Rembourser un emprunt. Puis un autre. Et encore un autre. Malgré son apparence paisible, la vie sur une île déserte d’Animal Crossing : New Horizons a son lot de petits tracas nous rappelant qu’aussi reculé de la civilisation soit-il, cet exode insulaire s’accompagne tout de même de quelques contraintes purement capitalistes. Ces dernières semaines, les joueuses et les joueurs du dernier titre de Nintendo ont donc fait en sorte d’accumuler autant de richesses que possible en vue de rembourser Tom Nook, le créancier le plus célèbre de la série. Une ruée vers l’or - ou les clochettes, en l’occurrence - à l’origine de la mise en place de différentes techniques. Certaines sont basiques, d’autres inattendues, mais elles partagent toutes un objectif commun : accumuler un maximum d’argent... avec un minimum d’efforts.
Bien évidemment, d’autres possesseurs du dernier-né de la série de Nintendo, probablement plus nombreux, profitent du titre à un rythme moins soutenu et tout aussi viable, d’autant plus qu’il est possible de prendre tout son temps pour rembourser les emprunts contractés auprès de Tom Nook. Mais cette façon de jouer plus classique n’est évidemment pas celle privilégiée par les joueurs que nous allons ici évoquer, davantage à la recherche d’un rendement optimal que d’un paisible refuge à construire patiemment mois après mois.
Collecter des ressources, la base
Avant de voir grand, il faut commencer petit. Une maxime qui se matérialise par les techniques de collecte ou “farming” qui sont quotidiennement au coeur de l’expérience d’Animal Crossing : New Horizons. Aller pêcher des poissons, récolter des fruits, capturer des insectes ou ramasser les coquillages avant d’aller vendre le tout à la boutique de Nook sont autant de moyens de se forger un premier pécule. Mais entre les spécimens confiés à Thibou afin de garnir le musée et ceux qui ont une valeur marchande dérisoire, il n’est pas aisé d’accumuler les richesses par ce seul biais. Certains personnages, comme Djason pour les insectes ou Pollux pour les poissons, passent toutefois ponctuellement sur vos îles et rachètent les ressources indiquées 1,5 fois leur valeur, ce qui est un premier bon moyen de rentabiliser vos séances de chasses et de pêche.
Du côté des fruits, c’est par le biais du multijoueur qu’il est possible de collecter plus d’argent sur le long terme. Chaque île commence avec un seul type de fruits par défaut, alors qu’il en existe au total cinq différents : pomme, pêche, poire, cerise et orange. Si celui d’origine de votre île n’est racheté que 100 clochettes l’unité par la boutique de Nook, les autres se revendent pour 500 pièces : il est donc particulièrement intéressant d’en récupérer chez d’autres joueurs afin d’en replanter sur votre île et de bénéficier d’une source de revenus régulière grâce à cette astuce. Celle-ci fonctionne également avec les noix de coco et pousse de bambous, mais s’avère moins intéressante à cause de leur valeur marchande limitée à 250 clochettes l’unité.
Pierres et arbres à clochettes, l’autre possibilité
Un coup de chance n’est jamais à écarter grâce au système de ballons apparaissant toutes les dix minutes au dessus de votre île, car il est parfois possible d’en crever un qui emportait quelque clochettes avec lui. Mais bâtir une fortune sur le critère du hasard est évidemment proscrit. Les plus observateurs ont vite envisagés des pistes bien plus juteuses, comme la possibilité d’exploiter les pierres : en enchaînant quelques coups de pelle dessus, vous pourrez en faire sortir des composants utiles pour la fabrication d’objets. Jusqu’à 8 éléments peuvent ainsi être récupérés si vous enchaînez les coups sans être interrompu, ce qui n’est pas toujours une mince affaire étant donné que chaque coup porté fait reculer votre personnage : un problème rapidement résolu en creusant des trous derrière votre avatar, ce qui permet de le “bloquer” physiquement et d’éviter le problème du recul.
L’astuce devient particulièrement intéressante pour une des pierres de votre île qui n’héberge pas d’argile ou de minerai, mais bien des clochettes. Si vous parvenez à récupérer les 8 tas ou sacs d’or qu’elle abrite, votre pécule sera gonflé d’un peu plus de 16 000 clochettes, et ce, chaque jour. Les plus chanceux d’entre vous pourront profiter de cette expérience à une échelle encore plus grande s’ils tombent - en utilisant un ticket Miles Nook pour aller sur une île mystère - sur la fameuse île aux clochettes, qui abrite plusieurs rochers de ce genre et peut vous permettre de repartir avec plus de 82 000 clochettes en cas d’exécution parfaite de la technique évoquée ci-dessus.
De retour sur votre île, et si vous disposez déjà d’une bourse un minimum remplie, vous pouvez aussi utiliser le système de pousse d’arbre à clochettes pour obtenir davantage d’argent. Un point lumineux apparaît chaque jour sur votre île : en le creusant, vous obtiendrez 1000 clochettes et découvrirez un trou doré qui a la particularité unique de pouvoir abriter un arbre à clochettes. Il est alors possible d’y enterrer le sac du montant de votre choix pour récupérer trois fois la mise quelques jours plus tard, une fois celui-ci poussé. Avec une contrainte toutefois : au delà de 10 000 clochettes, la probabilité de récupérer trois fois la mise est beaucoup plus faible, ce qui rend l’opération plus risquée.
D’autres techniques existent évidemment, comme le fait de crafter plusieurs exemplaires de l’article phare du jour - qui se revend deux fois plus cher que d’habitude à la boutique - lorsque celui-ci est facile à réaliser, ou profiter d’un événement ponctuel comme celui de Pâques afin récupérer des matériaux permettant là aussi de fabriquer des objets se vendant à un tarif intéressant. En cumulant plusieurs techniques de ce type et en consacrant suffisamment de temps à Animal Crossing chaque jour, il est envisageable de progresser à un bon rythme dans le remboursement de vos crédits. Mais pour ceux dont le temps est compté, des techniques bien plus avancées existent ou ont existé.
Tarentules et esturgeons, les objets de toutes les attentions
La première est apparue très tôt après le lancement du jeu. Il s’agit du farm de tarentules, qui consiste à aller sur une île mystère en utilisant un ticket Miles Nook, puis à procéder à toute une série de modifications visant à augmenter la probabilité de voir des tarentules apparaître, que nous avons détaillé dans un épisode d’In Game visible ci-dessous. Après un bon quart d’heure à base de destruction de pierre, de déracinage de souches et de cueillettes de fleurs, vous pourrez ainsi faire le tour de l’île pendant des dizaines de minutes afin de capturer des tarentules à la chaîne et d’espérer ensuite les revendre. Le but de toute cette opération est évidemment purement financier, les tarentules faisant partie des insectes les plus cotés auprès de la boutique de Tom Nook : à 8000 pièces l’unité et en remplissant entièrement un inventaire porté à sa capacité maximale, ce sont pas moins de 312 000 clochettes sonnantes et trébuchantes qui viendront garnir votre bourse en moins de 2 heures de farming. Une opération très rentable, et qui peut l’être encore plus si vous attendez l’arrivée de Djason sur l’île, qui vous rachètera l’ensemble pour 468 000 clochettes.
L'explication du phénomène des apparitions
Si la technique des tarentules fonctionne toujours, malgré un processus légèrement rallongé depuis le premier avril à cause de l’apparition d’un nouvel insecte, une autre technique exploitant le même système existe pour les poissons. Elle consiste à maximiser la possibilité d’apparition des esturgeons afin d’en capturer autant que possible et de les revendre ensuite à près de 10 000 clochettes l’unité. Elle n’est toutefois plus accessible aux joueurs ayant placés leur île dans l’hémisphère nord, mais ceux ayant opté pour l’hémisphère sud peuvent encore en profiter jusqu’au mois de septembre prochain. Sans être très compliquées, ces deux techniques nécessitent tout de même de cerner certaines mécaniques de game design, ce qu’ont su rapidement faire plusieurs joueurs avant de partager leur méthode auprès du plus grand nombre.
Il arrive à farm 232 000 clochettes en moins d'une heure, écoutez donc sa technique ! pic.twitter.com/DssZUHpKuz
— Antoʞ 💭 (@Antwok) March 23, 2020
Le navet, l’outil des traders en herbe
Plus que la technique des tarentules ou des esturgeons, c’est une toute autre approche qui agite la toile ces dernières semaines : le commerce de navets. Chaque dimanche matin, un personnage du nom de Porcelette s’invite sur votre île et vous propose d’acheter des navets par paquet de 10, pour un prix oscillant entre 80 et 120 clochettes à l’unité. La première particularité de ces navets, c’est qu’ils font office de véritables actions dont le cours change deux fois par jour. La seconde, c’est que vous ne disposez que d’une semaine pour les vendre, sous peine de les voir pourrir, et que votre investissement de base s’avère donc perdu à tout jamais.
S’il est envisageable de se contenter de vérifier le cours de son île le matin et l’après-midi pour tenter de réaliser une plus-value, la possibilité d’aller sur celles d’autres joueurs offre une toute autre perspective : augmenter ses chances de tomber sur un cours bien plus intéressant, vous permettant de multiplier votre mise initiale par 4 ou 5… voire plus si la chance vous sourit. Une opportunité qui a découlé sur la création d’une économie parallèle entre joueurs prêts à ouvrir leur île au plus grand nombre en échange d’un pourcentage sur la vente ou d’un simple cadeau. Si la bienveillance est de mise dans les échanges, quelques dérives n’ont pas tardé à arriver à cause de profiteurs ne laissant pas de cadeaux en contrepartie. Un point qui a conduit à la mise en place de techniques inventives comme des files d’attentes - parfois même surveillées par d’autres joueurs occupant le rôle de vigiles, comme dans le tweet ci-dessous - ou l’utilisation de sites tiers.
You know its real when the island you visit for turnips has a BOUNCER
— Angela (@LeafyCryptid) April 8, 2020
#AnimalCrossing #ACNH #turnipcode #turnips pic.twitter.com/2ztuuM5HRs
Parmi ces derniers se trouve un certain Turnip Calculator, qui permet aux joueurs de noter scrupuleusement l’évolution du cours du navet sur leur île semaine après semaine afin de créer un modèle prédictif des futurs taux. Turnip Exchange se charge lui-même d’organiser les files d’attente pour se rendre chez un joueur (le nombre de personnes étant limité sur une seule île), tandis que côté français, un certain Animal Crossing Turnip permet à chaque personne inscrite de partager quotidiennement ses taux, les meilleurs étant affichés directement sur la page principale. Autant d’outils communautaires qui rendent l’échange de navets plus facile et lucratif, même s’il convient tout de même d’avoir un bon capital de départ lors de l’acquisition de ces derniers pour espérer réaliser une plus-value substantielle.
Des approches moins “honorables”, mais tout aussi efficaces
Dès le lancement du tout premier épisode, la série Animal Crossing a été confrontée à une difficulté inhérente à son système de calendrier en temps réel : la triche, réalisée par l’intermédiaire d’un changement manuel de l’horloge afin d’avancer dans le temps. Si l’arrivée de Mr Resetti et ses sermons interminables à chaque abus des joueurs a pu s’avérer très dissuasive auprès de ces derniers, le dernier opus vous permet d’exploiter le voyage dans le temps pour, pêle-mêle, enchaîner les plantations d’arbres à clochettes ou collecter plus rapidement les fruits d’un arbre fraîchement planté. L’approche est moins honorable, mais fonctionne, et l’équipe derrière Animal Crossing a toutefois eu la bonne idée de la rendre inefficace avec les navets, qui pourrissent systématiquement au moindre “time travel”. De quoi décourager les plus téméraires.
Un glitch a eu également sa petite heure de gloire au lancement du jeu, puisqu’il était de loin le moyen le plus rapide de se faire de l’argent en très peu de temps. Il s’agissait de la duplication d’objets, qui nécessitait la présence de deux joueurs : le premier s’occupait de faire tourner l’objet à dupliquer tandis que l’autre le mettait dans sa poche. Avec un timing adéquat, l’opération menait à la duplication de l’objet concerné, qui pouvait ensuite être revendu à la boutique : et comme tous les joueurs ont eu droit à une Nintendo Switch valant 30 000 clochettes en guise de cadeau de bienvenue, la cible de la duplication était toute trouvée et vous permettait de devenir millionnaire en un temps record. L’arrivée du patch 1.1 a permis de régler ce bug, qui ne peut désormais plus être exploité.
Si elles peuvent faire l’objet de quelques discussions sur leur dimension morale, les pratiques ci-dessus restent cependant tout à fait légales, ce qui n’est malheureusement pas le cas d’autres. Nous ne vous mettrons évidemment aucun lien pour des raisons plus qu’évidentes, mais certains joueurs n’hésitent pas à avoir recours à des plateformes externes afin d’espérer récupérer des clochettes contre de l’argent réel. Il s’agit ni plus ni moins d’un système de microtransactions non-officiel qu’il convient de déconseiller : si Nintendo choisit un jour de faire la traque aux comptes ayant eu recours à cette pratique, les conséquences pourraient être fâcheuses pour ces derniers.
Il serait d’autant plus dommage d’avoir recours à ce choix que de nombreuses alternatives tout à fait acceptables existent, comme nous l’avons vu tout au long de cet article. Le plus étonnant avec cette ruée vers les clochettes, c’est finalement qu’après seulement quelques semaines de pratiques de techniques intensives, celles-ci s’avèrent nettement moins cruciales sitôt votre prêt remboursé et votre île correctement aménagée. S’il vous reste quelques millions en poche, il y a toujours la solution d’enterrer vos emplettes au fond du jardin, de vous aménager une pièce dédiée à l’exposition de votre fortune ou pourquoi pas, d’opter pour une autre voie en rémunérant contre quelques clochettes les joueurs prêts à vous rendre des services comme du désherbage ou du jardinage. Une façon comme une autre de redistribuer les richesses, après tout.