Coup de tonnerre au sein de la communauté des fans de Dark Souls premier du nom, sa suite ne sera pas chapeautée par le providentiel Hidetaka Miyazaki. L’esprit occupé par d’autres projets à l’époque encore secrets, Miyazaki remettait les clés de Dark Souls II à Tomohiro Shibuya et Yui Tanimura. Néanmoins, toujours soucieux de la franchise il conservera un rôle de superviseur tout au long du développement, apportant ici et là ses conseils ainsi qu'une certaine vision du jeu.

Je ne serai pas impliqué dans le développement réel de Dark Souls 2, je tiens à préciser que je serai un superviseur, pas le directeur actuel ou producteur. Il est vrai que je suis triste de ne pas être impliqué dans le développement de Dark Souls 2, parce que je travaille sur le développement de Dark Souls et Demon’s Souls depuis les cinq dernières années. J'aime vraiment ces deux titres , mais peut-être est-il temps d'avoir une nouvelle inspiration.

Une nouvelle inspiration nommée Bloodborne avec laquelle Miyazaki conservera de nombreux éléments "Souliens" tout en faisant varier la formule des combats avec un rythme plus soutenu. Pendant ce temps, le projet Dark Souls 2 avance mais semble rencontrer quelques errances de développement. Techniques d'un côté avec des ambitions graphiques revues à la baisse au fil des présentations du jeu, scénaristiques de l'autre avec une trame qui peine à définir ses tenants et aboutissants. La barre avait été mise si haute en matière d'ambiance avec le premier Dark Souls que cette suite pouvait difficilement ne pas évoluer dans son ombre, surtout privée de Miyazaki. Restait alors à peaufiner le gameplay, le online et certains éléments encore trop obscurs pour le joueur afin de tenter de convaincre à nouveau l’amateur de la série. Cette fois-ci, le jeu sort à l'international avec à peine 24h de décalage le 13 mars 2014 au Japon et le 14 en Europe. Les USA profitent même d'une sortie anticipée le 11 mars.

Une histoire de temporalité

Dark Souls 2 est-il scénaristiquement lié au premier volet de la saga ? La question est légitime puisque les deux jeux partagent certains points communs et font figurer des personnages ou des objets similaires. From Software nous explique que les deux jeux sont effectivement liés mais dans une temporalité différente.

Si Lordran devait être une zone dans un monde appelée, par exemple, la Terre, Dark Souls 2 se déroulerait dans un monde complètement différent, les deux endroits ne seront pas nécessairement appelés à interagir directement les uns avec les autres, mais ils partageront certains éléments graphiques.

Tomohiro Shibuya souhaitait donc insuffler au titre la même "ambiance générale" que Dark Souls premier du, ses équipes n'ont pas non plus l'intention de changer les contrôles du jeu ni sa difficulté.

Je vais suivre le même concept que Dark Souls, mais le jeu contenait beaucoup d'éléments d'histoire cachés que certains joueurs peuvent avoir totalement manqué. J'ai donc dans l'espoir de m'inspirer de ça, mais de rendre les choses plus claires - pas seulement dans l'histoire, mais aussi dans le message du jeu. Un grand nombre d'éléments étaient très subtils dans Dark Souls, c'est une caractéristique pour Dark Souls mais je suis personnellement le genre de personne qui aime être plus direct que.. subtile, donc je pense qu'une partie de moi sera présente Dark Souls 2. Il sera plus simple et plus compréhensible

Cette suite devait permettre à From Software d’apporter plusieurs nouveautés en matière de gameplay et d’histoire. Une expérience rafraîchissante pour le joueur qui n’en oublierait pas ses racines. Le but affiché est de surprendre les fans avec une nouvelle intrigue accompagnée de mécanismes débarrassés de certaines de ses complexités. On pense notamment ici au mode multijoueurs ou encore aux serments, des éléments assez délicats à comprendre pour quiconque ne s’étant pas pleinement investis dans le premier volet du jeu. Fini Lordran, faites place à Drangleic, royaume lui aussi déchu dont plusieurs indices nous laissent penser qu’il gravite dans une temporalité non dénuée de lien avec le premier Dark Souls.

Le contexte de Dark Souls 2

L’histoire de Dark Souls 2 conduit le joueur au royaume jadis prospère de Drangleic. Comme toujours dans l’univers des Souls, le bonheur est de courte durée et la malédiction des morts-vivants fini par aussi frapper ces paisibles terres. Refusant de voir son royaume sombrer dans la désolation, le roi Vendrick commença par enfermer les âmes damnées dans les geôles de la Forteresse Oubliée, en vain.... Il entreprit donc plusieurs expériences, parfois extrêmes sur les âmes avec l’aide de son frère Aldia. C’est alors qu’une femme, Nashandra, apparue dans la vie du monarque et devint très rapidement la reine du royaume. Elle réussit a persuader qu’une invasion de Géants venus de l’autre côté des eaux était imminente, forçant Vendrick à partir en croisade pour les combattre. Le roi sorti victorieux de cette bataille et revint en ses terres avec un tribu, le savoir des géants, un trophée doté d’un immense pouvoir qu’il utilisa pour bâtir sa majestueuse forteresse. Mais trompé par Nashandra, Vendrick finit par succomber à son tour à la malédiction, il ère depuis dans les profondeurs de son château. Le joueur incarne une nouvelle fois une âme damnée, porteuse de la malédiction, chargée de libérer Drangleic de son triste sort. Pour cela, il devra affronter quatre grands seigneurs afin de récupérer leurs âmes.

Post mortem Dark Souls 2

■ Un système de combat plus riche

S’il ne chamboule pas les bases de la saga, le système de combat de Dark Souls 2 introduit quelques modifications intéressantes accompagnées d’un joli panel d’armes et de sorts capable de modifier notre style de jeu en un simple switch d’équipement. Les combats à distance (magie et arc) ont aussi gagné en flexibilité et en plaisir de prise en main. Dark Souls 2 offre une variété très intéressante de builds au joueur, permettant de se respécialiser plusieurs fois au cours de l'aventure.

■ Un PvP engageant et fun

Grâce à ses serments et multiples couvents, Dark Souls 2 propose au joueur diverses manières de combattre ses semblables dans des joutes épiques en un contre un ou lors d'affrontements bien moins équilibrés. Cette suite corrige certaines des erreurs du mode PvP du premier volet comme celui des backstabs trop fréquents fortement impactés par la latence des joueurs. En arènes, lors des invasions ou dans les zones liées aux serments, le mode joueur contre joueur de Dark Souls 2 permet au joueur de tester une multitude de builds plus ou moins efficaces et originaux.

■ Des ambitions graphiques revues à la baisse

Malgré de beaux moments, DS2 se montre trop souvent paresseux sur ses environnements. Il présente de nombreux décors plats, sans beaucoup de travail sur les textures. Dans les premières versions présentées au public, Dark Souls 2 profitait de son moteur graphique pour assombrir son ambiance obligeant par la même occasion le joueur à utiliser des torches pour dissiper les ténèbres. Pièges masqués dans les ombres, secrets à découvrir et même combat de boss (la Pécheresse par exemple) devaient à l’origine utiliser ce mécanisme d’éclairage. Au final, From Software nous a livré un produit dénué de cet aspect accouchant par la même occasion d’un jeu au rendu graphique certes correct, mais souvent fade faute d’effets d’éclairage.

Dark Souls 2 tel qu'il aurait du être sans le retrait de ses jeux de lumière

■ Une cohérence que l’on sent plus forcée.

Dark Souls 1 nous fascine encore pour mélange réussi entre exploration, level-design et narration des tenants et aboutissants de Lordran. Dark Souls 2 souffre de son côté de carences évidentes de cohérence dans ses différents éléments. Certes son puzzle global peut être reconstitué à grands coups d'interprétations et d’associations d’idées, mais le jeu donne l’impression d’avoir été fragmenté en morceaux d’histoires recollés entre eux par la suite.

On pense par exemple ici aux incohérences assez nombreuses dans les changements de zone, lorsqu’un moulin empoisonné nous conduit tout droit à une forteresse plongée dans la lave. Demon’s Soul proposait une constructions similaires avec des zones aux ambiances tranchées, mais articulait le tout autour d’un HUB central. En appliquant une recette similaire à Dark Souls 2 et en lui donnant l’apparence d’un monde ouvert, From Software s’est un peu éloigné de sa philosophie, un point qu’il appuie dès le départ avec la téléportation entre les différents feux, une fonctionnalité débloquée d’office dans le jeu renforçant l’idée d’explorer des zones déconnectées les unes des autres.

■ Des boss moins marquants.

C’est un fait, nombre de rencontres de Dark Souls 2 manquent de panache et de figures charismatiques pour rester dans nos mémoires. On se souviendra encore longtemps d’Artorias ou bien d’Ornstein et Smough de DS1. Mais qui se souviendra encore du Démon Convoiteux clone de Jabba le Hutt ou du Monte-Dragon dans quelques années ? Certes Dark Souls 2 propose son lot de rencontres épiques contre des adversaires mémorables (le Chevalier Miroir, Veldstat, les Sentinelles des ruines), mais le jeu est un cran en dessous de ce que ses prédécesseurs avaient su instaurer. Et ce boss de fin (hors DLC), quelle déception !

■ Le système de mémoire d’âme.

Où l’exemple parfait d’une mécanique mal implémentée allant à l’encontre de l’essence multijoueur du jeu. Pour faire simple, ce système est une limitation empêchant un joueur ayant accumulé de nombreuses âmes de rejoindre ou d’affronter les joueurs disposant d’un compteur d’âmes inférieur. Cela signifie qu’un joueur investissant du temps pour aider les autres (sur un boss par exemple) ne pourra pas se faire aider en retour par des joueurs de son niveau. Un mécanisme pointé du doigt pour son côté injuste par les joueurs.

■ Fini le grinding, ou le disparition progressive des monstres

Si de nombreux joueurs avait flairé le bon coup dans Dark Souls 1 en répétant des séances de farm rapides et rentables à proximité d’un feu de camp pour reset inlassablement la zone, Dark Souls 2 a introduit le principe de depop progressif des monstres. Dans les faits le joueur ne peut tuer qu’une douzaine de fois chaque PNJ avant que ces derniers ne disparaissent de la zone. Frustrant me direz-vous ? Assurément, d’autant plus que le mécanisme réduit considérablement la difficulté liée au principe même de trial and error du jeu. Ceci perdure tant que le joueur ne brûle pas un ascète de feu pour faire réapparaître les ennemis d’une zone au prix d’une augmentation de la difficulté de cette dernière.

■ Des éléments encore trop obscurs

Je citerai ici la stèle de la compagnie des champions située sur les falaises de Majula. Combien d'entre nous l'avons déclenchée en ignorant tout de son effet sur le jeu. Une fois activé, ce fameux serment augmente de deux fois les dégâts infligés par les ennemis tout en réduisant les notre d'une valeur similaire, les chances de drop sont réduites et - cerise sur le gâteau - le joueur ne peut plus invoquer d'autres joueurs (ou se faire invoquer lui-même) pour se faire aider. Cet exemple est représentatif du côté encore trop obscur de certains éléments du jeu ; on ne parle pas ici d'histoire enfouie à découvrir par soi-même, mais de mécanismes de gameplay qui ne peuvent tout simplement pas être compris sans aller consulter un guide.

Dark Souls 2 est en ce sens un jeu de pur contraste où chaque moment de pur panache peut faire écho à des instants bien moins réussis. Il n’en reste pas moins un jeu très apprécié par les joueurs pour ses multiples possibilités de run (avec ou sans contraintes d’armes, de stats etc). Après la réussite du premier épisode il était tâche difficile de surpasser son prédécesseur.