A chaque génération de consoles, les petits gars d'Insomniac Games ont su renouveler leur catalogue pour proposer une nouvelle série. Spyro, Ratchet & Clank et Resistance ont ainsi respectivement fait le bonheur de la PS1, PS2 et PS3, mais toute série a une fin et c'est désormais sur la dernière-née de Microsoft que le studio californien compte creuser son trou. Son outil ? Un shooter déjanté en monde ouvert nommé Sunset Overdrive.
Revirement total pour Insomniac Games donc, qui abandonne les consoles Sony pour entrer dans le giron du géant Microsoft, désireux de fournir à sa console une exclusivité profitant du savoir-faire d'un studio toujours adulé pour la qualité de sa série Ratchet & Clank. Le constat est pourtant plus surprenant qu'il n'y paraît avec ce titre qui reprend certes quelques éléments typiques du studio, mais s'aventure surtout sur les terres de nombreux autres déjà confirmés et approuvés par les joueurs. Le pitch de base vous fait rapidement comprendre qu'ici, l'absurdité est un credo : après un bref passage par l'outil de création de votre personnage, vous vous retrouvez ainsi dans une situation quasi apocalyptique où des monstres pustuleux cherchent à vous ôter la vie. Une situation qui n'a rien de fun a priori, jusqu'au moment où l'on comprend que la source de cette apocalypse n'est autre qu'une nouvelle boisson gazeuse à la mode non homologuée par le gouvernement. Evidemment, votre personnage a eu la bonne idée de ne pas goûter à ce dangereux breuvage et va désormais s'atteler à survivre dans la ville de Sunset City, placée en quarantaine et régie par différentes factions aussi barrées que l'univers auquel elles appartiennent.
Blagues potaches, humour qui tache ?
Défrichons le terrain grossièrement, Sunset Overdrive a au premier abord des faux airs d'un épisode d'inFamous croisé avec Dead Rising. Il serait pourtant réducteur de le réduire à ça tant l'univers parvient à se démarquer en misant sur ses vannes appuyées et son style visuel à l'esprit très « comics ». Ces premières sont abondantes, grossières et parfois maladroites, mais on finit par s'immerger dans ce monde dévasté avec plaisir et accepter l'amas d'absurdités qui nous entoure sans véritablement se poser des questions. Si vous êtes hermétique à l'humour absurde et à l'enchaînement de scènes invraisemblables, vous resterez de marbre face à la plupart des situations grand-guignolesques, dans le cas contraire il n'est pas improbable que vous vous payez quelques tranches de rire. Mention spéciale pour la séquence avec les amateurs de jeux de rôle grandeur nature et le barde, tellement improbable et bourrée de clichés qu'elle en devient extrêmement efficace et amusante.
Effet comics avec MS
Visuellement et techniquement, le titre tire aussi son épingle du jeu en offrant un univers éclatant qui semble tout droit sorti de l'imaginaire d'un fan de parcs d'attractions. Sunset City est en effet jonchée de statues au design surprenant, de panneaux bourrés de références geeks (mais pas seulement) et de lieux hauts en couleur qui flattent la rétine. Un ensemble déjà séduisant et plaisant à parcourir qui s'accompagne d'effets de lumière convaincants, d'une modélisation du feu réussie et d'une maîtrise technique propre et sans bavures à peine entachée par quelques rares ralentissements et un clipping inhérent au genre. Certes, le titre ne tourne pas en 60 fps mais son action frénétique n'est jamais entachée par des questions d'ordre technique, et c'est bien là l'essentiel. La bande-son punk rock aux sonorités très californiennes accompagne également à merveille vos aventures à l'écran, mais aurait gagné à être plus fournie en quantité. Il n'y a rien de plus jouissif qu'entendre une bonne ligne de basse pendant que l'on fait exploser des overdosés, mais en entendre deux ou trois aurait eu plus de gueule, non ?
Séances de grimpette...
Principal intérêt du titre, le système de déplacement tire profit du monde ouvert et des nombreux immeubles et câbles en permettant à votre personnage de s'y déplacer avec aisance. Vous apprendrez rapidement à grinder les câbles électriques et les rebords, marcher sur les murs, rebondir sur les voitures ou les toiles détendues... La palette de déplacements du personnage est variée et doit impérativement être maîtrisée par le joueur : il est en effet inutile de chercher à affronter les monstres au sol tant le risque de finir en chair à saucisse est grand. Tirer profit de l'environnement tout en shootant ses adversaires est indispensable et exigera un certain doigté lors des passages les plus délicats. D'autant plus qu'en variant les systèmes de déplacement, vous pourrez également faire monter votre jauge de combo pour débloquer des rushs susceptibles d'améliorer la puissance de votre personnage.
… Et gunfights à gogo
Se débarrasser d'une armée de mutants gavés de soda à la seule force de ses poings n'est pas chose aisée. Votre héros n'aura heureusement pas seulement à utiliser ses mimines mais pourra compter sur un arsenal aussi varié que déjanté, allant du pistolet lance-fusées au Bazoorska (sic) en passant par le lance-disques. Les armes disponibles se récupèrent lors des missions principales ou peuvent être achetées contre des canettes qui constituent la monnaie du jeu. Couplés au système de déplacement et soutenus par une bande-son dynamique, les gunfights s'avèrent nerveux et fort agréables malgré un bémol de taille concernant le système de visée. Ce dernier s'avère en effet trop imprécis, ce qui peut notamment poser problème dans une séquence où vous devez détruire un élément et que des ennemis situés plus près sont ainsi visés automatiquement sans que vous le souhaitiez. On peut aussi noter la possibilité de poser des pièges lors de séquences où vous devez protéger des cuves d'overcharge d'une invasion d'overdosés...
Quand le Rush dit « j'aime »
Pour améliorer tout ce bel attirail, votre avatar dispose d'objets spécifiques nommés rushs qui sont justement fabriqués durant les séquences de tower defense évoquées précédemment. Ces rushs peuvent également être achetés contre des éléments à collecter dans la ville (ballons, rouleaux de papier toilette et chaussures puantes) et procurent un bonus à vos armes allant des dégâts explosifs à la possibilité de geler vos ennemis. L'unique moyen de les déclencher est de monter votre jauge de combos en enchaînant les sauts et les grinds à la Jet Set Radio Future, une autre ancienne référence passée par les consoles Microsoft. Le personnage peut également bénéficier des Overdrive, des bonus passifs améliorant vos statistiques et qui se récupèrent en réussissant des défis. Tout ce beau petit attirail ne bouleverse pas vraiment le gameplay mais apporte un semblant de personnalisation appréciable.
Tuer des overdosés n'est pas une fin en soi
Comme tout bon open world qui se respecte, Sunset Overdrive propose également bon nombre de missions et est doté d'une durée de vie honnête : comptez une bonne quinzaine d'heures pour terminer l'histoire et bien plus pour récupérer les objets sur la map, terminer tous les défis et quêtes annexes scénarisées qui se débloquent au fur et à mesure de votre avancée dans l'aventure ou encore pour jouer en coopération avec vos amis. Cette dernière partie s'avère d'ailleurs très fun puisqu'elle transforme un joyeux bazar en un immense chaos de soda, de sang et d'explosions. Jouissif et assurément indispensable à tester pour casser la monotonie d'une longue séquence en solo. On restera en revanche plus mitigé sur la nature des missions, qui consistent bien souvent à venir castagner des monstres pour récupérer puis ramener un objet. Quelques missions tentent bien de sortir du lot et d'apporter un peu de variété, mais c'est surtout grâce à son côté déluré et décomplexé que le titre parvient à ne jamais lasser le joueur, un gros point fort qui devrait lui assurer une place dans le cœur des amateurs de shoot frénétique.
Points forts
- Univers déjanté
- Quelques séquences vraiment drôles
- Système de déplacement bien pensé
- Palette d'armes variée
- Missions en coop
Points faibles
- Manque d'originalité dans ses mécanismes
- Système de visée perfectible
- Répétitivité des objectifs
- Des checkpoints mal placés sur certaines missions
Sunset Overdrive ne révolutionnera pas le genre, c'est certain. Mais il reprend avec efficacité des éléments tirés de titres confirmés, parvenant à mixer un gameplay nerveux et décomplexé avec un univers complètement déjanté. Le résultat est là : on s'y amuse et c'est avec plaisir que l'on s'attarde sur les nombreux défis à remplir tout en cherchant à dompter parfaitement un gameplay aux rouages bien huilés. On lui pardonnera donc aisément ses objectifs de missions redondants et son système de visée imprécis, deux points qui gagneraient à être corrigés pour ce titre s'il veut se faire sa place dans l'univers ultra-concurrentiel des mondes ouverts vertigineux. Rendez-vous au second épisode ?