Connu aujourd'hui pour être à l'origine des aventures du Professeur Layton, le studio Level-5 s'était livré à des expériences bien différentes au début des années 2000. True Fantasy Live Online était à l'époque un projet de MMORPG console ambitieux, porté par des graphismes en cel shading et un univers pouvant accueillir plusieurs milliers de jeux. Finalement annulé il y a dix ans, ce projet avorté a continué de trotter dans la tête des développeurs du studio Japonais. Difficile de ne pas voir une filiation entre TFLO et Fantasy Life, enfin disponible en Europe après avoir fait le bonheur des Japonais pendant près de deux ans. Reprenant quelques principes de jeu de son aîné tout en s'affranchissant de la partie massivement multijoueur, Fantasy life vous propose comme son nom l'indique de vivre la vie d'un personnage d'heroïc-fantasy... et le fait avec brio.
Le titre mélange ainsi les genres, s'inspirant tantôt d'Animal Crossing, tantôt d'un Rune Factory tout en nous livrant son propre univers. Vous démarrez dans la peau d'un jeune villageois dont vous pouvez définir plusieurs paramètres, allant de son sexe à sa corpulence en passant par sa coupe de cheveux. Une fois votre avatar créé, il est alors temps de se pencher sur la carrière à laquelle celui-ci va se livrer. Mais la principale particularité du titre est que vous pourrez librement changer de carrière dans une même partie, sans perdre les bénéfices de vos classes précédentes. Une riche idée qui apporte une profondeur intéressante à ce titre.
Classes interchangeables
Pas moins de 12 classes sont disponibles avec 4 d'entre elles axées sur le combat (Paladin, Mercenaire, Chasseur et Mage), 5 basées sur des métiers créatifs (Cuisinier, Forgeron, Menuisier, Tailleur et Alchimiste) et 3 pour la récolte (Mineur, Bûcheron et Pêcheur). Après le court prologue du jeu, vous êtes placé dans le grand bain de la vie fantaisiste et devez vous livrer à la quête d'introduction de votre carrière, qui vous présentera les bases de votre nouveau métier. Une fois celle-ci terminée, il est alors possible de changer à loisir de classe, l'ensemble des fonctionnalités débloquées par votre classe précédente restant disponibles. Par exemple, un ancien chasseur devenu forgeron pourra toujours s'équiper d'un arc et utiliser ses capacités de chasseur en combat. Le début de partie idéal consiste finalement à finir l'ensemble des prologues de toutes les classes avant de se lancer dans l'aventure, un système qui vous permettra par la suite de collecter toutes les ressources sans être frustré de passer à côté de certaines d'entre elles.
Le mauvais chasseur et le bon chasseur
Preuve que le système est taillé pour tous les types de joueurs, il est tout à fait possible de se cantonner à une ou quelques classes puisque l'ensemble des matériaux de récolte peut être acheté auprès des commerçants. Un choix certes onéreux mais tout à fait viable et appréciable pour les joueurs moins patients, bien qu'il soit évidemment conseillé de se livrer à toutes les activités pour apprécier le titre. Le véritable tour de force vient surtout de l'intérêt de chacune des classes, puisqu'il est tout aussi intéressant de se livrer à des parties de pêche ou d'abattre des arbres que d'aller tuer des monstres en pagaille. L'idée est simple, plutôt que de vous adonner à des activités répétitives et automatisées pour la collecte ou la création de ressources, vous devrez vous livrer à des séries de mini-jeux adaptés au métier concerné. Créer une armoire se fera ainsi via une pression sur une série de touches dans un temps limité, là où asséner un coup de hache puissant pour achever la coupe d'un arbre est nécessaire pour collecter un maximum de ressources. Le système est bien pensé et permet de ne pas ressentir de lassitude malgré le côté redondant des carrières n'incluant pas de combats.
De l'expérience à foison
Le système de progression s'adapte en conséquence et s'étale sur plusieurs jauges d'expérience. La première concerne l'expérience globale de votre héros, récupérée en exerçant n'importe quel type d'activité et qui lui permet de monter progressivement en niveau pour débloquer des points de statut : ces derniers sont utilisés pour améliorer vos statistiques. Les points de liesse s’obtiennent en explorant différents horizons suggérés par le joli petit papillon qui vous accompagne dans votre aventure. A chaque nouveau niveau de liesse, vous pourrez choisir une récompense pratique pour votre aventure comme la possibilité de louer des chevaux ou d'agrandir votre sac. Enfin, les étoiles se remportent en accomplissant des défis liés à votre carrière et vous permettent de faire progresser vos rangs dans celle-ci pour bénéficier de nouvelles capacités. Il est également possible de réaliser des quêtes fournies par les villageois afin de remporter quelques deniers bienvenus pour faire un peu de shopping. Certains villageois pourront même rejoindre votre équipe pour vous prêter main forte dans vos quêtes.
Un RPG, mais pas que
Malgré ses faux airs d'Animal Crossing, Fantasy Life est bien un RPG dans lequel les combats occupent une place importante. Ces derniers s'avèrent simples et bien pensés, mais restent bien trop faciles : on vient très rapidement à bout des différents monstres, d'autant plus que ces derniers ont tendance à se bloquer dans les décors et disposent d'une zone d'action très limitée qui les empêche de vous suivre très loin. Petit point noir de ce côté-là donc, heureusement compensé par la variété du bestiaire et des capacités de votre personnage et surtout par une idée plutôt fun : lorsque vous avez affaire à un gros butin (sapin géant, poisson immense ou bête féroce) il vous faudra le ramener en ville pour obtenir votre récompense, après l'avoir traîné sur le chemin. Ce fameux butin peut même être attaqué et détruit par les ennemis que vous croiserez ! Heureusement, le principe ne s'applique qu'à une poignée d'objets mais a le mérite d'apporter un peu de fraîcheur à la collecte d'éléments. Mais qui dit RPG dit aussi Craft, et il s'agit évidemment du cœur du jeu : création de potions, de plats, de meubles, d'équipements en fer ou en bois, le choix est vaste et vous permet réellement de personnaliser votre expérience de jeu à votre guise... sans oublier votre maison. Plusieurs demeures peuvent être achetées au cours du jeu, puis décorées à votre guise avec le mobilier que vous aurez créé à la sueur de votre front ou acheté dans la boutique du coin, c'est selon. Si l'ensemble reste purement cosmétique, on pourra toutefois apprécier la possibilité de disposer de sa demeure qui apporte une touche de simulation de vie au titre.
Ambiance apaisante et scénario classique
Et l'histoire dans tout ça ? Plutôt classique, celle-ci vous mènera aux quatre coins du royaume de Rêveria et met un peu de temps avant de se mettre en place. Elle demeure finalement simple mais s'adapte parfaitement à cet univers coloré et enchanteur où l'ensemble des personnages a des allures de Mii. Les musiques sont certes sympathiques au départ, mais ont en revanche une fâcheuse tendance à agacer au bout d'un certain temps du fait de leur petit nombre. En revanche, on accorde un gros coup de cœur aux cutscenes qui rythment votre aventure et sont très agréables à l’œil. Dommage qu'elles soient si peu nombreuses ! Et puisque l'on évoque les personnages, sachez que l'aventure peut être vécue à plusieurs en compagnie de vos amis. Trois plus précisément, en local ou par Internet, un détail appréciable qui vous permettra d'explorer les contrées du royaume de Fantasy Life sans prise de tête puisque les butins sont partagés.
Points forts
- Contenu gargantuesque
- Monter les niveaux de classes est un plaisir
- Possibilité de crafter beaucoup d'éléments
- L'univers, plaisant à parcourir
- Des personnages fun et attachants
- Possibilité de jouer avec des amis
- On ne veut pas lâcher la console
- L'idée de traîner les gros butins
Points faibles
- Peu de challenge
- Quelques problèmes de pathfinding avec les ennemis
- Campagne principale longue à se mettre en route
- Musiques redondantes
Fantasy Life réussit le pari audacieux de mélanger un RPG facile d'accès avec un système de classes approfondi et plusieurs éléments tirés des simulations de vie. L'ensemble est sublimé par un univers haut en couleur qui peut paraître enfantin au premier coup d’œil mais se parcourt avec plaisir quel que soit votre âge. Croyez-moi, lancer une partie de Fantasy Life vous occupera de très longues heures sans jamais vous lasser, grâce au système de progression des classes bien pensé et facile d'accès. Ne vous attendez en revanche pas à un challenge relevé, l'intérêt du titre est clairement ailleurs. Et il ne manque certainement pas d'intérêt.