Si d'aventure vous vouliez profiter de la mi-novembre pour vous isoler au cœur de l'Himalaya, alternant habilement entre la guérilla, la chasse, l'exploration et la grimpette pour meubler vos journées : sachez-le, chers lecteurs, Far Cry 4 est là pour ça. Que vaut donc ce Far Cry revisité sauce stalactites, nous allons le voir tout de suite... Mousquetons, piolets, pics à glace au cas où, suivez le guide !
Depuis son annonce, Far Cry 4 souffre d'un constat que notre président pourrait très bien faire : « En moins de deux ans, on ne peut pas faire grand-chose ! ». Voilà ce que se sont dit les sceptiques (dont votre humble serviteur faisait partie) concernant ce 4ème épisode de Far Cry qui lorgne sévèrement du côté de son prédécesseur tant sur la réalisation que sur le gameplay. Far Cry 4 est-il « la même mais ailleurs » ou introduit-il suffisamment de nouveautés pour être un titre agréable, même si l'on ne souhaite pas revoir un copier-coller skiné de Far Cry 3 ? Dunia Engine 2.0 « lourdement modifié » pour la réalisation, passage new-gen, open world pour la coop, éditeur de niveaux et multi compétitif : zoom sur une aventure solo un chouia décevante qui se rattrape toutefois sur ses à-côtés.
Far Cry 3.5 ?
Parlons d'abord de la technique puisque c'est historiquement le socle de la série. Comme le jeu sort directement de la marmite Far Cry 3, au niveau de son moteur, de ses animations et des textures, les similitudes abondent. Néanmoins, le résultat fait tout de même honneur aux consoles nouvelle génération ainsi qu'au PC et permet un rendu plutôt agréable sans être pour autant hors du commun. On regrettera tout de même que les consoles nouvelle génération soient bloquées à 30 images seconde alors que le PC n'a aucune limite sur le rafraîchissement. Quant aux anciennes générations, elles tentent de faire le travail correctement, ce qui implique un aliasing bien présent ainsi qu'un brouillard anti-clipping logiquement plus massif que sur les autres supports.
Le travail sur le Dunia 2.0 se voit donc principalement sur la finesse des effets et sur l'upgrade technologique rendu possible par les nouveaux supports touchés. Mention spéciale à la végétation et aux effets de lumière qui embellissent largement le Kyrat. FC4 réserve également certaines missions pour les environnements de Shangri-La et pour les hauteurs de l'Himalaya qui sont pour le coup du plus bel effet. Esthétiquement, pas grand-chose de neuf si ce n'est une ambiance visuelle assez marquée et quelques séquences « hallucinées » qui font malheureusement dans le low-cost avec des filtres de couleur et quelques apparitions d'éléments loufoques... Pas de quoi égaler la qualité des séquences sous psychotropes du 3ème épisode. La bande-son est bien travaillée et fait dans les thèmes zen et hindi la plupart du temps, on notera des doublages anglais de très bonne qualité avec l'inévitable Troy Baker en doubleur de Pagan Min, grand méchant de l'aventure... Mais d'ailleurs que nous raconte la belle histoire de Far Cry 4 ?
Un peu d'histoire...
Après l'aventure de Jason contre Vaas, Ubisoft nous sert la rébellion d'Ajay contre Pagan. Changement de cadre mais pas de structure puisque notre héros se retrouve à épauler une rébellion contre un tyran, parcourant une vaste carte pour conquérir peu à peu les tours, avant-postes, et forteresses de son ennemi en suivant une quête principale qui vous oriente indirectement vers une myriade de quêtes annexes. Face à nous, l'armée de Pagan Min, mais aussi l'environnement hostile de Kyrat, peuplé d'animaux à chasser et d'événements aléatoires (prise d'otages, guérilla...). Si la trame principale nous a un peu laissés sur notre faim au niveau de sa mise en scène, de son intensité, et de son originalité, il est assez triste de remarquer que notre Némésis Pagan nous a également déçus. Pas au niveau des interventions de Vaas et pas non plus au niveau de sa prestation durant l'intro du jeu, notre méchant de service endosse le rôle du méchant de James Bond type, aussi avenant que cruel. Ses rares interventions ne sont pas plus mémorables que ça, même s'il intervient assez régulièrement via la radio de notre véhicule. On saluera d'ailleurs le travail du studio qui a introduit une radio talk-show dans les véhicules, ce qui renforce l'immersion à grands coups de messages anti-système.
Les personnages clés de cet épisode sont malheureusement un peu trop caricaturés et prévisibles, même si l'on retrouve quelques têtes connues venues tout droit du 3ème opus : Hurk et Willis. On remarquera surtout Amita et Sabal, vos deux principaux donneurs de quêtes sur la trame principale. Ces deux personnages aux motivations diamétralement opposées représentent un choix dans votre suivi de la trame principale. Car si l'un se bat pour préserver les traditions de son peuple, l'autre n'hésite pas à employer tous les moyens possibles pour renverser Pagan et n'hésite pas à utiliser l'argent de la drogue pour ce faire... Question de point de vue ! Vous aurez donc un choix à faire concernant ces deux-là pour savoir qui vous allez suivre durant plusieurs missions... C'est toujours bon à prendre et la rejouabilité du titre s'en trouve grandie. Nouveautés dans l'approche du scénario, d'accord, mais qu'en est-il du gameplay ?
Et le gameplay dans tout ça ?
Concernant le feeling du gameplay de ce nouvel opus, on est clairement en terrain connu. Les mouvements, les animations, les takedowns, les mécaniques de craft et de skill sont les mêmes que dans le titre précédent. Quelques nouveautés font toutefois leur apparition, et sont directement imputables au nouvel environnement que l'on explore. Ainsi, il est désormais possible de tirer tout en conduisant, et même d'activer un pilote automatique pour viser en toute liberté sans se soucier de la corniche un peu raide sur laquelle on évolue. Verticalité oblige, Ubisoft a rajouté de l'escalade dans le gameplay de son titre. Une feature sympathique qui nous offre un peu de grimpette lorsque l'on souhaite se rendre dans des zones encore inexplorées. C'est réellement ce côté « débrouille en montagne » qui fait la force de l'open world de Far Cry 4. Dès le début de l'aventure, le titre nous laisse évoluer librement dans la nature, nous mettant face à des obstacles à contourner et à un petit travail d'observation, nécessaire pour votre évolution dans le Kyrat.
Cet épisode dans l'Himalaya introduit également de nouveaux véhicules qui en complément du wingsuit et du parachute vous permettront de prendre un peu de hauteur pour admirer le paysage (et le clipping parfois présent sur new-gen). Le gyrocoptère fait donc son apparition, tout comme l'éléphant et sa charge surpuissante qui enverra valser vos ennemis tel un coup de massue délivré par un géant de Skyrim. Quad, jet-ski, van, Tuk-tuk, deltaplane : l'éventail de véhicules est assez fourni, tout comme le panel d'armes à notre disposition. Armes de poing, SMG, fusils d'assaut, lance-flammes, snipers, arcs, lance-grenades, le choix est là aussi à l'honneur. Nos joujoux sont customisables et c'est d'ailleurs ce qui ponctionnera la plupart du temps votre porte-monnaie en peau de croco. En parlant de ce dernier, sachez que le craft, auparavant assez gênant, est bien moins vital qu'avant puisque dès les premières quêtes, on vous dirigera vers les éléments pour obtenir « un certain standing offensif ». Oubliez donc les phases « et mince, j'ai vraiment pas assez de munitions, il faut encore que j'aille crafter pour me crafter une cartouchière ! ». Au final, Far Cry 4 peut se voir sous différents angles. Si vous ne vous intéressez qu'à la campagne solo, cet épisode sera peut-être une déception tant on se repose sur ses lauriers en termes de réalisation, de mise en scène et de gameplay, tout en proposant une recette efficace. Autre situation, vous êtes du genre à faire le solo en prenant votre temps et souhaitez avant tout explorer, platiner votre jeu et terminer chacune des quêtes à base de collection. Dans ce cas, l'aventure peut valoir le coup et vous occupera même une bonne trentaine d'heures. Enfin, l'angle le plus approprié pour apprécier Far Cry 4 est celui du joueur solo et multijoueur. Explications.
Une bonne dose de multi !
Là où Far Cry 3 proposait du coop à 4 pour des missions bien spécifiques, ce 4ème épisode traite la composante multijoueur de deux façons. Il y a premièrement le coop à deux joueurs, qui permet d'explorer Kyrat avec un ami. Ce mode est vraiment agréable et fun puisque tout l'univers vous appartient. Bataille d'éléphants, courses de quads, raids sur les forts surprotégés (que l'on peut également faire en solo en faisant appel à des rebelles), assaut en gyrocoptère en sifflant la chevauchée des Valkyries. Vous l'aurez compris, explorer Kyrat est franchement drôle à deux, reste à savoir si on ne risque pas de se lasser à la longue. Notez que vous ne pouvez pas faire la campagne à deux. Pour ceux qui préfèrent le compétitif, Ubisoft propose un mode multijoueur bien nerveux ainsi que 3 modes de jeu aux objectifs variés dans lesquels on prend part à des affrontements asymétriques à 5 contre 5. Pourquoi parler d'asymétrie ? Tout simplement parce qu'une équipe incarne des soldats aux armes conventionnelles, alors que l'autre incarne les guerriers ancestraux de Shangri-la, qui ont entre autres la possibilité de se rendre invisibles et d'invoquer des familiers en plus de pouvoir compter sur leur arc foncièrement létal. Le titre propose en sus un éditeur de cartes sympathique et bien conçu.
Les captures ont été réalisées sur PlayStation 4.
Points forts
- Kyrat et son environnement
- La coop plutôt sympathique
- Le multi compétitif agréable
- L'efficacité du gameplay de base
- Les effets de lumière et la végétation
- Un éditeur de cartes pour les plus créatifs
Points faibles
- Lacunes techniques (clipping en gyrocoptère, brouillard omniprésent sur PS3 et 360, crashs sur PC)
- Le manque d'innovations dans le gameplay
- Un moteur qui se fait vieux
- Une campagne solo un peu décevante
- Des chargements un peu longuets
Far Cry 4 est donc un bon FPS solo et multi qui s'apprécie à fond si l'on est tenté par le solo, la coop, et le compétitif. Si chacun de ces styles de jeu n'excelle pas dans son genre, il faut bien avouer que le mélange des trois rend le soft efficace sans être révolutionnaire. On pourra pester contre le côté redite du solo (avec une campagne moins bonne que celle du précédent), contre le manque d'innovations graphiques apportées à une série dont c'est pourtant le cheval de bataille depuis le premier épisode, ou encore pester contre le gameplay qui n'est ici enrichi que de quelques features, mais la formule fonctionne plutôt bien au final et annonce des heures et des heures d'aventure dans un Far Cry plus beau, plus fouillé, et plus complet qu'avant.