Le pitch du FPS Medal of Honor : Warfighter, qui vous envoie au Moyen-Orient combattre des groupuscules islamiques séparatistes et des cellules d'Al-Qaïda, pourrait être jugé quelque peu dérangeant. Mais il ne s'agit finalement que de jeu vidéo. Sauf qu'Electronic Arts semble avoir franchi la ligne rouge.
Visiblement très fier du partenariat entre son studio Danger Close et des fabricants d'armes et d'accessoires militaires renommés, un partenariat destiné à améliorer le réalisme et l'immersion dans le jeu, EA ne manque pas une occasion de le mettre en avant, que ce soit sur le site officiel du jeu, ou par le biais de trailer promotionnel, comme cette vidéo dédiée au fabriquant d'armes blanches SOG. Mais l'éditeur américain est sans doute allé trop loin en vendant une arme - un Tomahawk militaire aux couleurs de Medal of Honor Warfighter - sur le site officiel du jeu, et en y incluant plusieurs liens vers des sites de fabricants d'armes et d'accessoires militaires, où il est possible de se procurer en toute innocence, par exemple, un fusil de sniper.
Voilà qui n'a pas manqué de faire polémique : certains observateurs se sont récemment fendus d'éditoriaux bien salés, jugeant la démarche scandaleuse. Et si quelques personnalités anti-jeux vidéo, stimulées par la polémique sur la détention d'armes qui anime actuellement les Etats-Unis suite à la tuerie d'Aurora, n'ont pas manqué de monter violemment au créneau, on trouve aussi quelques billets intelligemment tournés, comme celui que l'on peut trouver sur le site Gameological.com. L'auteur, qui prend suffisamment de recul pour livrer une analyse pertinente et plein de bon sens, déclare notamment :
Si nous voulons que les jeux vidéo violents restent moralement justifiables, il nous faut absolument préserver la distance entre les FPS et la réalité.
Il est vrai qu'en vendant des armes aux couleurs du jeu, Electronic Arts ne contribue-t-il pas à faire l'amalgame entre expérience vidéoludique et réalité ? Attaqué de toutes parts, l'éditeur s'est borné à déclarer qu'il ne tirerait aucun profit de la vente des Tomahawks, les bénéfices étant destinés à des oeuvres charités de consacrées aux familles de soldats morts. Mais il a aussi pris soin de retirer le Tomahawk du site officiel de Medal of Honor : Warfighter, ainsi que de supprimer les liens pointant vers les fabricants d'armes. Cela suffira-t-il à faire retomber la polémique autour de ce titre sulfureux ? Rien n'est moins sûr.