Depuis qu'elle a été diffusée, la jaquette de Bioshock Infinite n'en finit pas de susciter critiques acerbes et moqueries diverses. Le principal reproche qui lui est adressé étant son aspect générique, cliché et stéréotypé, bref de ressembler à la plupart des packshots du jeu vidéo et autres affiches de cinéma. Si les raisons d'un tel choix sont assez évidentes, Ken Levine tient tout de même à les expliquer avec ses propres mots chez Wired. En voici quelques morceaux choisis. Tout a commencé lorsque l'équipe de développement est allée voir quelques joueurs lambda, ne suivant pas spécialement l'actualité, pour découvrir que ces derniers n'avaient aucune idée de ce que pouvait bien être Bioshock. Un problème quand on essaie de vendre un jeu à un maximum de personnes. Toute cette histoire de visuel revient donc évidemment à une chose : attirer le regard des clients qui ne vous connaissent pas.
Le monde du jeu, on l'oublie parfois, est important pour nous, mais... il y a des tas de produits que j'achète sans passer du temps à y réfléchir. La sauce pour ma salade. S'il y a une nouvelle sauce pour salade qui sort, je n'en aurai aucune idée. J'utilise de la sauce pour salade ; je ne lis pas Sauce Salade Magazine. Je me fiche de savoir qui l'a faite. Je ne connais aucune des personnalités du business de la sauce salade. Pour certains, les jeux sont comme la sauce salade. Ou les films, ou les séries télé.
Ken Levine poursuit son explication, rappelant que les jeux coûtent cher à développer et qu'il est important de s'assurer de leur succès commercial, mais également que leur prix d'achat élevé oblige à tout faire pour attirer des acheteurs non informés. Une mission qui repose en grande partie sur la jaquette.
J'ai regardé la couverture de Bioshock 1, un jeu dans lequel j'étais lourdement impliqué et que j'ai aimé, que j'ai adoré. J'ai pris du recul et je me suis dit, si je suis juste un mec, j'aime les jeux mais je n'y prête pas attention... Si je vois cette jaquette sur la boîte, qu'est-ce j'en pense ? Eh bien je pense que c'est un jeu à propos d'un robot et d'une petite fille. J'ai essayé d'être honnête avec moi-même. [...] Est-ce que j'achèterais ce jeu si j'avais 60 dollars et que j'achetais 3 jeux par an ? Est-ce que j'aurais seulement pris la boîte sur le rayon ?
Levine assure même que lorsqu'il a vu la jaquette de System Shock, alors qu'il a travaillé sur sa suite et que les deux jeux sont évidemment cruciaux dans son parcours, il l'a reposé sur le rayon faute d'avoir compris ce qu'il avait entre les mains.
Je voulais que les gens non informés qui ne lisent pas IGN prennent la boîte et se disent "ça a l'air cool, fais voir derrière. Oh une cité volante, oh regarde cette fille, Elizabeth. Regarde cette créature". Et qu'ensuite ils se renseignent à ce sujet.
Sa conclusion est qu'une jaquette générique et tape-à-l'oeil est finalement un petit prix à payer pour assurer la pérennité d'une série comme Bioshock et qu'il vaut mieux, pour en vendre un maximum, que des concessions soient faites sur sa couverture plutôt que sur son contenu. Et si cela ne suffit pas, sachez qu'Irrational proposera des jaquettes alternatives et que des artworks pourront être téléchargés pour remplacer le packshot officiel. En attendant, on peut continuer à se demander pourquoi Bioshock Infinite a cristallisé à lui seul la rage des joueurs envers un phénomène qui n'a rien de nouveau et qui touche la plupart des jaquettes ou des affiches de films.