Anthony "ToT" Roux, patron et cofondateur d'Ankama, a pris la parole hier soir sur son blog personnel afin de revenir, entre autres sujets, sur le projet de développement d'une version de Dofus basée sur le moteur Unity. Un billet révélateur de difficultés internes rencontrées par l'entreprise roubaisienne qui n'a pas manqué de faire réagir, notamment certains anciens employés.
Avant de se pencher sur le projet Dofus Unity, pour le moment "en phase d'analyse et de réflexion", Anthony Roux mentionne dans son billet de blog la "très bonne santé financière" actuelle de l'entreprise. Outre la popularité continue du MMO (620 000 joueurs actifs sur le mois de septembre) qui fête cette année son quinzième anniversaire, le patron souligne le "buzz" créé par Dofus Retro, une version nostalgique lancée le 24 septembre basée sur la très populaire version 1.29, qui compte presque 300 000 joueurs actifs sur le début du mois d'octobre.
Afin de mieux comprendre le présent, ToT prend ensuite le temps de revenir sur le passé et notamment les complications rencontrées au cours du développement de "Dofus 2" (la version actuelle du jeu), un des multiples projets d'Ankama (Waven, Dofus Touch, Krosmaga, la partie Ankama Éditions...) sur lequel il ne travaille plus directement "depuis des années". Il explique pourquoi :
Je ne cracherai pas sur tout ce qui a été fait, loin de là. Mais c’est important de comprendre que j’ai réellement perdu la main sur le projet depuis des années. Par choix au démarrage et parce que je ne m’y suis plus senti le bienvenu ensuite. J’en parle avec plus de facilité aujourd’hui car après des années de luttes internes, l’équipe se comporte enfin comme il faut. Quand je dis « comme il faut », il faut comprendre « comme le souhaite la direction d’Ankama ».
De manière plus globale, le billet évoque sans filtre les dysfonctionnements internes, dont la "difficulté d'emmener 250-300 personnes dans une direction et de faire en sorte que tout le monde s'y tienne", et pointe du doigt les décisions et actes de certains anciens employés responsabilisés :
Avec Kam (Camille Chafer, l'un des trois fondateurs d'Ankama, NDLR) nous sommes capables de sortir de beaux projets lorsque nous sommes en contrôle. Chaque fois que nous avons confié des missions ou des projets à des équipes en leur laissant une totale liberté, c’est toujours parti en vrille.
ToT raconte, à titre d'exemples, deux anecdotes :
Vous avez réclamé le retour de la 1.29 pendant des années et on vous a dit qu’on ne pouvait pas. On n’avait plus les (codes) sources et c’était donc très dur de la relancer et de la faire évoluer. Les sources, on les a retrouvé il y a 10 jours et je suis persuadé aujourd’hui qu’à l’époque, les gens qui nous ont affirmé ne plus les avoir ne voulaient simplement pas se faire chier à lancer une nouvelle version (...) Une autre anecdote pour la route? Il y a plusieurs années, la refonte des armes au corps-à-corps sur Dofus, vous vous en souvenez? On a perdu 30% de notre chiffre d’affaire pendant des mois suite à cette refonte. J’étais en vacances à ce moment, je n’en ai pas dormi pendant des semaines. J’ai cru la fin d’Ankama toute proche. Les personnes qui ont fait ça savaient très bien ce qu’elles faisaient. Elles m’ont placé une ligne « refonte CàC » dans 10 paragraphes, pour être bien sûres que je ne la verrais pas et au moment où ça arrive j’ai le droit à un « on t’avait prévenu Tot » (...) C’est une succession de coups dans le dos, certains qu’on esquive, d’autres qu’on prend, et de centaines de problèmes à résoudre toutes les semaines
Des soucis qui appartiennent désormais, selon ToT, au passé. "Je suis satisfait des personnes en place aujourd’hui et content de la direction que prennent les projets", peut-on lire. Ses propos ont toutefois incité des ex-salariés à faire entendre leur voix en faisant part de leur expérience personnelle au sein d'Ankama. Ancienne chef de produit sur Dofus ayant démissionné en 2016, Konala s'insurge ainsi contre le fait que ToT "jette en pature" publiquement ses employés, un comportement qu'elle juge "indigne d'un chef d'entreprise et tout simplement d'un humain". D'autres témoignages, comme ceux de l'ex-Community Manager Sylfaen ainsi que celui de l'ex-Game Designer Seyroth ont également émergé pour dénoncer l'attitude du patron.
C'est indigne d'un homme et encore plus d'un patron. Je n'ai jamais critiqué ANKAMA en public, car ils m'ont donné ma chance et ont été ma porte d'entrée dans cette industrie. comme pour beaucoup d'autre. Mais ceci est inadmissible.
— Mylène / Konala (@_Konala_) October 6, 2019