Bide si vous le voulez
La vie, c'est...
Non, en fait. La vie, ce n'est pas... Ca n'a jamais été aussi clair que... que quoi, d'ailleurs? La vie, ce n'est pas un amour, ce n'est pas une quête, pas un Dieu, pas une révolution, et c'est encore moins une longue succession de petits plaisirs simples. C'est la vie, tout simplement. Beaucoup de bruits, trop de lumières, un peu de parfum, et c'est fini. Il n'y a pas de sens dans tout ça. Pas de but. Pas d'objectif. Je pense que vous aussi, vous l'avez compris.
Bien sur, il y a toujours des moments où on en trouve, des sens. Quand je me suis allongé à coté de ma femme, encore tremblant, dans la nuit rouge où nous nous étions unis pour la première fois. J'avais l'impression de... de l'avoir trouvé. Ce fameux sens caché derrière les lignes.
Mais les fixs, ça ne compte pas. C'est des autoroutes pleines de lumières et d'éclats, de sourires publicitaires et de violons américains. Mais il y a plus rien, après. Après. Après deux semaines, nous nous disputions déjà. Après dix ans, pendant qu'elle m'attendait, je caressais une autre femme. Après trente ans, je ne la désirais plus. Après cinquante, je la haïssais. Et derrière tout ces après, tout ce temps si long et ennuyeux, il restait cette nuit où j'avais eu le courage d'être un idiot.
Je crois comprendre pourquoi j'écris ça. Le goût âpre de l'alcool permet parfois de relâcher le barrage des souvenirs. De faire fleurir, dans la fange de notre quotidien, quelques histoires.
Sweet?
Bide
No, en realidad. La vida no es ... Nunca ha sido tan claro como ... que lo que, de todos modos? La vida no es un amor, no es una búsqueda, no un Dios, no una revolución, y menos aún una larga sucesión de placeres sencillos. Así es la vida, simplemente. Mucho ruido, muchas luces, algunos perfumes, y eso es todo. No tiene sentido en ella. No objetivo. Ningún objetivo. Creo que también lo han entendido.
Por supuesto, siempre hay momentos en que nos encontramos con los sentidos. Cuando estoy acostado junto a mi esposa, todavía temblando, rojo en la noche en la que se unieron por primera vez. Me siento ... haber encontrado. Este famoso significado oculto detrás de las líneas.
Sin embargo, se determinará, no importa. Es la carretera llena de luces y flashes, sonrisas y la publicidad de América violines. Pero no hay nada después. Después de. Después de dos semanas, ya disputas. Después de diez años, mientras que ella estaba esperando por mí, me acarició otra mujer. Después de treinta años, sólo quería más. Después de cincuenta, me odiaba. Y detrás de todo esto después de todo este tiempo tan largo y aburrido, hubo esta noche cuando tuve el coraje de ser un idiota.
Yo entiendo por qué escribo esto. El sabor amargo del alcohol a veces puede liberar la presa de recuerdos. Para prosperar en el barro de nuestras vidas, algunas historias.
Dulce?
Sweet.
Je ne sais pas si il a vraiment été mon meilleur ami. C'est quoi, d'ailleurs, un ami? C'est comme le sens de la vie, ça n'existe pas vraiment, en fait. Je n'ai jamais vraiment eu de problème, et je n'ai jamais eu besoin de les raconter à quiconque. Une vie prend trop de place pour être partagé.
Nathan non plus ne s'est jamais vraiment confié à moi. Il avait des raisons d'en avoir, des problèmes, pourtant. Ses parents divorçaient, et son père... Enfin, je ne l'ai jamais su. Au niveau des notes, il frôlait tout juste la moyenne. Je me suis inquiété, au début. Je me suis dit qu'il allait plonger. Mais jamais son sourire n'a quitté son visage, ce sourire gourmand qui avalait tout les chocs de sa vie.
On se voyait souvent le jeudi soir, après les cours. On s'asseyait sur un banc, devant le lycée, et on regardait la foule bruyante de nos amis disparaître, les uns après les autres, dans l'ombre de la nuit grimpante. Parfois, sans dire un mot pendant des heures entières, juste là, à voir. Moi, je n'avais rien à dire. Et lui, parfois, il me racontait son histoire.
Je ne sais pas trop comment expliquer...Il était de cette pauvreté fière, qui gardait la sauvagerie des luttes et la beauté des rois. Il avait des soucis, mais des soucis digne d'être raconté, des beaux ennuis. Il n'était qu'un fantôme, mais un fantôme de personnage, pas un fantôme d'homme. Sa vie était un mythe fondateur, une histoire qu'on pouvait raconter, avec ses gentils, ses méchants, ses héroïnes et ses rebondissements, ses symboles et ses violences, ses leçons de morales et ses crépuscules. Mon petit fantôme était une légende.
Est-ce que je l'ai envié? Moi, et mes chemises repassés, mes copains quelconques, mes parents solides, mon quotidien si calme, si beau et si gris? Nathan était un roman, un roman qui s'écrivait à chaque instant, à chaque parole, un drame créatif qui ne connaissait pas les après. Une vie pleine de sens. Je me suis toujours demandé quelle était la véritable différence entre nous deux. Si nous avons vécu sous deux ciels. Ou si nous avions deux regards.
Après le piano, il s'essaya au dessin. A l'écriture. Et puis à l'économie, à la politique, à toutes ces choses qui nous font soi-disant maîtriser notre futur, fructifier notre temps. Il ne les prenait pas uns par uns, ne les sentait pas, ne les goûtait pas. Non. Il tombait, simplement, dans leurs gouffres, dans leurs abîmes, éraflait leurs parois noires, fasciné de leurs richesses, amoureux de leurs difficultés. Nathan trouvait dans chacun d'eux le sens de sa vie.
Et à chaque fois, il n'arrivait pas à continuer. Il n'était pas fait pour. A croire qu'il était fantôme aussi pour les passions.
Il faisait nuit, quand j'ai osé lui poser la question.
-Mais... Pourquoi? Tu échoue à chaque fois.
Entouré d'herbes et de vides, étouffé par la chaleur de l'été, étranglé par ce ciel qui s'étend la nuit tombée jusqu'à engloutir la terre. Je n'ai jamais su ce qu'était cet endroit, pourquoi nous étions-là, assis sur un banc, perdu dans ce désert loin des hommes, loin du temps Est-ce seulement arrivé? Ou, dans le chaos des après, dans cette chute infinie du temps, un de mes rêves s'est-il échappé de sa prison?
-Et bien... Disons que je fais signe au monde. Je l'appelle pour qu'il nous vienne en aide.
Le ciel tituba. J'avais bu, peut-être pour la première fois.
-Que... Quoi?
-Je veux me sauver. Je sens que bientôt, il sera trop tard, alors j'envoie des SOS. Le monde doit m'aider. J'y arriverai pas tout seul.
-Mais qu'est-ce...
Mais j'avais compris. Ca s'était abattu sur mon crâne comme une évidence.
-Et qu'est-ce que tu feras, si le monde ne vient pas te chercher? Si tout ça ne t'ouvre pas un chemin? Aprés?
Il haussa les épaules. Il ne souriait plus.
-Après, je trouverai de quoi m'occuper.
Tu étais l'un des meilleurs. Tu ne méritais pas ce bide là !