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Tatsumi Kimishima a été élu hier à la tête de Nintendo afin de remplacer les gérants provisoires Shigeru Miyamoto et Genyo Takeda. Ces derniers occupaient eux-mêmes le poste laissé vacant par Satoru Iwata, décédé le 11 juillet dernier. Vous vous en doutez sûrement déjà, mais cette période trouble va engendrer beaucoup de changement au sein de la société japonaise.
Avec un changement de présidence et de direction et les deux figures emblématiques que sont Miyamoto et Takeda réassignées à de nouveaux postes, on peut parler de grand chambardement chez Nintendo. Pour la presse nippone, Iwata n'aurait pas nécessairement porté son choix sur Kimishima de son vivant bien que ce dernier ait pressenti l'échec de la Wii U. Il aurait en effet préféré qu'une personne plus jeune prenne sa place sans qu'un profil en particulier ne se dégage pour autant. L'élection de Kimishima aurait également eu lieu dans des circonstances quelque peu précipitées afin de pallier l'absence de direction au plus vite.
Une orientation stratégique dans la lignée d'Iwata
Quoiqu'il en soit, Kimishima a déclaré au journal Nikkei avoir été élu seulement pour une année dans un premier temps, année qui tiendra en quelque sorte lieu de période de probation. Il a de plus affirmé n'avoir reçu aucune directive d'Iwata avant son décès, qu'il ne changera pas du tout au tout les précédentes stratégies mises en place de son vivant et qu'il poursuivra donc les efforts stratégiques initiés par l'ex-président autour du QOL (qualité de vie), du mobile, de l'utilisation des licences et des amiibo.
Interrogé plus particulièrement sur la stratégie mobile par le Nikkei, Kimishima a affirmé qu'il ne modifierait en rien ce qui a déjà été prévu en collaboration avec DeNA. Ceci étant dit, si le développement des applications prévues pour l'année fiscale a déjà commencé, la première devant débarquer sur mobiles avant la fin de l'année sans qu'il ne s'agisse de Pokémon GO, il serait bien difficile de revenir en arrière. Les projets QOL et hardware de Nintendo restent quant à eux tenus secrets.
Mais une restructuration interne en approche
Si les stratégies évoquées ci-dessus vont être poursuivies comme Iwata l'aurait souhaité dans un premier temps, l'arrivée de Kimishima va tout de même impliquer pas mal de changements, particulièrement en interne. Le nouveau PDG parle en effet de vouloir trouver de nouveaux marchés et développer de nouvelles activités, mais sans entrer davantage dans le détail. Le plus gros changement à venir reste le remaniement de l'organisation de Nintendo, qui débutera dès demain, mercredi 16 septembre.
Kimishima prévoit en effet de restructurer de nombreux départements de la société. À commencer par la création de la filière Nintendo EPD, résultant de la fusion de Nintendo EAD et SPD, qui aura pour rôle de rapprocher les pôles de développement de jeux consoles et de jeux mobiles. Ensuite, le pôle Platform Technology Development regroupera les deux branches Integrated Research & Development et System Development, toujours dans l'optique de rapprocher les filières "sœurs" et donc d'accélérer à la fois le développement et la communication internes. Miyamoto et Takeda ont été assignés respectivement à la tête de ces nouveaux pôles, le premier en tant que Reponsable créatif et le second en tant que Reponsable de la technologie.
Enfin un tout nouveau département va être créé, baptisé Business Development. Ce dernier aura pour rôle d'étudier les recettes et les manières d'utiliser les licences Nintendo, la rentabilité des applications mobiles ainsi que celles des modèles économiques. De plus il aura certainement la charge d'explorer les nouveaux marchés et activités dont Kimishima parlait plus tôt. Si cette restructuration ne s'avère pas payante et que le PDG est amené à quitter son poste au terme de son mandat, il ne se dit pas non plus fermé à ce qu'une personne externe le remplace, ce qui serait une grande première dans l'histoire de Nintendo.
Conclusion
Même s'il se peut qu'il ne reste qu'un an à la tête de Nintendo, Kimishima ne perd pas de temps pour insuffler un nouvel élan ainsi que de nouvelles perspectives à la firme nippone. Il n'hésite pas à la restructurer sans que cela soit une mauvaise chose : regrouper des filières permet bien souvent de limiter la hiérarchie et les gros salaires qui vont de pair, dynamise en général la communication interne, en plus de faire disparaître l'inertie qui peut survenir lorsque trop de personnes interviennent dans le processus de décision.
Si le rapprochement des pôles "console" et "mobile" pourra effrayer certains fans, il s'agit au contraire d'une très bonne chose pour les développeurs mobiles qui seront décloisonnés des autres développeurs et pourront peut-être s'inspirer entre eux pour sortir des jeux dignes de ce nom, à la fois sur mobiles et consoles.
Enfin si l'arrivée d'un PDG externe pourra éventuellement effrayer quelques actionnaires historiques de Nintendo, un regard extérieur sur une société s'avère parfois des plus bénéfiques à l'instar de l'action de Carlos Ghosn pour le redressement de Nissan. Mais Nintendo n'aura certainement pas besoin de pareilles mesures, son dernier bilan financier étant plutôt positif. Nous en apprendrons certainement davantage le 28 octobre à venir, lors du prochain résultat trimestriel de Nintendo.
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