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Child of Light
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Test Child of Light

Child of Light retrouve la lumière sur Switch

Child of Light
71 276 vues
Profil de Anagund,  Jeuxvideo.com
Anagund - Journaliste jeuxvideo.com

Lorsque Ubisoft Montréal se lance dans un jeu "indépendant", tout le monde rit. Dur de lier le terme à l'une des plus grosses boîtes mondiales de jeu vidéo. Un terme utilisé dans un but marketing douteux qui fait clairement dans la récupération. Si on reviendra sûrement un jour sur l'aspect écoeurant de cette communication qui tente de coller l'image d'un jeu fait par un type seul dans son garage à un titre réalisé par une équipe de 40 personnes non dépourvue de moyens financiers, il ne faudrait pas pour autant que cette démarche discutable obstrue notre vision. Child of Light est une perle.

Child of Light

Une fois n'est pas coutume, Child of Light démarre par la mort du personnage principal, la princesse Aurora, à la fin du XIXème siècle. Alors que son père fond en larmes et sombre dans la dépression, Aurora se réveille en fait à Lemuria, un monde fantastique où se côtoient magie, féerie, créatures grotesques et monstres inquiétants. Loin de se décontenancer, la demoiselle fera vite la rencontre d'une luciole nommée Igniculus, qui fera office de lumière dans des lieux souvent plongés dans les ténèbres. Elle découvrira rapidement sa destinée : retourner dans son monde et retrouver son père. Si le pitch semble simple, c'est parce qu'il l'est. On n'en attend d'ailleurs pas nécessairement plus d'un jeu vendu 15 euros en téléchargement. Mais tout le charme de Child of Light se situe dans tout ce qui permet à ce petit monde de prendre vie, de la mise en scène en passant par la réalisation.

La Belle et la Bête au Bois Dormant et les Sept Nains

Child of Light
Les dialogues de Child of Light s'approchent des contes pour enfant
Nous sommes en effet dans un véritable conte, un livre pour enfants où tout semble n'être que rêve. De la chevelure flamboyante d'Aurora aux superbes décors dessinés à la main, on voyage à chaque instant en se laissant entraîner dans un rythme des plus exotiques. En effet, tous les propos de Child of Light, des cinématiques (voix) aux dialogues (écrits), se font en rimes. Ainsi, les personnages jouent de vers hétérométriques, avec verbages d'époque, pour converser et nous transporter dans leur univers. Est-ce efficace ? Terriblement ! Bien que je ne sois pas moi-même un féru de contes pour enfants, dur de ne pas succomber au charme des dialogues, qui ne manquent d'ailleurs pas d'une petite pointe d'humour enfantine, notamment lorsqu'un personnage insiste pour ne pas jouer le jeu de la rime. Une richesse artistique rare qui ne sombre jamais dans le mielleux et le mélancolique et qui ravira sans aucun doute petits et grands. Mais cette richesse artistique doit aussi beaucoup à un élément dont on ne rappellera jamais assez l'importance : la musique. Les compositions de Coeur de Pirate se marient merveilleusement avec l'univers de Child of Light et on est rapidement subjugué par les mélodies qui accompagnent nos pérégrinations, subitement coupées par de violentes et épiques tornades orchestrales lors des combats. Et là encore, ce n'est pas nécessairement un fan qui parle, le travail de l'artiste me laissant d'habitude plutôt indifférent.

Voyage, voyage

Child of Light
Le travail artistique est remarquable.
Si on ne peut qu'applaudir tout ce qui touche à l'artistique, Child of Light reste un jeu vidéo. Alors jouons. Nous sommes dans un jeu d'aventure-RPG de la plus pure espèce qui a visiblement été très sage à l'école puisqu'il n'hésite pas à s'inspirer des plus meilleurs (ok, à l'école, ça s'appelle copier, mais peu importe). Vu qu'Aurora peut voler, on explore au gré de nos envies de larges zones cachant trésors et maléfices. Si on a bien une quête principale qui sera le fil rouge de notre progression, on est parfaitement libre de voyage à l'envie, que ce soit grâce à nos ailes ou via la téléportation directement sur la carte. Cette liberté est loin d'être inutile puisque de multiples personnages vous donneront des quêtes secondaires qui sont à la fois gages de récompenses, mais aussi de nouvelles petites histoires à se mettre sous l'oreiller. Vous pouvez par exemple partir à la recherche d'un cochon ailé près des moulins à vent ou encore exterminer les viles créatures qui attaquent la maison d'un vieillard. Etant donné que les indications sont parfois sommaires, il n'est pas rare de devoir explorer à gauche et à droite pour arriver à vos fins, accompagné des dialogues, toujours en rimes, entre Aurora et Igniculus.

Et la lumière fut !

Child of Light
On a pas tous la chance d'avoir une luciole de compagnie.
Igniculus justement, parlons-en. Ce deuxième personnage, qui peut être manié avec le stick droit (ou par un deuxième joueur), est capable de nombreuses choses. Outre sa capacité à récupérer des trésors à distance, il peut aussi dévoiler des passages secrets en se positionnant au bon endroit. Igniculus peut aussi récupérer des voeux (sortes d'orbes d'énergie) à votre place, ces derniers pouvant régénérer vos PV et PM si vous prenez le voeu qui brille en premier, exactement comme les Lums de Rayman Origins (fichtre, un autre jeu Ubisoft dites donc !). Mais la capacité principale de Igniculus est d'émettre de la lumière, ce qui a plusieurs incidences sur le gameplay. Il peut ainsi activer des mécanismes à distance, vous permettant de passer des portes ou d'empêcher temporairement le fonctionnement de pièges divers. Pendant certaines énigmes, il vous est demandé d'utiliser Igniculus pour projeter des ombres sur un mur au bon endroit. Enfin, outre sa capacité à vous soigner, la lumière d'Igniculus (régie par une jauge) permet d'aveugler les ennemis qui se déplacent dans les environnements afin de démarrer les combats avec un certain avantage.

Child of Fight

Child of Light
Le système de combat rappelle Grandia. Et le système de combat de Grandia, c'est du tout bon.
Les combats de Child of Light, justement, sont très loin d'être un petit en-cas. Ils sont même une pièce maîtresse du gameplay. Nous voilà donc dans un RPG au tour par tour au principe très classique. Seuls deux de vos personnages (vous rencontrerez rapidement des compagnons d'armes) prennent part au combat, face à trois monstres au maximum. Mais quand on disait que Child of Light savait s'inspirer des plus grands, c'était justement pour pointer le système de combat qui débarque tout droit d'un des meilleurs exemples du RPG : Grandia. En effet, sur une barre en bas de l'écran avancent les icônes des personnages et monstres (à une vitesse dépendant de leurs stats) jusqu'à la zone d'action. C'est au moment où un personnage arrive à cette zone qu'il peut choisir d'utiliser une compétence ou de se défendre). S'ensuit alors une période d'exécution dont la durée dépend non seulement des caractéristiques du personnage, mais aussi de l'attaque choisie. Un choix qui a une importance capitale car tout protagoniste (allié ou ennemi) qui reçoit des dégâts pendant sa période d'exécution est soudainement interrompu et recule dans la barre d'ordre des tours.

M'Aurora

Child of Light
Igniculus trouve aussi son utilité en combat.
S'ensuit alors un fin travail stratégique pour savoir que faire. Si un ennemi est déjà dans sa période d'exécution au moment où on choisit une action, il est possible d'opter une action sans doute moins forte, mais particulièrement rapide à enclencher pour l'exécuter avant l'ennemi en question et le toucher, l'empêchant de faire son action. Au contraire, si on a de l'avance sur les ennemis, on peut enclencher les attaques à la durée d'exécution la plus longue sans risque de se faire interrompre. Mieux encore, avec un savant calcul, des monstres arriveront dans leur période d'exécution au moment du déclenchement de votre attaque, les faisant ainsi reculer. Si les éléments qui influent sur la vitesse d'exécution sont nombreux, vous disposez toutefois d'un moyen manuel d'y parvenir. En effet, Igniculus peut être utilisé pour éblouir un ennemi, ralentissant ainsi son avancée dans la barre d'action. Cette action utilise bien évidemment la jauge d'Igniculus et ne peut pas être utilisée indéfiniment, même s'il est possible en combat de récupérer quelques voeux pour recharger partiellement la jauge, mais aussi les PV et PM des protagonistes.

Un peu de savoir-faire

Child of Light
Utiliser l'action Défense a un impact bien plus grand que la diminution des dégâts
Bien évidemment, l'aspect stratégique des combats de Child of Light ne s'arrête pas là. Bien que seuls deux personnages prennent part au combat initialement, il vous est possible de changer de persos en pleine joute, sans pénalité. Cela a une importance non négligeable lorsque l'un de vos alliés est mal en point, mais peut aussi servir pour des raisons de timing, dans le cas où un personnage avec une compétence à l'exécution particulièrement courte se trouve en réserve par exemple. Cela peut aussi être intéressant de préserver les personnages ayant des compétences d'attaques élémentales puisqu'on retrouve un système d'affinité qui tourne autour du pierre-papier-ciseau, tout comme on retrouve les habituelles altérations d'état (principalement basées sur le temps). Enfin, l'option Défense permet non seulement de ne pas prendre de dégâts, mais empêche aussi les interruptions. Utilisée au bon moment, elle peut sauver un combat, bien qu'en règle générale, il faut avouer que Child of Light n'est pas très ardu et je conseillerais d'ailleurs à ceux qui veulent un peu de résistance de faire le jeu en Difficile (on peut changer la difficulté à n'importe quel moment de la partie).

L'autre Oculus

Child of Light
Vous pouvez gagner différents bonus de caractéristiques en fusionnant des oculi.
Si les combats rapportent de l'expérience permettant à vous et vos compagnons de gagner des niveaux, ces gains de niveaux vous octroient quant à eux des points de compétences que vous utiliserez dans des arbres des plus classiques. Bien qu'il existe trois voies distinctes par personnage, vous avez rapidement assez de points de compétences pour finir une branche et en démarrer une autre. Toutefois, vous risquez de passer beaucoup plus de temps à peaufiner vos oculi, des pierres précieuses que vous trouvez sur des monstres, dans des coffres ou en récompense de quêtes. Elles peuvent être allouées en attaque, en défense ou en accessoire de chacun de vos personnages pour booster leurs caractéristiques. En fusionnant les différentes pierres, vous en obtenez de plus puissantes. Les combinaisons sont assez nombreuses pour pousser le joueur à réfléchir à ce qu'il fait, d'autant que vous avez le choix entre fusionner des pierres identiques entre elles pour en obtenir de plus grosses ou marier les couleurs pour en obtenir des différentes.

Child of Right

Child of Light
Avouez que vous avez envie d'y jouer là...
Alors que Child of Light s'approche d'ores et déjà du chef-d'oeuvre, certains joueurs auraient pu s'inquiéter de la durée de vie, souvent le talon d'Achille des jeux téléchargeables. Soyez rassurés, il n'en est rien. Il vous faudra plus de 10 heures si vous comptez finir le jeu, quête annexes comprises, et sans doute plus si vous aimez vraiment flâner pour flirter avec le 100%. Une très bonne façon de dépenser quinze euros. Mais Child of Light n'est pas pour autant parfait. Outre une difficulté pas très coriace, le level design est parfois pris à défaut, manquant de génie. Juste assez pour ne pas sombrer dans l'ennui, mais pas assez pour rester ébahi. Le bestiaire manque aussi d'originalité puisqu'on se retrouve avec des changements de palettes (et en passant, d'affinités élémentaires) des mêmes spectres et araignées pendant une grosse partie de l'aventure. Enfin, dernier point, si Aurora trouve rapidement sur sa route des compagnons de fortune pour l'aider en combat, ces derniers manquent sans doute un poil de charisme, même s'ils ont tous leurs moments de fun.

Images issues de la version PlayStation 4.

Points forts

  • Un véritable livre de conte
  • Une réalisation artistique très réussie
  • Une des meilleures bandes originales de l'année
  • On a envie d'explorer
  • Des quêtes annexes qui demandent un peu de recherche
  • Un système de combat simple, mais finement stratégique
  • Les oculi
  • Tous les dialogues en rimes, fallait le faire
  • Un scénario plus surprenant que ce que le pitch peut laisser croire

Points faibles

  • Level design parfois sommaire
  • Des personnages secondaires un peu trop... secondaires
  • Le bestiaire qui peine à se renouveler

Rares sont les jeux qui réussissent à nous épater à la fois par leur réalisation artistique et par leur gameplay. Pourtant, Child of Light est clairement de ceux-là. Véritable conte, entièrement en vers, il nous éblouit de ses décors faits main tout en nous livrant une bande originale quasiment parfaite. Son système de combat, qui sort tout droit de Grandia, s'avère quant à lui finement stratégique et pourtant simple d'accès. Une véritable réussite pour un si petit prix, il serait pratiquement coupable d'hésiter.

Note de la rédaction

18
17.4

L'avis des lecteurs (99)

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