Je vous vois déjà brandir les fourches à la seule lecture d’un titre un brin fort de café je vous l’accorde, et je vous comprends. Attention, je ne remets pas en cause ce mode de consommation historique, mais je pense sincèrement que l’achat de jeu à l’unité est voué à disparaître à terme, même si certains irréductibles “gaulois” du jeu vidéo persisteront et à raison dans cette voie. J’aimerais simplement vous présenter mon humble et surtout personnelle vision du marché du jeu vidéo dans un futur finalement pas si lointain.
Le jeu vidéo est par nature un loisir onéreux. Entre l’acquisition d’une machine, que ce soit un PC ou une console de salon/portable, et l’achat régulier de jeux, le jeu vidéo a un coût non négligeable. Ce fameux prix est donc le nerf de la guerre. Depuis maintenant plusieurs années, les éditeurs et les constructeurs mettent tout en oeuvre pour faire baisser cette barrière financière à l’entrée. Les offres par abonnement, souvent qualifiées à tort ou à raison de Netflix du jeu vidéo, se sont démocratisées donnant ainsi accès immédiatement à des dizaines, voire des centaines de titres en échange d’une poignée d’euros par mois. Je pourrais citer le Xbox Game Pass (9.99€/mois ou 12.99€/mois dans sa version Ultimate), le PS Now (9.99€/mois), UPlay+ (14.99€/mois), EA Access (3.99€/mois)... et j’en passe. Toutes ces offres ont pour point commun de posséder un catalogue plus ou moins exhaustif, mais surtout régulièrement mis à jour. Dans ces conditions, quel intérêt avons-nous à acheter plein pot un jeu unique quand nous pouvons simplement profiter de ces abonnements toujours plus avantageux ?
Le “Day One” certains me rétorqueront et donc par extension un achat unitaire et compulsif. Encore une fois, je ne peux qu’être d’accord avec cet argument… tout du moins en partie. Je suis de ces êtres pouvant s’armer de patience et attendre plusieurs semaines, voire mois, pour découvrir un jeu aussi attendu soit-il. Il est même parfois plaisant d’attendre pour éviter l’effervescence autour d’un titre qui cristallise les attentes de toute une communauté de joueurs. Final Fantasy VII Remake et Cyberpunk 2077 sont clairement de cette trempe. Pourtant, je ne ressens à aucun moment le besoin de me ruer dans une boutique physique ou dématérialisée et de débourser 50 à 70 euros pour obtenir le précieux Saint Graal. D’autant plus que les offres précédemment citées et mises en place par Microsoft, Sony, Ubisoft et Electronic Arts tendent à raccourcir les délais ou tout simplement les effacer entre la sortie d’un jeu et son arrivée sur lesdits abonnements.
Le Xbox Game Pass s’avère être un fer de lance dans ce domaine. Les dernières exclusivités de Microsoft, qu’elles soient disponibles sur PC et/ou console, débarquent immédiatement dans le service par abonnement de l'éditeur. Prenons ainsi l’exemple de Gears 5 ou du récent Ori and the Will of the Wisps, deux jeux disponible dès leur sortie sur le Xbox Game Pass. Je pourrai citer également Watch Dogs Legion qui sera parachuté sur PC via Uplay+ le Jour J. Mieux encore, ces services modernes permettent de jouer aux versions complètes des titres, c'est à dire avec leurs contenus additionnelles, mais surtout d’accéder en avance à certains jeux et de s’y essayer avant tout le monde au cours de leur développement. Certes, la perfection n’est pas de ce monde et le délistage de certains titres, comprendre ici leur disparition au sein des catalogues, laisse parfois un goût amer aux abonnés desdites offres par abonnement. Il ne faudrait pas oublier les bundles de plus en plus courants permettant de compléter à moindre coût sa collection. Et que dire des nombreux jeux offerts sur l’Epic Game Store, le PS Plus ou encore le Xbox Live Gold ?
Il est aujourd’hui possible de jouer sans se ruiner à un catalogue toujours plus grandissant de jeux et donc de découvrir tout un pan de la production vidéoludique autrefois inaccessible faute d’argent en masse... sans forcément attendre des lustres. Les éditeurs, les constructeurs et les studios embrassent doucement cette vision contemporaine du marché et je pense sincèrement que les joueurs devraient en majorité faire de même dans les années à venir. Comme je le disais en introduction… acheter ses jeux à l'unité est voué à disparaître. Et ce n'est ni la musique, ni le cinéma, ni les séries TV qui diront le contraire.