Français installé au Canada, Matthew Berger est un designer qui a travaillé sur The Outfit. Il évoque pour nous son travail et son quotidien au sein de Relic. C'est très reposant de parler jeux vidéo avec un intervenant qui répond dans la langue de Molière...
jeuxvideo.com > En quoi consiste plus précisément votre travail ?
Matthew Berger : En tant que concepteur, je suis plus particulièrement chargé des campagnes solos du jeu.
jeuxvideo.com > Vous qui parlez français, comment pourrait-on traduire le titre "The Outfit" et comment se traduit-il effectivement dans le jeu ?
Matthew Berger : Un "Outfit", c'est entre autres un petit groupe, en l'occurrence de soldats, une équipe, une bande... Dans le jeu, ça se traduit de deux manières. On a d'abord trois personnages qui forment un groupe et l'histoire les suit. Mais, quand on a choisi le personnage qu'on désire diriger, il est rejoint par quelques soldats, une sorte de "mini-outfit".
jeuxvideo.com > Quelles sont les caractéristiques de ces trois personnages ?
Matthew Berger : Il y a J.D., un black avec un fusil à pompe, un fusil de sniper et des cocktails Molotov. C'est le plus rapide du groupe mais il possède un peu moins de points de vie. Il y a le chef de groupe qui est Deuce McAllister. Au niveau des caractéristiques, il se situe au milieu : ni très rapide ni trop lent. Il manie le bazooka et le Colt.45. Enfin, on a Tommy Mac qui est le plus lent mais le plus résistant avec son lance-flammes et sa mitraillette Thompson.
jeuxvideo.com > Bizarrement, Tommy Mac n'est pas sans rappeler Sarge dans "Commandos". Auraient-ils été séparés à la naissance ou est-ce un hommage ?
Matthew Berger : C'est un grand classique, le Marine dur et dangereux pour ses ennemis avec une voix profonde et un regard ténébreux. Mais attention, un dur au grand coeur ! (rires)
jeuxvideo.com > Contrairement aux présentations précédentes, notamment celle de Vancouver il y a quelque temps, le jeu est défini comme un titre de stratégie et d'action. Avant, vous mettiez l'accent sur le côté stratégie. Mais justement, un jeu de "stratégie et d'action" n'est-il pas dans les faits qu'un jeu d'action ?
Matthew Berger : Il est clair que c'est l'action qui prime. C'est le côté "fun" du jeu : faire sauter un tank, appeler un canon et l'utiliser... La stratégie est surtout là pour que le principe ne devienne pas monotone et offrir une dimension supplémentaire au jeu. C'est surtout important pour le multijoueur. Il ne faudrait pas qu'on se retrouve à toujours faire la même chose jusqu'à mourir d'ennui.
jeuxvideo.com > Le résultat à l'écran est très clinquant. Quand on traite de la Seconde Guerre mondiale, pensez-vous que ce rendu très moderne soit bien adapté ?
Matthew Berger : Nous avons pris le parti de ne pas être trop réaliste et de rester dans des teintes plus "cartoon". Ca se traduit effectivement par la palette graphique qui s'éloigne de ce qu'on a pu voir dans "Call of Duty", par exemple, qui utilise des teintes un peu plus foncées, plus sales. C'est un choix délibéré.
jeuxvideo.com > Justement pourquoi avoir choisi la Deuxième Guerre mondiale qui est un sujet grave et non pas un contexte de science-fiction ou autre qui vous dédouanerait des critiques du genre "On ne peut pas rire de ça." ?
Matthew Berger : Avant tout, je vous rappelle que la Seconde Guerre mondiale a déjà été traitée avec humour. On pourrait parler de la "7ème Compagnie" par exemple. Mais c'est surtout qu'en tant que développeur, on finit par en avoir assez de travailler sur des jeux se déroulant durant ce conflit, en tant que testeur ou journaliste, on en a marre de les voir mais finalement le public aime ça. Et quand on fait un jeu sur la Seconde Guerre mondiale, on a toute une bibliothèque de films qui nous reviennent en mémoire et on a déjà un réservoir d'émotions qui correspond aux goûts du public. Et le but, c'est avant tout que le joueur s'amuse et lui offrir ce qu'il veut.
jeuxvideo.com > Relic est un développeur qu'on serait tenté de qualifier de "culte" dans la mesure où il a su se créer un cheptel de fans qui le suivent fidèlement. Comment gérez-vous cet état de fait alors que vous proposez un produit différent sur une machine qui n'est pas votre support de prédilection ?
Matthew Berger : Il est évident que ça ne peut pas s'adresser au même public qu'Homeworld puisque c'est sur console et que le public console et PC n'est pas le même. Alors peut-être que ceux qui nous découvriront avec "The Outfit" auront envie d'aller voir ce que nous avons déjà fait sur console. Quant aux fans qui pourront faire la comparaison, j'espère qu'ils nous renouvelleront leur confiance en voyant le soin que nous apportons à un jeu action/stratégie.
jeuxvideo.com > Mais cette ouverture peut-elle signifier qu'à l'avenir Relic sera capable de faire tout et n'importe quoi ? En cas de succès, vous allez peut-être envisager un jeu de courses, non ?
Matthew Berger : "Tout et n'importe quoi", je serais tenté de répondre oui car j'ignore complètement ce que nous allons faire à l'avenir. On s'est ouvert sur la console. On est sérieux. On va continuer à faire des jeux console. Quant au jeu de courses "Relic", c'est possible. Ce n'est pas un projet effectif mais on ne sait jamais.
jeuxvideo.com > Juste avant "The Outfit", vous aviez travaillé sur "Warhammer". Comment change-t-on ainsi d'univers et de support ? Y'a-t-il un temps d'adaptation ?
Matthew Berger : Il faut forcément que cela se fasse tout seul car c'est quand même mon travail mais, d'un autre côté, il y a effectivement un temps d'adaptation. Il faut découvrir le jeu. En l'occurrence, je suis arrivé assez tôt mais en cours de route. Il a donc fallu que j'assimile de quoi le jeu était fait.
jeuxvideo.com > Est-ce que ce genre de changement représente une progression ?
Matthew Berger : Oui car "The Outfit" fait partie d'un genre différent que celui sur lequel j'ai l'habitude de travailler. Ca me permet de faire des choses différentes, de passer d'un langage à un autre. En plus, Relic est une grosse entreprise avec 160 salariés et cela m'offre la possibilité d'intégrer une nouvelle équipe, de faire connaissance avec des gens qui ont une expérience différente. Par conséquent, ça m'évite de ressasser les mêmes idées.
jeuxvideo.com > Selon vous le multijoueur de "The Outfit" est-il le mode dans lequel le jeu donne le meilleur de lui-même ?
Matthew Berger : Clairement ! D'abord, même si c'est une évidence, parce que le multi a une plus grande durée de vie que le solo. Mais surtout parce que du fait qu'on dirige une escouade, il y a de la vie sur le niveau dès qu'on est deux joueurs. On n'a jamais l'impression d'être seul face à quelqu'un mais de faire face à une armée. Et quand huit joueurs se réunissent pour une partie dans laquelle ils dirigent une escouade et où ils peuvent réclamer des renforts en hommes, ça devient la foule. Je ne vais pas dire qu'il y a des centaines de soldats sur le terrain mais c'est quand même un nombre qui s'écrit à trois chiffres.
jeuxvideo.com > merci, M. Berger
- Site officiel de The Outfit