Si l'on retient bien quelque chose des deux premiers volets de Mafia, c'est son atmosphère qui découle d'une narration particulièrement maîtrisée. Série bénéficiant d'un traitement très cinématographique de la période de la prohibition entre autres, Mafia a pourtant choisi de quitter les années 40/50 et nous propose audacieusement d'en finir avec cette ère pour nous plonger en 1968... Autant dire que les premières réactions étaient mitigées, mais est-ce légitime ?

Exit l'ascension d'un homme, place à la vengeance

Nouveau venu dans l'univers de Mafia 3, Lincoln Clay sera le protagoniste que vous incarnerez dans le troisième volet . L'essentiel de l'histoire sera articulée autour de ce personnage, afro-américain et vétéran du vietnam. Orphelin, l'homme a passé sa jeunesse partagé entre les gangs et l'Eglise pour finir à l'armée. Une fois son service terminé et son retour au pays effectué, Lincoln se rend à la Nouvelle-Orléans et intègre la Mafia Noire, un groupe dont il considère certains membres comme étant de sa famille. Malheureusement, les activités mafieuses étant ce qu'elles sont, la Mafia Noire est victime d'une trahison fomentée par les membres de la mafia italienne et est ainsi décimée. Lincoln fondera alors son propre groupe dont l'objectif sera à terme d'anéantir la mafia italienne.

Exit ainsi le personnage venu de nulle part ou presque, qui, à force de fait d'armes, parviendra à gravir les échelons de la Famille et bonjour années 60, violence et esprit de revanche. Le pari de Hangar 13 est donc plus qu'audacieux. En s'éloignant du charme typiquement italien qui faisait la force des deux premiers épisodes, Mafia 3 se renouvelle et abordera par la même occasion des problématiques bien différentes.

Une période troublée, sur fond de guerre et de tensions raciales

A la fin des années 60, les tension raciales aux Etats-Unis sont omniprésentes, Martin Luther King Jr a été assassiné tandis qu'en parallèle les protestations anti-guerre se font de plus en plus pressantes. Implanter un épisode de Mafia dans ce climat tendu pourrait donner un nouveau souffle à la série, si toutefois la narration est aussi maîtrisée que dans les deux premiers épisodes. Le fait, dans ce contexte troublé, de vous permettre d'incarner un vétéran afro-américain devrait en tout cas garantir des axes scénaristiques pour le moins intéressants.

Bien évidemment, l'atmosphère du jeu, comme le veut l'héritage de la saga, constituera un personnage à part entière, et de ce que nous en savons aujourd'hui, Hangar 13 s'est employé à restituer au mieux l'ambiance de la Nouvelle-Orléans des années 60, même s'il s'agira d'une version fictionnelle de la ville de Lousianne, comme nous l'expliquent les développeurs dans la vidéo ci-dessous.

Style vestimentaire, automobiles, bande-originale qui passera du free-jazz aux Rolling Stones, tout devrait concourir à vous immerger le plus fidèlement possible dans l'univers du jeu. Toutefois, sachez que le dépaysement ne sera pas total et que vous aurez même l'insigne plaisir de retrouver ce brave Vito Scaletta, qui était votre avatar dans Mafia II. Voyez plutôt la ressemblance mais aussi le temps qui passe sur cette capture d'écran comparative.

Vito fera partie des quelques lieutenants que Clay pourra recruter et quand bien même vous ne pourrez malheureusement pas l'incarner, il y a fort à parier que le bonhomme occupe une place centrale dans la quête de vengeance au cœur de Mafia 3, surtout lorsque l'on connaît son rapport à la famille italienne ainsi que le dénouement – dont nous ne vous révélerons rien – du deuxième volet de la franchise.

Conserver l'essence de la saga

En somme, si Mafia 3 s'éloigne un peu de son unviers et de sa thématique d'origine, nous faisons confiance dans les équipes de développement pour capturer l'ADN qui a fait de la saga un succès. C'est en tout cas ce que sont sont manifestement employées à faire les équipes de Hangar 13, comme l'a confié Haden Blackman, directeur créatif du studio, auprès d'Examiner

Je voulais vraiment que le terme Mafia signifie davantage que « mafia italienne ». Pour moi, cela signifie « crime organisé ». Nous pouvons l'appliquer à tous les types de crimes organisés, alors la première conversation que nous avons eue en interne concernait la manière de l'appliquer à autre chose que la simple mafia italienne (…). Une fois que nous étions tombés d'accord sur la direction à prendre, nous avons réfléchi à quelle période, quel endroit et quel genre de protagoniste fonctionnerait pour le mieux.

Epoque différente, personnage différents, thèmes différents, mais valeurs similaires ? C'est ce qui semble se dégager des déclarations de Blackman :

Le fait d'être orphelin et de chercher un endroit où se sentir chez soi est une idée que nous avons eue très tôt. (…) Il (Lincoln -ndr) n'a pas simplement été élevé en orphelin, il a grandi dans un orphelinat catholique et cela a un lourd impact sur lui. Pour moi, ce qui est réellement intéressant, c'est que quoi qu'il fasse, il cherche toujours sa place dans le monde bien qu'il ne puisse jamais vraiment la trouver. Cela instaure en lui un sens démesuré de la loyauté et ça en devient un défaut fatal. C'est certes une qualité admirable, mais il est tellement loyal que ça lui apporte de nombreux problèmes. Lorsque la mafia italienne trahit la mafia noire, c'est encore la loyauté qui va le conduire à la vengeance.

Mafia 3 devrait donc, à la lumière de ces éléments, respecter à la lettre le cahier des charges imposé par les précédents épisodes, tout en offrant à la saga un nouveau souffle, que ce soit sur sa thématique, mais également sur son gameplay, comme nous allons le voir.