Et si le «Il était une fois » n’était pas synonyme d’histoires pour enfants ? Et si les créatures issues des contes chuchotés à nos chères têtes blondes étaient en fait de véritables machines à tuer, déviantes et torves ? Avec autant de si, on pourrait sûrement faire avaler le loup au Chaperon rouge… et c’est précisément le genre d’idées bien glauques que l’on retrouve dans la série Soul Sacrifice. Après un premier opus destiné à contrecarrer une célèbre licence Capcom passée chez Nintendo, un second opus baptisé sobrement "Delta" nous est accordé pour étancher notre soif de sang et de créatures torturées. Vrai nouveau jeu ou extension habilement maquillée, c’est ici que nous le découvrirons !
Monster Hunter… pour de vrai !
Le parallèle avec la série qui fait les beaux jours de Capcom est rapidement fait, dès les premières secondes pour être exact. Sauf qu’ici, les créatures à affronter ne sont pas des animaux aux allures dragonesques ou préhistoriques, mais bien des monstres immondes et cruels. Plongé dans un univers sombre, le joueur doit rapidement apprendre les bases du titre, reprises de l’opus original. Vous incarnez donc un malheureux destiné à être sacrifié par un sorcier fou, et votre seule chance de survie se trouve dans un livre vivant. Si ces détails semblent vous rappeler une série de livres dont le héros est un jeune sorcier balafré, tout est ici plutôt malsain grâce à une direction artistique inspirée et un gameplay préconisant le sacrifice (comprenez sacrifice d’un membre, organe ou être vivant pour acquérir un pouvoir particulier). Transformer un bras en bouclier de pierre ou en épée de glace, changer sa peau en flammes ou perdre un œil pour anéantir vos adversaires est donc monnaie courante !
Reprenant l’ensemble des quêtes du jeu original, le joueur s’étant déjà essayé à la série aura l’occasion, encore une fois comme dans Monster Hunter, d’importer directement son personnage et donc de ne pas perdre sa précieuse progression, à l’exception des niveaux de magie qui retournent à zéro. Les joueurs ayant massacré de l’ignominie pendant des jours serreront peut-être les dents en lisant cela, mais qu’ils se rassurent : ils ont de quoi faire pour retrouver ce qui a été perdu !
Le bon chasseur, il voit un démon qui bouge, il tire
Il faudra un certain temps au joueur novice pour atteindre les nouveautés de cet opus Delta. Après quelques dizaines de quêtes, le contenu jusque-là impossible à jouer se débloquera, et avec lui une foule de fonctionnalités. L’une d’entre elles, sympathique, s’intitule "Registre du bazar", et vous proposera de tailler le bout de gras (littéralement parfois) avec quelques personnages importants de l’histoire. Boutique, échange de ressources et de données, fonctions sociales en ligne sont donc au rendez-vous via ce petit ajout fort sympathique qui surprendra positivement jusqu’aux plus aguerris. Dans la même veine, comptez sur un mode spécial, le Dédale, pour vous assurer un certain degré de défi : pour en grimper les étages, il vous faudra détruire les monstres s’y trouvant tout en gardant un œil sur vos offrandes qui ne se régénèrent que sous certaines conditions ! Autant dire que vous pouvez d’ores et déjà sacrifier vos cheveux et vos ongles dans le processus.
La pléthore de monstres ajoutés, comprenant bien entendu ceux disponibles en DLC gratuits du jeu original, font la part belle aux contes de Grimm tout en les dévoilant sous de nouveaux atours. Blanche-Neige, Chaperon rouge, petits cochons et autres atrocités seront autant d’adversaires potentiels... à affronter à travers 3 factions différentes. Autre grosse nouveauté de cette version Delta, le système de faction permettra au joueur d’appréhender les sacrifices de plusieurs manières : cruelle (Avalon, du jeu originel), rédemptrice (Sanctuarium) ou bien neutre (Grimm). A chaque faction son leader et sa philosophie, ne vous attendez donc pas à recevoir le même type de bonus en frayant avec l’une ou l’autre, rendant différente votre approche de chaque mission.
Bénédiction ou maléfice ?
Ce petit tour glauque de Soul Sacrifice Delta terminé, venons-en à la pesée des âm… du pour et du contre. Le premier défaut à pointer du doigt est bien entendu la nature même du jeu, à savoir une itération 1.5 du jeu original, qui ne manquera pas de faire grimacer les possesseurs du titre de départ qui attendaient une vraie suite. De ce fait, les quêtes ont tendance à se ressembler passé un certain temps de jeu, et même un nouveau monstre ne viendra pas forcément dynamiser le tout. Enfin, le prix lui-même peut sembler un peu excessif, puisque le jeu reprend tout de même l’ensemble du titre original.
Pour autant, si vous n’avez jamais touché à la série, il y a de quoi mordre à l’hameçon. Avec un contenu monstrueux, cet opus Delta aura de quoi séduire le nouveau venu, mais également raviver la flamme chez les aficionados. Rééquilibrage de certains monstres / pouvoirs, nouveautés en pagaille, nouveaux modes et bestiaire élargi sont autant de bonnes raisons de franchir le pas, pour peu que vous soyez prêt à sacrifier quelques billets pour cela bien sûr !
Points forts
- Un énième challenger à la série Monster Hunter
- Nouveaux monstres, nouveaux sorts en nombre
- Système de faction bienvenu
- Le bazar, une fonctionnalité très intéressante
- Le mode Dédale, qui ravira les amateurs de challenge
- L’importation du personnage depuis la version précédente
- Une direction artistique qui prend aux tripes
Points faibles
- Gameplay parfois rugueux
- Pas une vraie suite
- Manque cruel de vocabulaire des PNJ, répétant sans arrêt les mêmes phrases
- Version dématérialisée uniquement
Le Delta de Soul Sacrifice, c’est exactement comme le G de Monster Hunter : le jeu original accompagné de quelques additions bienvenues. Mais si dans la série de Capcom, les joueurs n’ont parfois qu’un ou deux nouveaux monstres à se mettre sous la dent lors de ces versions améliorées, le rapport qualité-prix n’est pas le même avec Soul Sacrifice. Certes le jeu reste une version 1.5, mais les nouveautés sont bien là et en nombre. De quoi ravir l’habitué comme le profane, et ainsi retourner ou s’initier à un univers malsain mais définitivement accrocheur.