La saga Heroes ne date pas d'hier. En multipliant les épisodes issus de la licence, il était évident que certains volets soient en dessous des standards de qualité que les fans sont en droit d'attendre d'un univers aussi riche. Cette année, c'est sous la forme d'un free-to-play jouable sur navigateurs que nous revient le monde d'Ashan, sous le nom de Might & Magic Heroes Online, tout simplement.
C'est une évidence, annoncer un jeu par navigateurs fait frémir de peur la plupart des joueurs tant ce genre de supports n'a pas toujours excellente presse. De plus, adopter un modèle free-to-play est un exercice très délicat à manier tant l'équilibre entre fonctionnalités payantes et progression gratuite est fragile. Might & Magic Heroes Online parvient-il à marier profondeur de jeu et progression équilibrée sans que le joueur ait besoin de passer régulièrement à la caisse ?
Du Heroes accessible à tous
Avant de commencer une partie, vous pourrez choisir d'incarner l'un des héros d'une des deux factions qui s'opposent en jeu : La Nécropole ou le Havre. Chacune propose deux classes différentes, l'une axée sur la puissance brute, l'autre sur la magie. Une fois le choix effectué, il est temps d'arpenter le monde de Might & Magic Heroes Online, et il faut reconnaître qu'esthétiquement, le jeu s'en sort plutôt bien pour du jeu via navigateurs. Sans être particulièrement renversants, certains décors et effets de lumière sont très réussis et explorer la carte (en temps réel) est somme toute plutôt agréable. Vos premiers pas se dérouleront par l'intermédiaire d'un tutoriel très progressif et limpide, qui vous permettra de bien saisir les mécaniques globalement assez simples du jeu, rendant l'ensemble particulièrement accessible.
Votre héros est à la tête d'un certain nombre d'unités en début de partie. L'un de vos premiers objectifs sera de bâtir une cité, destinée avant tout à produire différents types de soldats avant de partir au front pour remplir les quêtes que les personnages ne manqueront pas de vous donner. Les combats sont assez classiques et fonctionnent plutôt bien. Nous retrouvons bien entendu le système de tour par tour sur une carte divisée en hexagones. Si votre héros ne peut pas se déplacer, ce ne sera pas le cas de vos unités auxquelles il faudra donner des ordres avertis pour prendre l'avantage tactique lors des affrontements. En effet, une attaque de front sera moins efficace qu'un coup porté sur les flancs et dans le dos. Il faut donc garder cela à l'esprit, tout en prenant en compte la stratégie de vos adversaires qui pourront profiter des mêmes avantages conditionnés par le positionnement.
Des combats simples, efficaces mais redondants
Vos unités disposent de compétences propres, pouvant par exemple appliquer des effets d'entrave ou de saignement à l'adversaire, tandis que votre héros, bien entendu plus puissant, pourra opter pour de nouvelles compétences actives ou passives à mesure qu'il franchira des niveaux grâce aux affrontements dont vous sortez victorieux. Il existe d'ailleurs des moyens assez bien pensés pour engranger davantage d'expérience. Avant d'engager les hostilités, un rapport est établi entre les forces en présence. Si vos unités sont globalement plus puissantes que celles d'en face, le combat sera estimé comme étant facile. Vous pouvez alors choisir de passer en mode Expert, ce qui aura pour effet de rendre le combat plus tactique mais nettement plus rémunérateur. Une fois assez d'expérience cumulée, vous aurez tout loisir de répartir vos points de talent dans un arbre de compétences clair et complet, adaptant votre distribution à votre façon de jouer.
Les combats sont donc efficaces mais finalement assez redondants sur le long terme. N'attendez pas pour autant sortir indemne des affrontements. Vous perdrez effectivement de nombreuses unités et il sera nécessaire de se réapprovisionner en troupes fraîches pour continuer votre aventure. Pour cela, vous serez dans l'obligation de construire une cité comme nous l'évoquions plus haut, que vous pourrez rejoindre à tout moment via un portail. En fonction des bâtiments construits à grand renfort de pièces d'or et de ressources glanées en faible quantité dans des points stratégiques de la carte ou grâce aux quêtes accomplies, vous aurez à votre disposition une certaine quantité d'unités à affecter à votre armée. Si toutefois vos ressources tombaient à 0, il faudra attendre une bonne heure avant de pouvoir recruter à nouveau. Idem pour la levée des impôts de votre mairie, dont le cycle est tout de même de 6 heures, à l'image de la collecte de bois, dont la faible récolte est adossée à la même durée d'attente. A moins que vous ne succombiez à l'achat des fameux sceaux héroïques.
Un système économique plus "sot" qu'héroïque
La monnaie miracle de ce freemium est donc matérialisée sous la forme de Sceaux Héroïques, qui, en l'échange d'espèces sonnantes et trébuchantes vous permettront essentiellement d'accélérer largement votre partie. La plupart des actions destinées à vous faciliter la vie sont d'ailleurs assez gourmandes en sceaux : accélérer la production de bois ou d'unités, avoir suffisamment d'informations sur un ennemi avant d'engager l'affrontement, voire même obtenir un peu d'équipement... autant d'éléments indispensables à votre progression qui vous demanderont soit pas mal d'argent, soit beaucoup de patience pour être accessibles. De plus, lorsque l'on s'attarde sur le rapport quantité / prix réel des sceaux héroïques, on se rend vite compte que étant donné la vitesse à laquelle ils seront dépensés en jeu si vous souhaitez y avoir recours, vous allez devoir être l'heureux possesseur d'un compte en banque bien garni pour en profiter pleinement. Coup de grâce de ce modèle économique : pour bénéficier d'un deuxième héros lié à votre compte, vous devrez vous acquitter d'une généreuse quantité de sceaux, qui vous aurez grand peine à accumuler au cours de votre partie sans passer à la caisse. C'est d'autant plus regrettable qu'un système d'échange d'unités était mis en place entre vos héros. Mais à ce prix-là, on préférera se contenter d'un seul avatar.
Des atouts qui maintiennent l'intérêt du jeu
La question la plus difficile reste alors de savoir si Might & Magic Heroes Online vaut la peine que l'on s'y intéresse. En dépit de son modèle économique contestable, l'expérience est suffisamment complète pour mériter que l'on s'y attarde. Si le jeu propose une version très "user friendly" de la saga Heroes, gardons à l'esprit qu'il reste un jeu par navigateurs, qu'il ne prétend pas révolutionner les choses et qu'il propose suffisamment de points forts pour que le joueur passe un bon moment, à grand renfort de parties rapides et quotidiennes. Nous pensons notamment à l'implantation plutôt judicieuse de la coopération, qui vous permet à tout moment d'inviter les héros proches à vous aider à vaincre un boss, mais aussi à un système de PvP anecdotique mais pas désagréable, qui apporte un peu de fraîcheur à l'ensemble.
Points forts
- Esthétiquement réussi
- Quêtes et récompenses assez diversifiées
- Du PvE, de la coop, du PvP, il y a de quoi faire
- Interface claire et complète pour un Heroes très accessible
Points faibles
- Rapport quantité / prix des Sceaux Héroïques
- Combats rapidement redondants
- Quantité exagérée de sceaux exigés pour obtenir un second héros
- Gestion des cycles de construction / recrutement trop lente et déséquilibrée entre comptes payants et gratuits
Might & Magic Heroes Online n'est pas le jeu par navigateurs parfait et n'oublie malheureusement pas les écueils inhérents au genre : un système économique bien trop coûteux et des cycles d'action aux trop longues minutes d'attente déséquilibrent la facilité de progression entre les joueurs au porte-monnaie bien garni et ceux qui ne déboursent pas un centime. Ceci étant dit, il offre une expérience fort accessible de la saga Heroes, et propose suffisamment de contenu et de fun pour que les joueurs les plus patients passent un agréable moment dans l'univers plutôt joli de cette version d'Ashan via navigateurs.