GTA 5, le jeu de toutes les générations

Vous n’avez décemment pas pu passer à côté de l’annonce du 8 novembre : le prochain épisode de Grand Theft Auto - le fameux tant attendu GTA 6 - vient d’être officialisé. Mieux encore ! Rockstar Games a révélé qu’une première bande-annonce sera diffusée au début du mois de décembre pour fêter le vingt-cinquième anniversaire du studio. Bref, une célébration en grande pompe qui pourrait peut-être même faire coup double en se joignant aux dix ans de la cérémonie des Game Awards (orchestrée par Geoff Keighley) puisque cette édition 2023 aura lieu… le 7 décembre ! Si l’atmosphère semble déjà électrique suite à cette annonce - on a pu voir des centaines de contenus apparaître sur la toile dans la foulée -, préparez-vous à l’après-diffusion de cette bande-annonce.

On l’a remarqué avec les immenses fuites qui ont eu lieu le week-end du 18 septembre 2022 : ce nouveau GTA déchaîne les passions et, pendant un an, a alimenté un flot - un torrent, plutôt - de rumeurs incessantes, relayées par des sources généralement fiables voire très fiables ou par des pseudo-insiders aux méthodes bancales. Imaginez maintenant ce qui nous attend après la diffusion de cette première bande-annonce : la manière dont elle sera décortiquée, les spéculations sur la suivante, les débats sur la date de sortie, les fausses informations balancées ça et là, … Si la folie devait avoir un visage, il ressemblerait à ça, et c’est en grande partie à cause de Grand Theft Auto 5.

Certes, Grand Theft Auto : Vice City, Grand Theft Auto : San Andreas et Grand Theft Auto IV ont tous marqué l’histoire du jeu vidéo de leur empreinte, mais pas autant que Grand Theft Auto V. Il faut se rendre compte de l’aura du titre de Rockstar Games : nous parlons ici d’un jeu vidéo qui est sorti, pour la première fois, le 17 septembre 2013 soit il y a plus de dix ans ! Les titres qui affichent une telle longévité ne courent pas les rues et, en effet, peu d’entre eux peuvent se vanter d’avoir traversé plusieurs générations de consoles. Sans compter la sortie PC, GTA V aura connu l’ère PS3/Xbox 360, la période de la PS4/Xbox One et l’actuel règne de la PS5/Xbox Series. Avec cette stratégie, Grand Theft Auto V a ainsi pu toucher plusieurs générations de joueurs et s’implanter dans l’esprit de tout individu comme étant le jeu vidéo de tous les records, et ce pour tout un tas de raisons.

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Grand Theft Auto V, une force de frappe monumentale et un hit inébranlable

Soit dit en passant, Grand Theft Auto VI possède déjà cet esprit combatif, cette hargne qui le pousse à décrocher des records : même un message d’annonce peut marquer l’histoire. Sam Houser, le président de Rockstar Games, s’est notamment exprimé le 8 novembre sur les réseaux sociaux pour confirmer ce qui avait été dévoilé en avance par le média Bloomberg et le journaliste Jason Schreier, et cette publication a fait l’effet d’une bombe. Pourtant précautionneux sur les réseaux sociaux depuis les fuites de GTA VI, Rockstar Games reprend peu à peu la main sur la communication et ça a plu aux joueurs : cette prise de parole est ainsi devenue le tweet lié au jeu vidéo le plus liké de tous les temps (plus d’un million de réactions), engendrant un nombre de vues absolument invraisemblable de près de 143 millions à l’heure où l’on rédige cet article. À n’en pas douter, on a dû se féliciter de cet emballement général, d’autant qu’avait lieu la présentation de son dernier bilan financier… L’occasion de s’offrir une petite percée du côté de la Bourse et de parler, bien évidemment, des chiffres de ventes de… Grand Theft Auto 5.

Il faut se rendre compte que la franchise Grand Theft Auto est un véritable mastodonte du jeu vidéo, et le terme n’est absolument pas galvaudé. Actuellement, la licence culmine à 410 millions de ventes à travers le monde. Le chiffre est déjà exorbitant, mais il faut voir à quel point Grand Theft Auto 5 permet à Rockstar Games et à Take-Two d’atteindre ce montant stratosphérique, preuve que ce titre est bel et bien le raz de marée de la décennie. Suite au bilan récemment dévoilé, on a appris que GTA 5 était plus proche que jamais… des 200 millions d’exemplaires vendus, 190 millions pour être plus précis. À peu de choses près, ce simple épisode, multi-édité, représente la moitié des ventes de la franchise. Même dix ans après sa sortie, le phénomène ne s'essouffle pas le moins du monde. Plus performant que jamais, Grand Theft Auto 5 s’est encore écoulé à 5 millions de copies au cours du dernier trimestre. Si l’on maintient ce ratio, cela veut dire que le jeu se vend à 20 millions d’exemplaires chaque année. En extrapolant sur la dernière décennie, on retombe sur nos pieds et sur cette valeur de 200 millions de jeux distribués. De la folie, comme on le mentionnait !

Difficile donc de s’asseoir à la table de Grand Theft Auto 5 et de l’affronter du regard sans sourciller. Même en interne, les autres productions peuvent jalouser son succès, quand bien même les résultats sont aussi mirobolants pour Red Dead Redemption 2 et ses 57 millions d’exemplaires (81 millions si l’on généralise avec l’ensemble de la licence). On pourrait avoir du mal à croire qu’une telle popularité puisse être possible, mais il suffit de scruter les différentes boutiques et autres plateformes pour jauger ce succès insolent qui n’accuse absolument pas le poids des années. Sur le PlayStation Store, ''''''GTA V'' fait encore partie du top 10 des jeux en France''' (devançant au classement des sorties récentes comme ''Alan Wake II''). Même constat chez la concurrence où '''le Microsoft Store le répertorie, lui aussi, parmi les jeux Xbox les plus joués au sein de sa boutique.'''

Côté PC, la consécration ne faiblit pas non plus : GTA V grapille la 26ème place des meilleures ventes sur Steam (à l’heure où ces lignes sont écrites, et où il bénéficie d’une remise de 67%) et est désigné comme le 7ème jeu le plus populaire de la plateforme de Valve avec un peu moins de 68 000 joueurs connectés en simultané - et ce, quasiment chaque jour ! -, atteignant aisément des pics à plus de 100 000 joueurs. Bonne chance à Grand Theft Auto VI pour égaler une telle réussite et longévité, mais lorsque l’on voit l’emballement pour celui que l’on considère comme étant « le jeu le plus attendu de tous les temps », on se dit qu’un second séisme de la part de Rockstar Games n’est pas improbable. Peut-être même que GTA 5 lui a pavé la voie de ce triomphe, ou peut-être que ce sont les joueurs eux-mêmes qui sont à l’origine de tout cela.

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Une communauté GTA Online hyperactive

Certes, il faut rendre à César ce qui est à César et reconnaître que Rockstar Games est clairement l’orfèvre du statut légendaire de GTA 5. Immersion, transgression, satire, défouloir à ciel ouvert… Le studio new-yorkais a peut-être opté pour certains choix, encore fallait-il que la communauté y réponde de manière favorable, et c’est ce qui se produit depuis des années maintenant. L’un des plus payants a clairement été de dissocier son aventure principale, prétexte à un discours critique au vitriol sur l’état de la société - une formule qui, dix ans plus tard, aura sûrement de nouvelles choses à nous raconter -, de ses atours bac à sable où tous les coups, y compris les plus violents, sont permis. Résultat des courses, à peine deux semaines après la sortie du jeu, GTA Online débarquait déjà pour offrir une nouvelle expérience complémentaire qui changea la face de Grand Theft Auto.

Avec le développement de GTA Online, Rockstar Games frappe un très gros coup. À l’époque du lancement initial de GTA 5, le monde du jeu vidéo a déjà encaissé la révolution liée aux MMO (les jeux en ligne multijoueur) et chacun acteur du milieu tente d’en extraire l’essence pour l’insuffler dans leur prochain jeu, y compris Rockstar Games. Intelligemment, le studio new-yorkais offre ainsi la possibilité aux joueurs d’incarner pleinement un personnage - une projection de ce qu’ils veulent être par le biais d’un avatar - tout en lui conférant une histoire, un caractère, une profession, un objectif… À partir de ce postulat, Rockstar Games en a profité pour l’agrémenter, plus ou moins régulièrement, de contenus inédits, d’éléments de campagne, de missions, etc. Au lieu de s’en tenir au traditionnel cycle de vie des jeux vidéo, GTA V refusait l’inéluctable en devenant un objet culturel qui, loin de seulement survivre comme bon nombre de jeux-service (game as a service, ou GaaS), vit pleinement en continu et se porte comme un charme : deux ans et demi après son lancement, GTA Online se faisait mousser en déclarant avoir rapporté plus de 500 millions de dollars de micro-transactions à Rockstar Games.

Aujourd’hui, la communauté GTA Online est toujours aussi soudée et active - ce qui est de bon augure pour la composante multijoueur de GTA 6 -, et a pu compter sur la mise en lumière de cette façon si spécifique de jouer grâce à l’événement GTA RPZ, initiative découlant d’une des éditions du ZEvent, challenge caritatif inauguré et chapeauté par ZeratoR en compagnie d’une pelletée d’autres streamers. À partir de ces nombreux points de vue, Grand Theft Auto 6 n’a pas vraiment à s’en faire, même s’il lui faut produire de multiples efforts. Notamment en ce qui concerne la partie scénarisée - il faudra être aussi percutant que le trio Michael/Franklin/Trevor - et le mode multijoueur qui devra à tout prix éviter de renvoyer l’impression qu’il se repose uniquement sur ses lauriers. Finalement, la question la plus brûlante sur GTA 6 consiste à savoir s’il sera capable, comme GTA V, de mettre tout le monde d’accord à une époque où les critiques les plus acerbes et les review-bombing sont légion et où l’atteinte d’un consensus paraît de plus en plus compliquée. De la même manière, ce sixième volet sera-t-il capable d’exploser la journée de lancement de GTA V et ses 11 millions de copies, ses 16 millions en cinq jours, ses 29 millions en six semaines ? Lorsque l’on voit les scores de certains jeux en l’espace de quelques jours, on se dit qu’il n’y a qu’un titre Rockstar Games pour réussir ce challenge, et GTA 6 a clairement un boulevard, bâti par GTA 5, devant lui.

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