Little Big Adventure, c'était il y a 20 ans, ouaip, ça file. En 1994, Adeline Software proposait aux joueurs PC et PlayStation une aventure haute en couleur, dont les apparats innocents révélaient une histoire palpitante à plusieurs niveaux de lecture, servie par une réalisation au cordeau, une diversité de gameplay singulière pour l'époque et des graphismes enchanteurs. Si LBA était en 1994 une véritable pépite du jeu d'aventure, il pâtissait d'une maniabilité plus que bancale, sur PC du moins, sans que cela n’entache le plaisir de parcourir l'univers envoûtant de Twinsun, la planète sur laquelle se déroulent vos péripéties. Car concrètement, hormis le support, rien n'a changé sur LBA, pour le meilleur, comme pour le pire.

L'incontestable plaisir des retrouvailles

Little Big Adventure sur mobiles est un portage strict de la version originale. Pour celles et ceux qui n'auraient pas croisé le chemin du titre à l'époque, un bref point scénario s'impose. Vous évoluez sur la planète Twinsun. Les espèces locales, Lapichons, Quetchs, Bouboules et Grobos cohabitaient pacifiquement jusqu'à ce que le Diabolique Dr FunFrock mette à profit ses connaissances en matière de clonage et de téléportation pour instaurer une dictature tenue d'une main de fer par une armée de clones. Au milieu de tout cela, le jeune Twinsen, que vous incarnez, est pris de rêves prémonitoires indiquant que la dictature de FunFrock s'achèvera bientôt et qu'il aura un rôle crucial à jouer dans ce bienfaisant renversement de pouvoir. Désireux de ne pas voir sa suprématie menacée par un simple citoyen, FunFrock décide d'enfermer Twinsen dans un asile psychiatrique afin d'éviter toute propagation d'idées séditieuses. C'est là que votre aventure commence.

Une fois votre évasion réussie, vous devez retrouver votre chère et tendre, qui sera malheureusement arrêtée par les sbires de FunFrock pour vous avoir prêté main forte. Comme vous l'avez compris, la version 2014 de Little Big Adventure est en tout point identique à celle ayant vu le jour il y a déjà 20 ans. C'est donc un réel plaisir pour le nostalgique de retrouver l'univers si enchanteur de Twinsun, qui, en dépit de son âge, supporte très bien le poids des années. Le coup de vieux ne se fait pas tant sentir que cela, de telle sorte que le fan ne sera pas perdu tandis que les nouveaux venus n'auront pas à supporter l'esthétique d'un titre qui aurait trop vieilli. Bien entendu, les animations caractéristiques de Twinsen, lorsqu'il court ou lorsqu'il se fait discret sont restées inchangées et sont toujours aussi amusantes. L'hommage visuel et spirituel est réussi, et parcourir le monde vaste et diversifié de LBA est un véritable régal, comme à l'époque, ou presque. Puzzles, exploration, infiltration, humour, LBA avait marqué son époque et cette version nous rappelle clairement pourquoi.

Une maniabilité imprécise et frustrante

Certes, c'est une porte grande ouverte que nous enfonçons en annonçant que le côté tactile sur LBA nécessitait une refonte de la manière de guider l'ami Twinsen dans ses péripéties. Et c'est là que le bât blesse tant le gameplay de LBA est inadapté à ces nouveaux supports. Les règles communes à n'importe quel jeu tactile s'appliquent en l’occurrence. Une simple pression sur l'écran permet de diriger votre héros dans la direction souhaitée. Premier hic :le pathfinding catastrophique rend Twinsen encore plus empoté qu'à l'époque. Effectivement, si par malheur un pot de fleur se trouve entre votre destination et vous, votre héros ne prendra pas la peine de le contourner et finira par s'arrêter bêtement, ne sachant où aller. Il devient alors largement préférable de maintenir la pression du doigt et de contrôler Twinsen de cette façon. Mais de ce choix naît une nouvelle contrainte inhérente au format : vous gênerez énormément la visibilité de votre parcours et ce n'est pas le niveau de dézoom proposé qui arrangera les choses. Si ce dernier a le mérite d'exister, dézoomer sera essentiellement utile à embrasser l'ensemble de votre niveau sans que Twinsen soit plus dirigeable de cette manière, vos doigts masquant dans ce cas la quasi-intégralité de la carte. Si nous comprenons la volonté de DotEmu de supprimer les postures athlétiques et agressives qui figuraient dans le jeu d'origine pour simplifier la maniabilité, la technique ne parvient pas à faire ses preuves.

Au rang des doléances, nous pouvons ajouter l'imprécision des contrôles de saut. Effectivement, pour sauter, il est nécessaire de maintenir le doigt sur Twinsen et d'indiquer la direction dans laquelle il doit bondir. Le procédé ne serait pas si frustrant que cela si les contrôles de votre fameuse balle magique n'étaient pas calqués sur le même principe. Ainsi, il vous arrivera souvent de lancer votre balle au lieu de sauter et inversement, rendant certaines phases délicates totalement confuses et peu praticables. Enfin, une pression sur un personnage non jouable vous permet de lui parler, tandis que deux pressions successives ordonnent à Twinsen de l'attaquer. Là encore, le procédé est beaucoup trop imprécis, les confusions seront courantes et les frustrations nombreuses. Enfin, nous avons constaté assez régulièrement des plantages une fois que votre appareil passe en veille, ou lors du déclenchement de certains événements. Lorsque l'on sait que le système de sauvegarde automatique n'est pas particulièrement récurrent, nous ne vous assurons pas que vous ne serez pas sujet à quelques accès de colère en cours de partie.