L'arrivée de Pokémon illégitimes

Cela n’aura sans doute pas échappé aux fans les plus assidus de Pokémon, depuis quelques mois maintenant de nombreux hacks se sont invités dans les dernières versions sur Nintendo Switch. Ces pratiques existent depuis un moment déjà et n’ont pas attendu l’arrivée d’Épée et Bouclier pour se faire connaître des joueurs et des joueuses. Néanmoins, avec le dernier opus de la saga marqué par l’absence de certaines créatures, le piratage semble d’autant plus regagner en intérêt. Comment ça, on ne peut plus tous les attraper ?

Ces monstres rajoutés par des petits malins se diffusent rapidement par le biais du système d’échange magique (anciennement miracles) dans l’interface Comm-Y. Pour rappel, vous envoyez le Pokémon dont vous souhaitez vous débarasser, le jeu s'occupe de vous mettre en relation au hasard avec un autre joueur dans la même situation que vous et voilà : vous pouvez accepter de troquer votre créature avec celle d'un autre. Vous pourriez tomber alors sur l’un des Pokémon modifié de cette manière, sans en avoir conscience. Sauf bien sûr si ses statistiques paraissent complètement cheatées, qu'il est en version shiny, avec des objets incroyables ou qu’il n’est tout simplement pas censé être disponible dans l'aventure.

Comment des Pokémon hackés se retrouvent dans le jeu ? Grâce à un outil d’édition de sauvegarde appelé PKHeX. Il s’agit d’une manipulation un peu technique, ce qui limite alors le nombre d’adeptes. Mais parmi l’un de ses utilisateurs les plus célèbres sur la toile, il y a le moddeur Michael alias @SciresM sur Twitter. Nous vous laissons admirer le travail ci-dessous, c’est assez bluffant côté animation.

Un bot très accessible

Mais ce qui a changé ces quelques jours, c’est la possibilité de créer et modifier n’importe quel Pokémon en toute facilité grâce à un bot appelé AutoBrock. Une chaîne Twitch vous propose même de vous envoyer les Pokémon de votre choix en direct ou presque. La liste d’attente risque de rapidement s’agrandir dans les heures et jours à venir, à mesure que l’information se propage sur Internet.

Quelles sont les dérives ?

La même chaîne Twitch précise que ces Pokémon ne sont pas destinés à être utilisés dans les tournois officiels de Pokémon. Notons par ailleurs que beaucoup de ces créatures ne présentent pas nécessairement des statistiques abusées et impossibles mais plutôt un niveau acceptable et tout à fait cohérent avec la scène compétitive.

Si nous allons un peu plus loin, et si nous passons outre le fait que c'est totalement illégal, nous pouvons nous demander s’il s’agit véritablement d’un problème pour l’équilibre du jeu. Ce n'est pas un moyen pour tricher pendant les combats puisque ces Pokémon pourraient, en l’état, exister de manière tout à fait légale dans le jeu. La stratégie titre demeure la même. L’intérêt ici c’est d'éviter un élevage au temps long. Alors oui, ces créatures modifiées n’ont pas été obtenues avec de l’huile de coude, le mérite n’est pas le même mais en ce qui concerne les tournois, les combats en tant que tels, ça ne change rien.

Cependant, une partie des Pokémon hackés se trouvent eux bels et bien cheatés. Et cela a même créé de la spéculation. Par exemple, il existe un groupe Facebook qui invite ses membres à échanger leur Pokémon Shiny contre de la publicité sur Twitter et Facebook. Pire encore, certains ont eu l’audace de proposer à la vente leurs Pokémon shiny illégaux, avec des liens sponsorisés sur e-Bay ! Rien ne les arrête.

Un trafic qui peut coûter cher

Que vous ayez recours à ce type de pratique pour gagner du temps sur la partie élevage ou tout simplement parce que tricher ne vous pose aucun problème (et là on vous juge), sachez tout de même que vous vous exposez à des risques. Déjà, en utilisant ce type de hack vous vous en doutez mais aussi lorsque, innocemment, vous pratiquez des échanges magiques avec Comm-Y. Car vous pourriez malgré vous, tomber sur l'un de ces faux Pokémon sans vous en apercevoir. Et c'est bien là le pire, dans cette affaire.

Notre premier conseil serait de faire attention lors de vos échanges magiques : évitez les Pokémon qui paraissent un peu trop beaux pour être vrais. Si vous avez un doute mais que vous avez accepté la créature, évitez de l’utiliser pour vos combats en ligne. Game Freak a déjà mis en place, et ce depuis plusieurs générations, un système de vérification qui repère les Pokémon présentant des statistiques improbables par exemple. Une première barrière qui, l’histoire nous le prouve, a été maintes fois contournée. Cela peut aller jusqu’à corrompre votre fichier de sauvegarde. Une punition qui devrait vous inviter à faire preuve de plus de vigilance.

Comme expliqué un peu plus haut, un Pokémon modifié peut passer inaperçu. Vous pourriez très bien faire combattre l’un d'entre eux et recevoir un bannissement malgré votre innocence. Ces contrefaçons viennent polluer tout le jeu. Si cela prend encore plus d’ampleur, Game Freak et Nintendo devraient prendre des mesures radicales comme, imaginons, l’arrêt pur et simple du service d’échange si aucune solution n’a été trouvée. Le véritable souci n’est pas tant que ces hacks existent, mais que les joueurs les utilisent sans en avoir connaissance et sont susceptibles de se faire punir. Et comme c’est un peu la roulette russe, personne n’est à l’abri de cette menace. Prudence !