Batman n'a décidément pas de chance. Après avoir purgé Gotham City de son engeance dans Batman Arkham Origins, le voilà à nouveau confronté à Black Mask, au Joker et au Pingouin fraîchement débarqués à la prison de Blackgate et ayant de surcroît pris le contrôle des lieux. Si ce pitch fait furieusement penser à celui d'Arkham Asylum, les similitudes entre les deux jeux s'arrêtent là. En effet, alors que Blackgate s'approprie bien les éléments forts de Asylum et City, il n'en reste pas moins un épisode à part entière s'émancipant de surcroît de ses pairs en allant chercher son inspiration du côté de Metroid ou Castlevania.
Oubliez tout ou presque de ce que vous connaissez de la série Batman Arkham puisque l'épisode Blackgate s'en éloigne tout en conservant la plupart des forces des précédents opus. Ainsi, bien qu'on y retrouve le système de combat Freeflow, le mélange d'infiltration et d'action et les gadgets du Dark Knight, nous évoluons ici dans un univers en 2.5D où il va vous falloir crapahuter du début à la fin afin de mener à bien votre mission consistant à éradiquer la vermine grouillante dans les trois bâtiments de Blackgate que sont l'Atelier, l'Administration et les Cellules, ces derniers regroupant plusieurs sous-niveaux. De fait, il va ici falloir faire preuve d'un bon sens de l'orientation pour s'en sortir vu que les allers-retours seront monnaie courante.
De l'importance d'un bon GPS
Bien que Batman Arkham Origins Blackgate débute sur les toits de Gotham, Batman se retrouvera donc très rapidement à l'intérieur des murs de la prison synonyme de véritable dédale. A ce stade, vous pourrez directement choisir d'enquêter dans l'un des trois bâtiments mentionnés plus avant, la progression vous demandant de toute façon de passer plusieurs fois par l'un et l'autre pour avancer dans l'histoire. C'est d'ailleurs un vrai problème en soi puisque passées deux, trois heures, on se rend compte que le cheminement est terriblement laborieux dans le sens où il manque grandement de rythme. Ceci tient en premier lieu au faible nombre de gadgets que vous avez : Quatre. Le Batarang, la Bat-griffe, la Tyrolienne et enfin le Lanceur de gel. Problématique dans le sens où vous les trouverez au fur et à mesure de votre progression. En somme, on devra se contenter durant le premier tiers de l'aventure de deux items, les deux autres arrivant un peu plus tard bien qu'ils ne réussissent pas vraiment à dynamiser des situations qui se ressembleront toutes d'un niveau à l'autre. Qui plus est, la map s'avère assez peu lisible, les différents étages au sein d'un même endroit n'étant pas précisés. On aura beau avoir la possibilité de zoomer et dézoomer et voir où se trouve l'endroit où l'on doit se rendre, rien n'y fera, on aura plus souvent l'impression d'incarner une souris dans un labyrinthe qu'une chauve-souris évoluant gracieusement. Ceci est d'autant plus vrai qu'il faudra également se coltiner d'innombrables séquences de décryptage basées sur quatre clés qu'on obtiendra aussi à mesure qu'on évoluera dans l'histoire. Lourdingue, surtout qu'il n'y a aucune limite de temps et que les séquences ne présentent aucun challenge puisqu'il suffira de trouver une suite de trois chiffres dans une grille façon Sudoku.
Des mécaniques de jeu un peu rouillées
Au-delà de ça, citons également les combats, peu nombreux, et limités par rapport à ceux de City et Origins. En effet, si on retrouve avec plaisir le système FreeFlow permettant de passer facilement d'un ennemi à l'autre ou de contrer avec aisance, on se demande encore pourquoi les développeurs ont viré les finish moves d'autant qu'ils étaient présents dans le DLC d'Arkham City également pensé en 2D. De plus, la visibilité se montre très moyenne dans le sens où il est impossible de voir tous les ennemis à cause d'une caméra trop proche. En somme, si on s'en contentera lors des combats contre un ou deux adversaires, il sera beaucoup plus difficile de maintenir un bon combo lors des rixes où des vagues de bad guys arriveront par la droite ou la gauche de l'écran. Pour autant, malgré ces errances, on aurait apprécié avoir droit à un peu plus d'action puisque en l'état, on a l'impression de courir la moitié du temps pour aller d'un point A à un point B. Toutefois, on aura tout de même droit à quelques combats de boss un peu plus originaux, à l'image de celui contre Deadshot nous demandant de l'atteindre en passant d'un abri de fortune à un autre, le tout se déroulant dans le viseur de l'arme du super-vilain. Si ces affrontements nous permettront de rencontrer plusieurs adversaires comme Solomon Grundy, Le Pingouin ou Bronze Tiger, il sera aussi question d'infiltration. Ici, pas de grosses surprises non plus, la façon de progresser étant similaire à celle d'Origins. Si la plupart du temps, vous devrez donc user de grilles pour vous faufiler, il sera aussi question de mettre à profit diverses gargouilles ou d'utiliser certains gadgets pour venir à bout des hommes de main armés, toujours aussi dangereux.
Pas si bat que ça au final
En marge de tous ces points, il est également difficile d'encenser certaines décisions de gameplay surprenantes ou tout simplement idiotes. La pire d'entre elles concerne sans nul doute ces herses antiémeute disposées ici et là et imposant à Batman d'effectuer une roulade pour les passer. Après mûre réflexion, je ne vois toujours pas l'intérêt d'un tel élément de gameplay si ce n'est obliger le joueur à utiliser ladite roulade. De plus, comment ne pas pouffer quand on voit Batman effectuant automatiquement des sauts de plusieurs mètres pour atteindre des endroits éloignés et ne pouvant par contre pas sauter au-dessus d'une herse de quelques centimètres de haut. Dans le même ordre d'idées, on soupirera devant la surexploitation de la vision de détective. Si cette dernière vous servira à détecter des indices pour débloquer plusieurs bonus comme des artworks ou des costumes (venant compléter des coffres Waynetech recelant plusieurs améliorations durables), vous devrez obligatoirement scanner chaque écran pour voir avec quoi vous pourrez interagir. Dispositifs de sécurité, portes, pans de murs friables, dentiers explosifs du Joker, tout y passe. Bref, on aura tôt fait de s'énerver lorsqu'il faudra scanner certains éléments qu'on voit au premier coup d'oeil avant de pouvoir les détruire ou les utiliser. Ensuite, cette version HD, outre un visuel plus fin, galvaude complètement son sous-titre Deluxe puisqu'elle ne propose que quelques bat-costumes supplémentaires. Tout ceci contribue donc à un résultat mitigé qui partait pourtant d'une bonne idée. Si on y rajoute une absence de quêtes annexes (hormis les quelques bonus à débloquer cités plus haut) et une durée de vie limitée, on aura un peu de mal à offrir un vrai clin d'oeil complice à ce Blackgate, d'autant plus que rien ne justifie vraiment le prix prohibitif de 20 euros que ce soit sur consoles de salon ou PC.
Points forts
- Le concept proche de celui d'un Metroïd...
- La maniabilité n'est pas mauvaise
- Mélange d'action et infiltration
- La bande-son (malgré l'absence de voix françaises)
- Le visuel plus fin
Points faibles
- ... Qui tourne malheureusement très rapidement en rond
- Rythme peu soutenu
- Beaucoup trop d'allers-retours
- Peu d'idées au final
- Peu de gadgets
- Système de combat bridé
- Map peu lisible
- Durée de vie
- Adaptation paresseuse
- Prix excessif
Batman Arkham Origins Blackgate n'est pas un mauvais bougre, mais si le concept de départ, couplé à l'idée de suite directe d'Origins, était bon, il est dommage de constater autant de soucis à tous les niveaux. En effet, entre un gameplay sympathique mais limité, des mécaniques de jeu redondantes et certaines idées farfelues, le titre de Armature loupe un peu le coche. D'autant plus vrai que cette adaptation HD est incroyablement limitée en termes de contenu supplémentaire. Frustrant dans le sens où il y avait sans doute matière à nous offrir un excellent mix entre un Metroid et un Batman Arkham.