Si la science-fiction ne vous fait pas peur et que vous appréciez au plus haut point les ambiances dans l'espace glacialement isolé de toute civilisation, alors The Swapper risque bien de vous faire de l’œil, au moins pour sa réalisation et sa trame. Alors si en plus vous êtes féru de puzzle-games et de platformers intelligents, ce sera pour vous un coup de foudre absolu ! Fraîchement débarqué sur consoles Sony, le titre s'impose comme un must-have très appréciable, bien qu'un peu court.
Les Suédois de Facepalm Studios nous proposent avec The Swapper une aventure qui a un charme certain grâce notamment à son esthétique, très bleutée et étrangement organique, presque réaliste. La raison de cette impression est simple : les deux développeurs à la base du projet, qui étaient alors étudiants à l'université et travaillaient sur leur temps libre à l'élaboration du titre, ont eu la brillante idée de travailler les décors et les éléments graphiques du jeu avec de vrais matériaux et des structures faites à la main pour, par la suite, les inclure directement dans le jeu, d'où ce résultat unique en son genre.
L'esthétique d'Alien au service de l'ingéniosité d'un Braid
Trêve de technique et place au background, qui est tout aussi enchanteur, ou étrange, c'est vous qui voyez. Vous vous retrouvez soudainement sur une station spatiale visiblement abandonnée, et en apprenez un peu plus au fur et à mesure de votre progression, de journaux de bord en journaux de bord. Vous croiserez même une mystérieuse scientifique visiblement très atteinte par son passé et par ses expériences récentes... Justement, en débarquant dans une salle, vous saisissez un objet qui s'apparente à un canon 2.0. En appuyant sur la gâchette, ce n'est pas un projectile qui sort mais bien un clone de votre personnage, matérialisé là où vous aviez visé. Etrange mais bien pratique pour activer les divers éléments et atteindre ces fameux orbes, récompenses de chaque puzzle qui peuple le monde de The Swapper.
Un peu plus loin, notre héros trouve une nouvelle fonction à son Echangeur, celle de transporter son âme à l'intérieur d'un clone. Encore plus utile pour arriver à bout des salles qui deviennent de plus en plus ardues. Dès lors, la morale entre en compte : sommes-nous en train de devenir fou ? Que se passe-t-il pour notre ancien corps après avoir transféré notre âme ? Ne sommes-nous pas au final qu'un simple clone de nous même au milieu d'une armée de semblables ? Et ces journaux de bord qui relatent la découverte de ces fameuses pierres qui paraissent intelligentes et ont même communiqué par télépathie avec certains scientifiques, serait-ce de leur faute si la station est à l'abandon ? Tant de questions qui trouveront leurs réponses au fil de la demi-douzaine d'heures que vous offrira le titre.
De l'addition à l’équation à 5 inconnues...
C'est donc une esthétique toute particulière qui fut choisie pour constituer le monde de The Swapper. Un monde que l'on redécouvre à chaque tronçon de l'aventure, navigant des structures abandonnées aux splendides jardins de la station, avec toujours cette petite note de mise en scène qui viendra nous donner envie de nous prendre la tête sur une énième salle-puzzle. « Allez, plus que trois orbes et je pourrai activer le laser qui m'ouvrira le passage », voilà le genre de pensées qui côtoient allègrement les « Mais comment j'étais censé penser à ça, moi ? Allez, j'y arrive et après j’arrête de jouer ». Car si The Swapper paraît simplet au début du titre, avec des énigmes faciles portant plus sur la plate-forme que sur la réflexion, la suite des aventures vous donnera à coup sûr du fil à retordre.
Plus on explore la station, plus les salles se complexifient avec des objets à placer, des lumières vous empêchant le clonage ou le swapping (ou les deux à la fois), avec ses variations de gravité, ses morts volontaires pour se laisser un clone supplémentaire... Bref, le nombre de variables à prendre en compte pour résoudre les énigmes explose littéralement à partir de quelques heures de jeu. Ah j'oubliais, vos clones reproduisent exactement vos gestes : vous sautez, ils sautent, vous avancez, ils avancent, ce qui permet aux développeurs de se lâcher complètement sur leurs puzzles, en nous refilant des tableaux où la solution n'est pas du tout évidente. La satisfaction après avoir réussi chaque salle est palpable, tout aussi palpable que l'énervement lorsqu'on échoue en boucle, cela va sans dire. Reste à espérer que vous passiez vos nerfs calmement en écoutant l'excellente musique d'ambiance...
Les images illustrant ce test sont tirées de la version PC.
Points forts
- Réalisation atypique et très soignée
- Puzzles ingénieux
- Un vrai challenge
- Scénario très bien amené
Points faibles
- Peu de rejouabilité
- Déconseillé aux impatients...
The Swapper est une excellente expérience pour peu que l'on ne soit pas totalement hermétique aux puzzle-games. L'ambiance est délicieuse, la direction artistique est aussi ingénieuse qu'atypique, et l'on est tout de suite happé dans l'univers du titre. Bien que le jeu dispose de beaucoup d'atouts et d'excellentes énigmes bénéficiant des multiples variables introduites par le game design, on pourra tout de même déplorer un manque évident de rejouabilité. Mais au fond, si la première expérience est excellente, ce n'est pas grave, n'est-ce pas?