Après la Games Convention de Leipzig, petite escale parisienne pour Hideki Konno. Avec lui, nous revenons sur l'un des titres les plus atypiques que Nintendo s'apprête à sortir en France : Nintendogs.
jeuxvideo.com > Peut-on vraiment considérer Nintendogs comme un jeu ?
En tout cas, depuis le tout premier moment où j'ai présenté le projet à Nintendo, je n'ai jamais utilisé le terme "Jeu". En fait, j'en parle toujours comme d'un "logiciel", surtout auprès de Nintendo. Je ne voudrais pas que les gens puissent s'imaginer qu'on peut comparer Nintendogs avec un jeu lambda.
jeuxvideo.com > Le prenez-vous mal quand on vous dit qu'il ne s'agit que d'un tamagotchi amélioré ?
Selon moi, Nintendogs n'a rien à voir avec un tamagotchi et ce pour des raisons très claires. Il y a d'innombrables simulations d'animaux familiers ou sauvage de par le monde mais Nintendogs est vraiment un cas à part. Par exemple, dans Nintendogs, les chiots ne vieillissent jamais et, par conséquent, ne meurent jamais. Je ne voulais pas que le public soit obligé d'allumer Nintendogs tous les jours pour nourrir les chiots ou en prendre soin de quelques manières que se soit. Nous voulions avant tout que les gens s'amusent en communiquant avec les chiots.
jeuxvideo.com > Quel genre de public Nintendogs a-t-il glané au Japon ?
Le retour que nous avons eu jusqu'à présent au Japon nous a appris que Nintendogs plaisait à énormément de publics différents. Cela va des enfants en bas âge, disons 5 ans, jusqu'aux seniors. Nous nous approprions même une audience très peu représentée dès qu'on parle de jeux vidéo : les femmes. Mais le plus intéressant, c'est sans doute que des personnes qui possèdent des chiens bien réels s'amusent elles aussi avec les chiots de Nintendogs. Enfin, il séduit ceux qui voudraient bien en avoir mais ne peuvent pas pour des raisons diverses et variées.
jeuxvideo.com > Est-ce représentatif de vos attentes au moment où vous développiez Nintendogs ?
Un des objectifs déclarés de Nintendogs était de séduire le plus large éventail de personnes qu'on puisse imaginer. Dès le début du développement, il nous a semblé essentiel d'insuffler à Nintendogs des éléments qui ne sont pas loin de ceux d'un logiciel éducatif afin de capter l'attention de personnes qui, généralement, ne s'intéressent pas aux jeux vidéo.
jeuxvideo.com > Pensez-vous que le principe de Nintendogs soit aussi attractif pour le public européen qu'il l'est pour le public japonais ?
Je crois que Nintendogs possède un intérêt universel car je suis certain que pour tout le monde, quel que soit son pays d'origine, l'envie de s'amuser avec les chiots en leur apprenant de nouveaux tours sera universelle. Mais les chiots en eux-mêmes ne représentent pas le seul intérêt de Nintendogs ni le seul intérêt capable d'engendrer de l'intérêt à travers le monde entier. N'oublions pas que la DS constitue une toute nouvelle manière de jouer. Par exemple, on peut caresser les chiots grâce à l'écran tactile, leur parler via le micro... Toute cette interaction rend elle aussi Nintendogs universel car elle génère en fait une émotion, dénominateur commun de tous les êtres humains.
jeuxvideo.com > Dans quelle mesure diriez-vous que Nintendogs est similaire à la possession d'un vrai chien ?
La principale similitude qui m'apparaît entre ce que propose Nintendogs et la possession d'un chien réel est la communication qui s'établie entre lui et son maître. D'un autre côté, le fait de ne pas avoir à s'en occuper tous les jours constitue sans doute la plus grosse différence entre Nintendogs et la réalité.
jeuxvideo.com > Quels autres animaux pourraient être traités dans un jeu similaire à Nintendogs ?
Je pense que les options sont nombreuses. D'ailleurs, beaucoup de monde ont contacté Nintendo en disant par exemple : "Pourquoi ne pas pas faire Nintencats ?", etc. En fait, les chats faisaient partie des candidats sérieusement envisagés alors que nous n'en étions qu'aux balbutiements du développement. Mais nous avons préféré les chiens car on peut faire plus de choses avec eux : les sortir, les entraîner pour un concours de Frisbee et leur apprendre des tours. On ne peut pas apprendre ce genre de choses à un chat.
jeuxvideo.com > Et pourquoi pas des dauphins ?
Peut-être. C'est possible...
jeuxvideo.com > Selon quels critères avez-vous choisi les races de chiens présentes dans Nintendogs ?
Inutile de le nier, la sélection des races dépend avant tout de critères personnels. C'est nous qui les avons choisies pour des raisons souvent très subjectives. Mais au Japon, comme dans d'autres pays, il existe de nombreuses associations canines et ça nous a permis de voir quels sont les chiens qui connaissent le plus de succès auprès du public et de faire notre choix de races également en fonction de cela.
jeuxvideo.com > Mis à part l'écran tactile et le micro, dans quelle mesure la DS était-elle la console idéale pour accueillir Nintendogs ?
Vous avez déjà pratiquement tout dit. N'oublions pas toutefois que la DS propose également un système d'échange de données sans fil. Par conséquent, quand vous croisez dans la rue quelqu'un qui utilise aussi Nintendogs, les chiots vous pouvoir se rencontrer. Eventuellement, les interlocuteurs pourront s'échanger divers objets en guise de cadeaux ou des messages pour donner leur avis sur les chiens des uns et des autres.
jeuxvideo.com > N'avez-vous pas été tenté durant le développement de faire de Nintendogs quelque chose d'un peu plus épique que la vie quotidienne d'une bande de chiots ?
En développant Nintendogs, l'idée était de permettre aux utilisateurs de communiquer au maximum avec les chiots. Si nous étions parti dans une autre direction ou si nous avions dévié de cette ligne, nous aurions très certainement dû revoir cette aspiration à la baisse. Reste qu'on peut faire dans Nintendogs des tas de choses qui restent impossibles ou fort peu recommandables dans la vie réelle. Vous avez déjà essayé de faire porter des lunettes de soleil ou un chapeau de cowboy à un chien ?
jeuxvideo.com > A l'heure actuelle, il se vend presque deux fois plus de DS que de PSP au Japon. Pensez-vous que Nintendogs y soit pour quelque chose ?
Mon opinion, et je pense qu'elle est partagée par d'autres personnes largement plus influentes que moi au sein de Nintendo, c'est que nous ne développons pas des titres en nous laissant guider par des idées de concurrence. Toujours selon moi, Nintendo regarde dans une direction, Sony et Microsoft regardent dans d'autres directions. A mon niveau, je ne fais que développer des jeux. Je n'ai pas à réfléchir en terme de concurrence.
jeuxvideo.com > Soit mais les chiffres sont là. En tant qu'acteur du marché, quel est votre avis sur cette différence ?
Comme vous le savez, Nintendo est sur le marché des portables depuis des années et des années. En ce qui concerne la DS en particulier, cette console ne s'inscrit pas uniquement dans la suite logique d'une expérience courant sur cette longue période. Elle est une expérience en elle-même, développée sans que pour autant Nintendo cesse de travailler sur les successeurs de la GameBoy. Nous avons voulu que la DS soit différente des autres machines portables. Il en va de même pour les titres dont ces nombreuses capacités inédites tirent le meilleur. C'est pourquoi je ne suis pas certain qu'on puisse parler de concurrence ou même qu'on puisse comparer les chiffres de vente.
- Site de Nintendo