Sous le nom barbare de SOPA (pour Stop Online Piracy Act) se cache un nouveau projet de loi américain appuyé par l'industrie de la musique, du cinéma, mais aussi du jeu vidéo, et présenté à la chambre des représentants le 26 octobre dernier. Son but avoué : contrer le piratage et la contrefaçon sur Internet et élargir les droits des auteurs et des ayants droit. La loi s'accompagnerait de mesures drastiques qui font d'ores et déjà bondir de nombreuses organisations protégeant la liberté sur Internet.
L'une d'entre elles préconisait non seulement le blocage pur et simple par les fournisseurs d'accès des sites Internet accusés de violer la loi sur le droit d'auteur, sans aucune procédure judiciaire préalable, mais aussi le filtrage par DNS de sites étrangers qui, supposément, "rendent possible, se livrent ou facilitent" la violation du copyright ! De plus, d'autres sites entretenant des liens commerciaux avec un site accusé de répandre du contenu illégal pourraient eux aussi être poursuivis. La mesure particulièrement controversée concernant le blocage du nom de domaine a depuis été retirée, mais le combat contre le projet ne fait pourtant que commencer.
Aujourd'hui, un mouvement de protestation de grande ampleur s'organise donc directement sur Internet, et plusieurs sites majeurs sont déjà entrés en mode "black-out", à l'image de la version américaine de Wikipedia, inaccessible pendant 24 heures. Dans la liste des sites ayant décidé de montrer leur soutien, on retrouve rien de moins que Google, qui a voilé de noir son fameux logo pour l'occasion, Mozilla, Wordpress, Craiglist, Flickr ou encore Minecraft.net. Au total, on estime que 7.000 sites ou blogs devraient rejoindre le mouvement ce 18 janvier. D'autres évènements sont organisés, et, dans le milieu du jeu vidéo, Ludum Dare prévoit même un concours virtuel de création de jeux vidéo indépendants nommé le SOPAJam. Le sujet ? Cette fameuse loi SOPA ! Notch (créateur de Minecraft) a d'ailleurs annoncé sa participation au projet.
Comme on le disait, l'Entertainment Software Association (ESA, organisation regroupant les principaux acteurs économiques du marché du jeu vidéo aux Etats-Unis) soutenait le projet et l'a même financé à hauteur de 190.000 dollars afin de le promouvoir. Mais les éditeurs et les développeurs sont loin d'être unanimes, certains studios ayant même pris la position inverse, à l'image d'Epic Games, Bungie, Mojang, ou encore Riot Games (League of Legends).
Au final, cette loi SOPA a finalement très peu de chance d'être adoptée dans sa forme actuelle, et est désormais particulièrement impopulaire aux Etats-Unis, la Maison Blanche l'ayant même menacée d'un veto présidentiel, si jamais elle venait à être adoptée. Ceci dit, les acteurs du Web comptent bien maintenant la pression afin de s'opposer également à une loi PIPA (pour Protect IP Act), loi au but similaire présentée au Sénat américain. Autant dire que de nombreuses batailles restent encore à mener par les défenseurs de la liberté sur Internet.