avenir de ce projet titanesque.
Beaucoup de joueurs souhaitent aujourd’hui avoir des infos concrètes sur un jeu, une entité unique et non une imbrication de différents modules développés à grand renforts de millions. Car si les modules de Dogfight, sociaux ou de FPS de Star Citzen s’intégreront au produit final, les déclarations reportées par l'article s’interrogent sur ses chances de sortie. En l’état, les ambitions de Chris Roberts n’augureraient rien de bon sur ce point précis . Car malgré son statut de jeu le plus backé de tous les temps, Star Citizen aurait déjà grignoté la bagatelle de 82 millions de dollars sur les 90 millions récoltés auprès des joueurs. Cloud Imperium demeure en l'état peu loquace sur les dépenses réelles du studio, ce chiffre mérite donc éclaircissements quant à ses sources. Malgré ça, les accusations de l'article continuent :
Ils ont dépensé 82 millions de dollars, et qu’est-ce que cela a servi à faire ? Il y a une démo, une démo de course, un seul niveau du module FPS, et une zone dans laquelle on peut se promener à pied. Pour 82 millions de dollars.
Ce que nous réserve Star Citizen, présentation vidéo
Le projet est accusé de démesure, C.Roberts ne penserait qu’à l'apparat et non au jeu en lui-même. Selon l'article toujours, une partie des développeurs souhaitent que le projet arrête de se focaliser sur les démonstrations lors des salons ou sur ses effets d’annonces pour enfin se mettre véritablement au travail sur le jeu en lui-même.
L’article de Lizzy Finnegan évoque aussi l’environnement de travail au sein du studio, jugé toxique selon sa source. Chris Robert ne serait pas en effet ce que l’on pourrait qualifier de patron conciliant. Insultes, pressions sur les employés et compétition exacerbée entre les équipes seraient monnaie courante chez Cloud Imperium. Y est dressé le portrait d’un leader impulsif voulant garder le contrôle absolu sur toutes les facettes du développement :
La réponse immédiate de Chris à tous les problèmes et d’insulter les gens et d’accuser tout le monde d’être des idiots. Il était comme l’oeil de Sauron. Plus personne ne voulait dire quelque chose dans un mail ou lors d’une réunion qui aurait pu faire pointer l’oeil sur lui. Il ne peut pas contrôler son tempérament et n’a aucun problème à faire éclater des engueulades en public.
Face aux rumeurs, Chris Roberts défend son projet
Une nouvelle fois, ces accusations sont à prendre avec un extrême recul au vu de leur source douteuse. Désinformation, nouvelle vendetta masquée de Derek Smart vis à vis du jeu, la question est légitime. Chris Roberts a d'ailleurs répondu à ces allégations dans un long message posté dans la soirée d’hier sur le site officiel de Star Citizen. Il y revient sur ces accusations qu’il dément fermement. Pour lui, le développement de Star Citizen suit son cours de façon normale et la sortie des récents modules prouve que l’avenir du projet se porte bien. Il estime aussi que Cloud Imperium fait preuve de suffisamment de transparence concernant l’avancée du projet avec ses rapports mensuels effectués à la communauté. Selon lui toujours, le studio emploie actuellement plus de 261 personnes sur deux continents, réparties en quatre entités. Il existera donc toujours des anciens employés mécontents dans un projet d’une telle envergure.
Je ne connais pas d’autres projets disposant du même niveau de décisions participatives que nous sur Star Citizen. Je dois négocier tous les jours avec des centaines de directeurs et de développeurs juste parce que nous sommes le plus grand projet de jeu à développement ouvert de l’histoire.
Dans les faits, la dernière avancée tangible du projet pour les joueurs est le module social, rendu disponible en août dernier. Il permet d'explorer certaines zones du jeu avec jusqu'à 24 joueurs simultanément. Il est par exemple possible d’y visiter la ville d'ArcCorp et de discuter avec d’autres personnes via un chat ou par l’intermédiaire d’emotes. Le module FPS ne devrait par tarder à débarquer en jeu et Cloud Imperium nous présentera bientôt les détails de la campagne Squadron 42 ainsi que la carte de l'univers. Le projet avance donc, certes à son rythme, mais il progresse tout de même.
La polémique autour de cet article soulève toutefois des questions sur la gestion des projets d'une telle envergure. Comment communiquer au mieux pour rendre compte de l'avancé du développement ? Peut être que Star Citzen subit le revers de la médaille de son système de développement par modules. La CitizenCon du 10 octobre prochain permettra sans doute à Cloud Imperium de clarifier les choses. Wait & see donc.