Depuis jeudi dernier, les amateurs de jeu de rôle japonais sont en ébullition puisque Tales of Zestiria a non seulement été annoncé, mais également confirmé dans le monde entier sur PlayStation 3. Il s’agit de l’épisode célébrant le vingtième anniversaire de la série, au même titre que Tales of the Abyss fêtait ses 10 ans et Tales of Xillia ses 15 ans.

En attendant d’en savoir plus à l’occasion du Jump Festa 2014 qui se déroulera les 21 et 22 décembre prochains au Japon et à l’occasion duquel une nouvelle vidéo sera dévoilée, les suppositions vont bon train grâce à la décortication minutieuse du seul trailer que nous avons à nous mettre sous la dent. Faisons donc ici le récapitulatif de toutes les informations ayant filtré et de toutes celles que l’on peut essayer de deviner. De ce fait, il ne s’agit là aucunement de communiqué officiel de la part de Namco Bandai, mais bien de la vision de connaisseurs de la série tentant de découvrir ce que nous réserve ce prochain hit de la PlayStation 3.

Attention, il y a un tout petit spoiler sur Kongwai, QQ et Galando de Tales of Innocence R et Tales of Hearts R dans le troisième paragraphe de la partie scénario.

Les personnages

C’est officiel, ce sont les quatre illustrateurs impliqués par le passé dans la série Tales of qui sont en charge des différents personnages de Tales of Zestiria :Kosuke Fujishima, Mutsumi Inomata, Daigo Okumura et Minoru Iwamoto. Pour l’instant, on sait que Kosuke Fujishima a dessiné le héros, Slay (Surei), d’où la ressemblance des traits du visage avec ceux de Jude Mathis de Tales of Xillia (d’autres lui attribuent un air de famille avec le protagoniste mis en avant par les trailers de Final Fantasy XIV, ce qui est assez vrai !). L’héroïne Alicia (Alisha) a quant à elle été créée par Daigo Okumura et c’est pourquoi beaucoup de personnes lui trouvent des traits communs avec les héros de Tales of Symphonia Dawn of the New World. De visage, elle ressemble carrément à Drossel de Tales of Xillia, et a plusieurs similitudes avec Sarah de Tales of Link (la couette latérale et la construction des vêtements).

On peut donc s’attendre logiquement à ce qu’au moins un héros de la série soit dessiné par l’une de ces quatre personnes. C’est une première pour la série, puisqu’en général, seuls Mutsumi Inomata et Kosuke Fujishima s’occupaient des personnages principaux. Dans le cas de Tales of Xillia, ils se partagent Milla, Leia et Rowen d’un côté, Jude, Alvin et Elise de l’autre, tandis que Daigo Okumura s’occupait des personnages secondaires, notamment toute l’équipe de Gaius. Si l’on considère que l’équipe d’un Tales of grimpe facilement à huit protagonistes, on imagine que chaque illustrateur sera en charge de deux d’entre eux, ce qui assure une diversité colorée au casting. Pour rappel, Minoru Iwamoto a entre autres créé les traits de Kanonno, l’héroïne de la trilogie Tales of the World Radiant Mythology. Pour finir, on remarque que l’épée avec laquelle se bat Slay dans le trailer a une très forte ressemblance avec Flamberge, arme récurrente dans la série et notamment attribuée au personnage de Kratos dans Tales of Symphonia.

Information de dernière minute, un magazine japonais vraisemblablement bien informé nous apprend dans ses colonnes que Slay est un jeune homme au grand cœur, toujours optimiste, qui part à l’aventure par passion des ruines antiques présentes dans le monde. Alicia est quant à elle une princesse, tout comme Estellise de Tales of Vesperia, et se comporte comme un garçon, allant jusqu’à utiliser un langage assez masculin.

Le système de combat

C’est indéniablement LA grande question de ce Tales of Zestiria, puisqu’aucune information n’a filtré lors de la conférence de présentation sinon un « nous ne pouvons pas vous en dire plus pour l’instant » qui ne fit que donner l’eau à la bouche du public. Cela dit, dans le tout premier trailer, on aperçoit durant une poignée de secondes Slay aux prises avec une sorte de minotaure (de 01:28 à 01:32). De ces quelques mouvements découlent énormément de suppositions, tâchons donc de les reprendre en les expliquant correctement.

Tout d’abord, on aperçoit Slay effectuer une esquive en pas de côté, ce qui rappelle grandement les esquives latérales de Tales of Graces (abandonnées dans Tales of Xillia, à la déception d’une partie des joueurs). Cela signifie-t-il un LMBS (Linear Motion Battle System) davantage axé sur le déplacement et l’esquive ? Possible. On note d’ailleurs que cet ennemi n’a pas été pioché dans un ancien opus comme c’est souvent le cas au sein de la série, ce qui pourrait annoncer un renouvellement du bestiaire, soit une très bonne nouvelle !

Par ailleurs, l’angle de la caméra et l’environnement sont très similaires à ceux du déplacement sur la carte. Etant donné que cette dernière a été présentée comme un open world, les esprits en sont rapidement venus à la conclusion qu’il s’agirait de combats en temps réel sans passer en « map combat », ce qui serait une grande première pour la série qui n’a pour l’instant jamais créé d’action-RPG (seul le beat them all Tales of the Heroes Twin Brave sur PlayStation Portable s’en approche avec plus ou moins de succès). Quoi qu’il en soit, restons très prudents avant de tirer de telles conclusions : la caméra en combat est propre à chaque opus Tales of et il se pourrait bien qu’elle ait cette fois été placée dans le dos du joueur (nouvelle similitude avec Tales of Graces) et en contre-plongée pour accentuer la ressemblance avec les phases d’exploration.

Les fans s’amusent sur les forums à imaginer ce que pourrait donner le LMBS de la série couplé à du A-RPG, en tentant un rapprochement avec les derniers Final Fantasy. On lit par exemple que le combat pourrait se déclencher traditionnellement au contact avec l’ennemi, mais que l’on ne changerait pas de zone : tout en restant sur la carte, les ennemis apparaîtraient en même temps que les alliés, tandis qu’une enceinte cloisonnerait la surface de combat pour revenir à la présentation classique utilisée depuis le début de la série. La courte scène de combat du trailer se termine avec ce qui ressemble à un mystique arte, et, encore une fois, similaire à ceux de Tales of Graces. Attendons sagement le trailer du 21 décembre pour tenter d’en savoir plus sur le système de combat de Tales of Zestiria.

Les graphismes

Beaucoup attendaient une totale refonte graphique. Finalement, Tales of Zestiria semble utiliser une version améliorée du moteur de Tales of Xillia. Pas de cel shading à la Tales of Vesperia, donc, et l’on retrouve ces héros de grande taille au visage fin et très typé manga, en espérant avoir droit à une bien meilleure palette d’expressions faciales que pour le précédent opus. Les environnements sont également très semblables à ceux de Rieze Maxia (qui n’a pas cru reconnaître le village d’Hamil dans le trailer ?) et semblent très colorés, axés sur le contraste verdoyant des prairies et bleuté du ciel. Les assimilations à Xenoblade Chronicles ou encore à la série Monster Hunter sont nombreuses sur la Toile. Hideo Baba a expliqué que cette nature serait primordiale dans le monde de Tales of Zestiria, comme elle l’était déjà dans Tales of Phantasia, mais que d’autres environnements seraient également de la partie, comme des volcans, des déserts ou encore des lieux enneigés. Normal, quoi.

Le moteur de Tales of Xillia a la principale particularité de générer les polygones avec un sacré retard, notamment dans les villes où il y a beaucoup d’habitants à afficher. On retrouve déjà ce problème avec Tales of Zestiria dans le premier trailer, puisqu’à 01:36, un buisson apparaît seulement à quelques mètres du héros (sur la droite) tandis que le décor du fond est déjà affiché. Tâchons de se rassurer en mettant cela sur le dos de l’open world et de sa grande quantité d’élément à générer, tout en espérant que la version finale du jeu aura corrigé ce genre de détails. Par ailleurs, il faudra sûrement attendre le premier Tales of PlayStation 4 pour voir une refonte totale du moteur graphique (en cel shading s’il vous plaît monsieur Baba !).

Enfin, rappelons que c’est ufotable qui s’occupera des cinématiques manga de Tales of Zestiria, comme c’était déjà le cas pour Tales of Xillia et Tales of Xillia 2. La particularité de ce studio, qui prend ainsi la succession de Production I.G, est de créer des décors absolument sublimes (regardez juste les vingt premières secondes de l’introduction de Tales of Xillia 2…) et une animation mieux maîtrisée dans le mouvement des personnages. En revanche,les nez des héros habituellement très pointus se retrouvent carrément arrondis, bien trop au goût du rédacteur de cet article qui espère que Slay et Alicia retrouveront la même truffe affûtée que celle de Yuri ou d’Asbel.

Le scénario

Commençons par le titre du jeu : Zestiria vient de l’anglais zest qui, selon Hideo Baba, renvoie à la passion, au charme, à l’enthousiasme. Les titres ont toujours eu un sens plus ou moins lié avec l’histoire narrée dans les opus de la série. Côté scénario, seuls les éléments fournis lors de la conférence nous sont connus. L’histoire se déroulera dans le monde de Greenwood lui-même séparé en deux grandes puissances, le royaume d’Highland et l’empire de Lawrence (ces noms propres ne sont que des interprétations de l’écriture japonaise basée sur la phonétique, ils n’ont donc rien d’officiel et sont susceptibles de s’écrire autrement, voire de changer carrément comme c’est parfois le cas de la version japonaise aux versions occidentales du jeu).

Vraisemblablement, un grand conflit oppose ces deux pays dont les cultures sont très différentes. Enfin, les « Gens du ciel » seraient des entités invisibles puissantes jouant un rôle primordial dans l’intrigue. S’agit-il des fameux dragons, placés au centre de l’intrigue ? Nous n’en savons plus à l’heure actuelle. Indéniablement, on replonge là dans de l’heroïc fantasy à pleine dose, chemin dont la série s’était quelque peu éloignée avec Tales of Xillia 2 (dans lequel on reçoit sur son téléphone portable, en direct et en vidéoconférence la somme de remboursement que l’on doit à la société bancaire qui gère notre dette, rien que ça). Le site de teasing traitait quant à lui de « l’héritage du prophète », dont l’avènement dissiperait les ténèbres du mal et sauverait le monde. Il y a fort à parier que cet élu sera l’un des héros principaux, tout comme Colette dans Tales of Symphonia.

Si je puis me permettre un avis personnel, j’apprécierais beaucoup que cet univers soit celui en commun avec la trilogie R prévue sur Vita : Kongwai correspond bien au style royaume, tandis que QQ et Galando colleraient parfaitement à l’empire. Par ailleurs, le teasing de Tales of Zestiria avait pour support un grimoire, grimoire que l’on aperçoit également entre les mains de Slay dans le trailer et sur la première vraie image du jeu dévoilée*, grimoire qu’il est actuellement possible de gagner en participant à un concours réservé au Japon… Le style de combat de Kongwai n’est-il pas lui-même basé sur des grimoires ? En outre, si Tales of Zestiria sortira probablement en 2015, cela laisserait le temps à Namco Bandai de sortir Tales of the Tempest R sur PlayStation Vita, d’introduire davantage, via de nombreuses questions, la dimension commune à la trilogie R, et de conclure le tout en beauté sur PlayStation 3 avant de passer pour de bon à la génération PlayStation 4. Certains penseront qu’un tel raisonnement tient du délire d’un passionné, et c’est très sûrement le cas, mais avouez, ce serait tout bonnement énorme, non ?

• Il faut avoir l’œil pour le voir, on aperçoit en bas à gauche sur cette image les marque-pages glissés dans le livre tel qu’il était montré sur le site de teasing.

Le choix du support

Beaucoup s’indignent de ne pas voir sortir Tales of Zestiria sur PlayStation 4. Sans rentrer dans les conflits propres à la guerre des consoles, tentons de comprendre pourquoi c’est bien la PlayStation 3 en fin de vie qui a été choisie. Au Japon, la PlayStation 4 n’est pas encore sortie et n’arrivera que début 2014, aussi semble-t-il plus logique pour un éditeur que de sortir un jeu sur une console possédée par près de dix millions de Japonais (source Media Create) que sur un tout nouveau support qui n’a pas encore fait ses preuves sur l’Archipel.

Par ailleurs, de nombreux lecteurs s’insurgent du peu d’épisodes Tales of paraissant sur les consoles Nintendo et Microsoft. Traditionnellement, la série Tales of est implantée au Japon sur les consoles Sony, aussi la conférence de présentation de Tales of Zestiria a-t-elle été introduite par un des présidents de Sony Computer Entertainment Asia qui a rappelé combien la série de Namco Bandai était proche de ses consoles.Cela dit, rien n’exclut la sortie future d’un épisode Tales of sur une autre plate-forme : depuis Tales of Phantasia en 1995, toutes les consoles de salon et portables de Nintendo hormis la Nintendo 64 ont eu leur(s) opus propre(s). Peut-être Namco Bandai décidera-t-il de tenter l’aventure sur Wii U pour exploiter astucieusement son GamePad ? En revanche, Microsoft n’arrivant pas véritablement à s’implanter au Japon face à la concurrence patriotique de Sony, il semble logiquement plus difficile de voir un nouvel opus sortir sur Xbox One (ces mots sont ceux d’un analyste amateur, ne voyez absolument rien d’officiel dans ces prévisions).

Conclusion

Si cet article n’a pour vocation que de résumer et d’interpréter toutes les informations fournies sur Tales of Zestiria depuis le jeudi 12 décembre, il permet aussi et surtout de montrer qu’à peine annoncé, ce nouvel épisode Tales of suscite bien des émois de la part du public japonais comme occidental. Tales of Zestiria ne sera finalement pas le Tales of next-gen que beaucoup attendaient et clôturera très sûrement la génération PlayStation 3, espérons-le en corrigeant les défauts que certains trouvent à ses prédécesseurs.

Il ne reste plus qu’à attendre les prochaines informations que Namco Bandai voudra bien nous fournir au fil des prochains mois, à commencer par le nouveau trailer qui sera dévoilé au Japon le 21 décembre. Pour ce qui est de l’Europe, n’oubliez pas que Tales of Symphonia Chronicles paraîtra sur nos PlayStation 3 le 28 février prochain et que Tales of Xillia 2 est prévu sur la même console pour le courant de l’année 2014.

De nombreuses images ci-dessus sont directement tirées de la conférence diffusée uniquement en streaming, d’où leur basse qualité.