Si la Chine est l’un des pays où l’on fabrique le plus grand nombre de voitures électriques, c’est aussi l’un de ceux où les véhicules indésirables sont le plus stocké dans des cimetières à ciel ouvert. Et c’est un véritable désastre écologique.
Si de nombreux fabricants de voitures électriques cherchent à rapatrier leur production en Europe ou aux Etats-Unis, force est de constater que la Chine reste encore, à ce jour, l’un des pays privilégiés pour l’assemblage de véhicules de ce type. Cela fait déjà plus d’une décennie que le pays en produit des centaines de milliers chaque année, à l’initiative de centaines de constructeurs qui se sont lancé sur ce marché, financés à grand renfort de subventions.
Trop de voitures électriques produites trop rapidement
Mais cette course à la voiture électrique a des conséquences que l’on ne soupçonne pas forcément. La Chine a rapidement vu très grand en matière de production, y compris lorsque les technologies liées à ces véhicules n’en étaient qu’à leurs débuts. La conséquence, c’est que le développement technologique accéléré a rapidement rendu des centaines de références de véhicules totalement obsolètes. « Avant, les gens changeaient de voiture tous les dix ans, mais aujourd’hui, c’est tous les cinq, six ans. Comme ils changeraient de téléphone », résume Hu Xiaomi, un concessionnaire de la marque Zeek.
Dès lors, la question se pose : que faire des carcasses de voitures électriques jugées obsolètes ? La Chine a tranché : elle les entrepose dans des casses qui s’apparente à de véritables cimetières. Le plus étonnant, c’est que vus du ciel, ces cimetières ressemblent à s’y méprendre à de simples parkings. Mais le fait est qu’aucun des véhicules qui s’y trouvent n’est destiné à rouler à nouveau.
Un véritable désastre écologique
La Chine compte aujourd’hui des cimetières de voitures dans une demi-douzaine de villes. Ces lieux sont totalement laissés à l’abandon : de la végétation pousse sur les voitures, donnant un petit côté postapocalyptique à l’endroit. En outre, les coloris des véhicules varient peu : du blanc, beaucoup, et quelques touches de couleurs claires qui trahissent les préférences des consommateurs chinois.
Ce qui surprend également, c’est que la majorité des véhicules qui se retrouvent dans ces cimetières auraient pu continuer à rouler. Mais le marché de l’occasion n’est pas particulièrement développé en Chine : peu de gens semblent tentés par une voiture électrique considérée comme technologiquement dépassée, même si elle est moins chère. L’abandonner semble donc être la solution privilégiée.
Mais le drame le plus important encore concerne le fait que rien n’est recyclé dans ces véhicules. Les batteries, extrêmement polluantes, sont toujours en place. Pourtant, selon Clément Le Roy, associé chargé du secteur énergie et environnement du cabinet Wavestone interrogé par TF1, il serait possible de valoriser la moitié des batteries présentes dans ces milliers de véhicule, car « les taux de recyclage de batteries sont autour de 50 à 60% » à l’heure actuelle. Dans la course au tout électrique, la perdante semble donc être la planète…