Après environ 8 ans d'existence, la série Monster Hunter s'est imposée comme l'une des licences les plus rentables de Capcom. Si la série ne s'est jamais véritablement envolée en Europe, nous ne pouvons pas en dire autant du Japon. Monster Hunter a littéralement conquis l’île du Soleil Levant et a réussi l'exploit de concurrencer, en termes de ventes, les plus gros blockbusters mondiaux avec les seules ventes japonaises. Avec Monster Hunter 4, Capcom a souhaité relancer l’intérêt général pour la franchise tout en lui faisant franchir une nouvelle étape...
Rappel des faits
Mais qu'est-ce que Monster Hunter précisément ? Eh bien Monster Hunter, c'est un gameplay lourd et rigide, une caméra plus que douteuse, une difficulté élevée, des heures de farming insupportablement longues, des envies de suicide et des millions de fans. Le jeu se présente comme un action-RPG, et l'objectif principal du jeu est très simple à comprendre : il s'agit de chasser des monstres (sans blagues). Même si ce concept peut paraître peu affriolant, le titre cache une profondeur insoupçonnée. Pour défaire les redoutables adversaires, le joueur dispose d'un immense panel d'objets, pouvant être combinés entre eux, permettant d'élaborer de grisantes stratégies et donnant ainsi une véritable perspective stratégique aux affrontements. Chaque chasse demande une vraie période de préparation afin d'être le plus performant possible lors de ces titanesques affrontements car les combats, justement, peuvent atteindre des durées assez importantes. La robustesse des adversaires pourra vous tenir en haleine jusqu'à 50 minutes maximum, les chasses étant limitées par un chronomètre plus serré qu'il n'y paraît. Le joueur devra donc, en plus d'affronter de terribles créatures, gérer un temps précieux ce qui accentue ainsi l'importance d'une bonne organisation afin de triompher de ces ennemis. Si les quêtes de chasse demeure les plus fréquentes et les plus intéressantes, les jeux Monster Hunter proposent également des quêtes de collecte, où il s'agira de récolter un nombre précis d'objets spécifiques, et les quêtes de massacre qui consiste à tuer un certain nombre de monstres de plus petite taille.
Des innovations bienvenues
S'il me fallait décrire Monster Hunter 4 en un mot, ce serait « évolution ». Dans ce nouvel opus, Capcom s'est attelé à la lourde tâche de corriger les défauts mentionnés un peu plus haut, et il faut bien avouer que le travail effectué est plutôt convaincant. Même si le fond ne change absolument pas (on continue de chasser des monstres beaucoup plus forts que soi tout en étant limité par un chronomètre), les évolutions et les progrès sont notables... L'innovation majeure et assez emblématique cet épisode est un nouveau gameplay : plus souple et plus permissif. Il est désormais possible de grimper un peu partout, d'escalader des parois bien plus rapidement et de pouvoir sauter de rebord en rebord. Afin de s'adapter à ce nouveau gameplay, les zones de la carte (toujours segmentée par des temps de chargement) ont été très agrandies, le terrain est désormais vallonné et il y a de nombreux endroits en hauteur. Mais au-delà du confort du jeu, il demeure un véritable intérêt tactique. Il est en effet possible de sauter d'un rebord, par exemple, et de frapper le monstre durant le saut afin de le faire chuter pour ainsi lui monter sur le dos (un véritable fantasme pour de nombreux fans). Une fois sur le dos de la bête une QTE s'enclenche, il suffit alors de marteler le bouton Y afin de remplir une jauge dans un temps limité. Les actions contextuelles ne sont toutefois pas très nombreuses et ne nuisent aucunement au plaisir de jeu.
Le bestiaire s'élargit
Le bestiaire compte environ une quarantaine de gros monstres, une grande partie d'entre eux possède une « sous-espèce ». C'est-à-dire une déclinaison d'une autre couleur avec des attaques différentes ou de nouveaux mouvements. Dans l'ensemble, le bestiaire est très bien fourni et se divise en deux catégories : les nouveaux monstres, faisant leur toute première apparition dans cet opus, et les anciens qui étaient déjà présents dans des épisodes antérieurs. D'ailleurs les monstres de la seconde génération (Monster Hunter Freedom 2 et Unite) sont de retour pour le plus grand plaisir des vétérans. Même si il est possible de voir cela comme du fan service, le fait qu'autant d'anciens monstres soient revenus peut également être perçu comme du recyclage et comme une solution de facilité. Les nouveaux monstres, quant à eux, sont très réussis et plutôt originaux. Les joueurs pourront par exemple se frotter au Garara Ajara, un dangereux serpent géant pouvant paralyser ses victimes grâce à ses crocs. Ils pourront également partir à la chasse au Zaboazagiru, un féroce requin des glaces pouvant gonfler tel un ballon de baudruche pour atteindre une taille plutôt imposante ou encore affronter le terrible Goa Magara, le monstre emblème de ce Monster Hunter qui risque de provoquer quelques crises de nerf dans les chaumières. L'IA de ces imposants adversaires est remarquable et ne laissera que peu de répit au chasseur imprudent. Le comportement des monstres est en effet plutôt crédible. Lorsque la bête est blessée, elle n'hésitera pas à fuir afin d'aller se nourrir ou dormir par exemple. Le travail conséquent apporté au design des monstres confère une identité unique ainsi qu'un certain charisme à chacun.
Ouverture de la chasse
Bien évidemment, la chasse aux monstres permettra d'obtenir des composants pour confectionner des armures et des armes. Les catégories d'armes sont justement au nombre de 14. Les 12 catégories habituelles sont présentes et il y a désormais 2 types d'armes supplémentaires. La première s'appelle le contrôleur Néoptéron, un bâton accompagné d'un gros insecte qui attaquera le monstres sur ordre du chasseur et pourra rapporter différents effets bénéfiques au joueur comme de la défense supplémentaire. A noter que cette arme s'accorde parfaitement avec le nouveau gameplay un peu plus « aérien ». L'autre type d'arme inédit est la Charge Axe : une épée et un bouclier pouvant se transformer en hache de grande taille. Même si cette arme est sympathique à jouer, elle ne brille pas forcément par son originalité et sent un peu l'ajout forcé. Pour profiter de cet arsenal riche et varié, il vous faudra combattre de nombreux monstres et souvent les mêmes, il faudra donc faire de preuve de courage et de motivation car il est fréquent de devoir tuer le même monstre de très nombreuses fois souvent pour obtenir un seul composant plus rare que les autres. Heureusement le fait qu'il est désormais possible de jouer en ligne via le Wi-Fi (une première sur console portable pour cette série) amoindrit cet aspect assez fastidieux. Le farming est au cœur du jeu. Il accentue le côté hardcore du titre, inhérent à la série, et ne concerne pas uniquement les composants de monstres, le joueur devra aussi subir de nombreuses heures de collecte afin de se procurer le matériel de chasse de base. A l'instar de chaque Monster Hunter, le début du jeu sera un peu long et pas forcément très intéressant. Les collectes s'effectueront dans les 7 cartes inédites qui reprennent les mêmes thématiques que d'habitude (les montagnes enneigées, la forêt, le volcan, etc.) L'une d'entre elles est accessible uniquement en chasse libre (telle la forêt Moga dans Monster Hunter 3). Chaque carte a sa propre bande sonore, malheureusement les musiques ne s'activent que lorsque les monstres sont présents dans la zone. Elles sont néanmoins de très bonne qualité et permettront de donner un aspect véritablement héroïque aux affrontements. Même si techniquement le jeu n’impressionnera personne, il a au moins le mérite d'être étonnamment fluide et de proposer des environnements aux couleurs chatoyantes.
Une autre nouveauté apportée par Monster Hunter 4 est le fait qu'il y a désormais plusieurs villages où se trouvent les PNJ essentiels tels les commerçants ou les forgerons. Ces derniers sont différents tout au long du cheminement scénaristique. Car oui, pour la toute première fois dans l'histoire de Monster Hunter, le jeu propose un scénario ! Même si celui-ci ne brille pas par son originalité ou sa complexité, il a au moins le mérite d'exister.
Le multijoueur
Avant de terminer cette critique, abordons l'un des points essentiels du jeu : le multijoueur. Comme mentionné plus haut, l'ajout de la connectivité Wi-Fi permet de se trouver des petits camarades de jeu bien plus rapidement. Le multijoueur en lui-même est toujours aussi sympathique, jouer entre la complémentarité des chasseurs est toujours aussi plaisant et élaborer des tactiques avec ses collègues est toujours aussi grisant. De plus, le large choix d'objets disponibles permet de laisser libre cours à son imagination. Cependant, la grande taille des monstres engendre quelques problèmes de visibilité et lorsqu'il y a plusieurs chasseurs à l'écran, le combat a tendance à vite devenir brouillon au point de nuire au plaisir de jeu. Même si le multijoueur facilite grandement l'avancée dans le jeu, il faudra composer avec ces problèmes de lisibilité pour vaincre la féroce créature traquée.
Points forts
- Un gameplay grandement dynamisé.
- Un bestiaire très riche et varié.
- La durée de vie toujours aussi longue.
- Enfin un multijoueur online sur un épisode sorti sur une console portable.
- Beau et étonnamment fluide.
Points faibles
- Pas toujours très accessible.
- Problème de caméra et de lisibilité.
Pour commencer la quatrième génération de Monster Hunter, Capcom nous livre un épisode complet et riche en innovations sympathiques. Le nouveau gameplay fonctionne très bien et dynamise grandement les chasses. Monster Hunter 4 demeure toutefois un jeu plutôt hardcore s'adressant à un public amateur de difficulté et de progression laborieuse. A noter que le fan service omniprésent parviendra à séduire les puristes les plus sceptiques.