C'est une décision qui interrogera pendant, a minima, quelques jours les joueurs : Square Enix a décidé de sortir, en même temps que sa version démo de Final Fantasy VII Rebirth, un jeu en ligne, un titre online coopération disponible pour tous les abonnés PlayStation Plus. Une belle surprise qui luit par sa direction artistique mais qui manque tout de même d'épaisseur.
Final Fantasy VII : Rebirth est le jeu le plus attendu de 2024. Outre sa victoire aux Game Awards dans la catégorie dédiée, le deuxième épisode de la trilogie fait l’objet d’un soin particulier : il a bénéficié d’un State of Play d’une vingtain de minutes rien que pour lui hier soir. Une conférence qui s’est conclue en annonçant la publication quelques minutes après l’événement d’une version de démo jouable gratuitement. Il est donc probable que, partout dans le monde, de nombreux joueurs arpentent avec Cloud et cie l’extérieur de Midgar.
En sortant aujourd’hui une version jouable du jeu le plus attendu de l’année, Square Enix se tire pourtant dans les pattes. En ce 06 février, elle a aussi sorti un autre titre. Il est disponible depuis hier soir à tous les abonnés du PlayStation Plus et aurait certainement besoin de se faire mousser un peu plus si Square Enix comptait dessus.
Foamstars, un jeu barré !
Il s’agit de Foamstars, un titre souvent étiqueté comme un “Splatoon” sur PlayStation. Dans les faits, ce n’est pas loin de la vérité ! Le joueur se sert de son personnage pour asperger ses ennemis (adversaires ou monstres de mousse) afin de pouvoir les éliminer. Il faut donc savoir faire parler la mousse puisque ces joutes écumeuses passent par le contrôle du terrain. Asperger le sol de son liquide (ou de celui de son équipe) permet alors de surfer plus vite dessus avec sa place. A contrario, le joueur est fortement ralenti (à la limite de l’immobile) est fait une cible de choix.
Le concept est déjà vu mais reste efficace à facile à prendre en main : le tutoriel de Foamstars explique rapidement les bases et l’on se retrouve rapidement plongé dans le cœur du jeu. Ce dernier conseille alors de commencer par le mode Missions. Il permet de comprendre l’histoire, très succincte et particulièrement loufoque, qui m’a évoqué à certains moments la série animée Les Ratz.Darkgnel, une espèce de doudou chèvre rose, tente d’envahir la ville de Bath Vegas en sabotant ses noyaux énergétiques. Il n’y a alors qu’un seul moyen de sauver la cité des bains : faire appel aux Foamstars, une espèce de soldats d’élite qui sont les personnages jouables du jeu.
Le mode Missions officie en tant que mode solo du jeu. Chaque légende (il y en a six au lancement) dispose de trois niveaux à réaliser. Ils ont le mérite de permettre facilement de se familiariser avec chaque personnage, que ce soit pour son arsenal ou pour sa personnalité. Séduit par le design de Penny Gwen, je décide de commencer par elle. À travers trois chapitres, j’apprends qu’elle a été adoptée par une famille de pingouin et qu’elle veut à tout prix protéger son pays d’adoption - l’Antarctique. Elle se bat avec un fusil d’assaut moyenne portée et, grâce à un talent, envoyer un pingouin dévastateur. J’ai pu découvrir du combat plus rapproché avec le pompe à mousse de Jet Justice et me suis imaginé comme joueur soutien avec le lance-savon de Rave Breaker.
Cette campagne solo (qui dispose aussi de missions à faire à plusieurs) confirme que Foamstars est avant tout un jeu destiné au multijoueur dont le contenu va s’enrichir au fil des saisons. Quelque chose de dommage tant les bases posées par Square Enix sont prometteuses.
Du jeu en ligne satisfaisant encore trop léger
De fait, Foamstars est décrit par l’entreprise japonaise (co-développeuse avec Toylogic, derrière le remaster de Nier Replicant) comme étant un “jeu de tir en équipes de quatre contre quatre en ligne”. Après quelques ajustements de mon côté, je me décide dans ce qui semble être le mode par défaut du multijoueur : Smash the Star. Un mode de jeu très facile à prendre en main, rappelant le mode Deathmatch des jeux de tir à la première personne plus classique. Il s’agit ici, en équipe de quatre, d’éliminer sept fois les joueurs adversaires. Une fois cette première partie réalisée, le meilleur joueur de l’équipe adverse devient une “Star” qui une fois abattue, donne la victoire finale.
On retrouve aussi, popularisé par Overwatch, un mode convoi intitulé Rubber Duck Party (ou La soirée du Canard en Plastique). Les deux équipes de quatre joueurs doivent se battre pour amener un canard en plastique géant dans la base adverse et doivent alors collaborer : on se retrouve vite empêtré dans la mousse adversaire à la merci de l’ennemi. La réadaptation de ce mode de jeu est fabuleuse mais trahit quand même l'un des défauts majeurs de Foamstars. À cause de la profusion de mousse partout tout le temps,la lisibilité est mise à mal dans les parties en ligne. A fortiori dans le mode Rubber Duck Party où les huit joueurs sont mobilisés dans un espace restreint.
Enfin, il existe enfin le mode Happy Bath Survival (avec lequel tourne Rubber Duck Party toutes les heures) qui s’émancipe du 4 contre 4 traditionnel avec un (2 contre 2) + (2 contre 2). Deux duos de joueurs se battent en contrebas tandis qu’en hauteur, les deux autres couples joutent à distance pour empêcher l’équipe ennemie adverse d’avoir l’avantage du terrain : on l’a dit, naviguer en mousse ennemie est synonyme d'élimination instantanée !
Le contenu de ce mode en ligne est intéressant mais manque encore aujourd’hui d’épaisseur. J’ai apprécié chaque seconde mes parties mais on en fait rapidement le tour. On peut voir le bain à moitié plein cela dit : Square Enix semble déjà avoir prévu le contenu sur les cinq prochaines saisons, avec une prévue tous les mois ! Il est très probable que j’y retourne avec plaisir si le titre dispose d’une garniture plus épaisse. D’autant que Foamstars fait un bien fou à la tête !
Une direction artistique bulles à facettes, de la bonne humeur qui coule par litre !
Se laver le corps, c’est aussi parfois nettoyer un peu sa tête. Quelque chose que j’ai personnellement observé avec Foamstars ! Toylogic et Square Enix ont fait un travail remarquable pour rendre le jeu apaisant sans être relaxant. Quelque chose qui passe par trois facteurs majeurs.
Toylogic et Square Enix rend une copie très soignée en ce qui concerne le parti pris graphique. C’est lumineux et coloré, avec une esthétique évoquant tantôt l’animation japonaise ; tantôt l’animation occidentale (oui, j’ai toujours Les Ratz en tête). Un rendu qui retranscrit bien l’idée que l’on peut se faire de Las Vegas si “la ville qui ne dort jamais” décidait d’investir sérieusement dans le savon et la mousse. Je me suis surpris à plusieurs reprises à m’exclamer devant certains panoramas (bien que peu nombreux) et certains effets de lumière.
Mais là où Foamstars brille, c’est par sa bande-originale aux sonorités jazz. Les amateurs de Persona 5 peuvent même être surpris de la ressemblance vocale de la chanteuse avec Lyn Inaizumi. La BO peut s’écouter pendant des heures, et voir se trémousser notre personnage dans le lobby en attendant un match a un effet contagieux. C’est bien là le seul avantage du système de matchmaking qui peine à trouver des joueurs.
On peut aussi noter que cet esprit feel-good est aussi dû à de plus petits détails. Par exemple, les personnages affichent tous des traits d’humour (parfois contre leur gré). Il n’y a rien de frustrant ni de mauvaises surprises dans les parties en ligne. En bref; il y a eu un soin particulier pour mettre le joueur dans les meilleures conditions possibles et ne pas l’irriter.
Ce qui est sûr, c’est que l’on ne s’attend pas à Foamstars en 07 février après la publication dans la nuit de la démo du jeu le plus attendu de 2024. Square Enix surprend donc, à double titre. Malgré son contenu léger et ses quelques soucis (lisibilité ; matchmaking), Foamstars est un jeu très bien construit. Il traduit d’une bonne créativité des développeurs pour la forme (le fond rappelant quand même Splatoon) avec son côté décalé, ses graphismes éblouissants et sa bande-originale entraînante. En bref, Foamstars est un jeu dans lequel on s’imagine replonger régulièrement pour se faire du bien. Un peu comme un bon bain chaud.