Ceux qui ne connaîtraient pas le jeu de rôle original ou sa première adaptation vidéo-ludique (Redemption) auront peut-être envie d'en savoir plus sur cette fameuse Mascarade, base du background du titre et partie intégrante du gameplay. Dans l'univers de White Wolf, non seulement les vampires existent, mais ils constituent une civilisation à part entière, un peuple dont l'existence à été maintenue secrète afin de respecter l'adage "pour vivre heureux, vivons cachés". Pour préserver leur intimité, les vampires obéissent donc aux règles de la Mascarade qui dicte le comportement de ces êtres de la nuit. Voilà pourquoi on doit éviter de se nourrir à la vue de tous ou d'aller faire un massacre dans une boîte de nuit. Violer les règles, c'est se mettre à dos non seulement le monde des humains, mais également celui des Vampires qui n'hésiteront pas à vous liquider.
Mais toute règle a ses transgresseurs. Tout comme le notre, le monde des Vampires est divisé en multiples factions dont certaines se plaisent à jouer les rebelles. Votre personnage sera d'ailleurs le fruit d"une transgression, puisque vous débuterez le jeu dans le rôle d'un vampire tout frais, transformé sans autorisation préalable et qui devra se mettre au service d'un prince vampirique californien.
Outre son attrait purement scénaristique, la Mascarade présente également un intérêt certain en termes de gameplay et instaure un challenge indéniable. Dans Bloodlines, la transposition de la loi vampirique passera par un système de zones. Dans la région d'un Los Angeles moderne divisée en 4 secteurs principaux (de Santa Monica à Chinatown en passant par Downtown et Hollywood), le joueur progressera soit au sein d'environnements de combats soit sous le respect des règles du secret. Ceci dit, l'interdit n'est pas absolu. En effet, se nourrir au grand jour ou exposer son horrible face de Nosferatu dans la rue ne vous mettra pas systématiquement hors-jeu. Avant tout, il importe d'être discret, on peut très bien se faire un petit en-cas dans un secteur régit par la Mascarade à condition de le faire dans un coin sombre. Et si vraiment on a manqué de furtivité en massacrant des innocents, on écope d'un mauvais point, une fois qu'on a remplit sa jauge de transgression, commencent alors les véritables ennuis. Dans un premier temps, vous devenez un vilain petit canard et obtenir de l'aide des autres vampires pourrait devenir une tâche ardue, mais si vous persistez dans votre déviance, tout sera fait pour que cessiez de compromettre le secret.
Los Angeles : Far West moderne pour vampires en lutte
Et nous voilà donc, pauvre petit vampire débutant, un peu plus costaud qu'un humain mais encore bien faible face à nos congénères, plongé dans un Los Angeles contemporain défini par les développeurs comme une sorte de Far West moderne, théâtre de la lutte qui oppose les diverses factions du jeu, et principalement celle des Camarillas, qui officieront en tant que gentils, et celle des Sabbats, qui rempliront le rôle des bad guys. Si certains fans de l'oeuvre originale trouveront peut-être le raccourci un peu facile, il n'en demeure pas moins que l'une des ambitions premières de Troïka en matière de background et de scénario est bien de respecter au maximum l'univers de White Wolf, sans pour autant rebuter les néophytes. Sachant d'ailleurs que les personnages et les événements de Bloodlines seront intégrés à la trame du jeu papier, on peut d'ores et déjà penser que cet objectif sera respecté. Précisons même que Bloodlines sera la "prequel" officielle du dernier livre de White Wolf. Plus près du sujet qui nous intéresse, voilà un environnement qui a le mérite de trancher avec ce qu'on a l'habitude de voir. Si le monde de l'héroïc fantasy a alimenté une quantité astronomique de RPG, si l'univers cyber-punk compte lui-aussi de nombreux titres à son actif, combien de jeux de rôle se sont-ils contentés de nous plonger dans... notre propre époque ? Nous envoyer dans les années 2000, un excellent moyen aux yeux de Troïka, non seulement de se démarquer du lot des RPG "traditionnels" mais également de renforcer l'immersion d'un joueur qui croira d'autant plus facilement à l'existence de la Mascarade. Moi, en tout cas, j'ai déjà fait provision d'ail et commandé l'intégrale de Buffy pour prendre des cours. Une autre conséquence de cet état de fait temporel, les adversaires que nous aurons à affronter ne se limiteront pas à leurs canines ou à de la magie, mais n'hésiteront pas également à sortir l'artillerie lourde, colts, mitrailleuses, grenades... Cette optique d'un certain réalisme semble tenir à coeur aux développeurs, entre cette trame contemporaine et l'usage d'un moteur 3D qui cherche à rendre crédible tout ce qu'il affiche (un point sur lequel on reviendra dans un moment d'ailleurs). Chercherait-on à nous faire peur ?