Qu'on l'aime ou pas, il faut reconnaître une chose à Blizzard : il sait surprendre son monde. Le studio californien nous a même doublement surpris durant sa grand-messe annuelle : non seulement il a annoncé un FPS multijoueur, mais il s'agit d'une nouvelle licence, la première depuis StarCraft il y a 16 ans... Plus étonnant encore, le jeu était déjà jouable ! Voici nos impressions après quelques parties.
Avant de parler gameplay, résumons ce que nous savons du monde d'Overwatch. Le jeu se déroule sur Terre dans un futur proche, environ 60 après aujourd'hui. Une trentaine d'années plus tôt, la planète a connu une crise globale : les robots se sont rebellés contre l'humanité ! Celle-ci a alors mis en place Overwatch, une équipe composée des meilleurs éléments de tous les pays. Une fois le monde sauvé, cette force est devenue une sorte d'institution, avant de s'étioler et d'être dissoute. Mais le monde s'obscurcit à nouveau... Et a donc besoin des héros d'Overwatch. Voilà pour le contexte, dévoilé par le biais d'une magnifique cinématique, comme d'habitude avec Blizzard.
Heroes of the Storm
Les héros et leurs capacités sont donc au centre du jeu. La version d'Overwatch jouable à la BlizzCon en proposait déjà 12, mais les développeurs en prévoient davantage (un des artworks diffusés en compte d'ailleurs 15). Les voici en détail. Bastion est un robot qui peut se mettre en mode Siège : il ne peut alors plus bouger, mais devient une tourelle surpuissante. Honzo est un assassin japonais qui court sur les murs et tire à l'arc. Mercy possède un rayon soigneur et peut voler grâce à ses ailes robotiques. Pharah peut également planer (son armure fait jetpack) et surtout balancer des roquettes. Reaper peut se camoufler et se téléporter. Reinhardt est un gros bourrin avec une grosse armure et un gros marteau, il peut générer un champ de force pour protéger ses petits camarades. Symmetra peut construire des structures comme un portail de téléportation. Tracer, l'anglaise à la coupe manga vouée à devenir l'icône d'Overwatch, peut se projeter vers l'avant (blink) et remonter le temps de trois secondes (recall). Torbjörn, qui semble tout droit sorti d'Ironforge, peut créer des tourelles et donner des bonus d'armure à ses équipiers. Widowmaker peut atteindre des coins élevés de la carte en utilisant son grappin. Ça tombe bien, elle tient le rôle de sniper. Winston est un gorille à lunettes capable de se transformer en berserker. Enfin, le moine-robot Zenyatta complète ce casting étonnant.
Les parties d'Overwatch se déroulent en 6 contre 6, avec une équipe qui attaque et une autre chargée de défendre un objectif. Notez qu'il n'y a pas de restriction sur la composition des équipes : il est tout à fait possible de mélanger personnages « gentils » et « méchants », ou de mettre six Winston ensemble, même si cela ne sera pas forcément viable. A ce propos, Blizzard tient un discours un peu contradictoire sur le rôle des héros : le studio déclare ne pas vouloir tomber dans la « sainte trinité » typique des MMORPG (tank / DPS / soigneur), mais répartit les héros d'Overwatch entre défense, attaque, tank et support. Il est vrai que cela fait quatre catégories, on ne peut donc pas parler de trinité... Quoi qu'il en soit, il semble indispensable d'équilibrer les rôles comme dans tous les FPS basés sur des classes complémentaires – on pense évidemment à Team Fortress 2. Chose qu'il est possible de faire à la volée, puisqu'on peut changer de personnage à chaque respawn.
It's over 9000 !
Alors, que donne Overwatch souris en main ? En jouant avec un groupe de journalistes, l'expérience n'était pas forcément probante : personne ne connaissait la map, personne ne savait jouer son personnage... Difficile de juger un jeu multi coopératif alors que tout le monde le découvre. Il y a le contemplatif qui passe son temps le nez en l'air pour admirer les décors (fort jolis au demeurant), le rôliste qui n'a jamais touché à un FPS, le consoleux qui ne sait pas bouger avec ZQSD... Je vous laisse imaginer la gueule d'une partie dans ces conditions. Heureusement, j'ai eu la chance de participer à quelques parties avec des membres de Blizzard, et mon expérience en a été drastiquement changée. Ils maîtrisaient leur perso, connaissaient chaque recoin des cartes. Les soigneurs soignaient, les supports supportaient... Bref, il y avait du teamplay, et là Overwatch s'est révélé très fun. Chaque perso a son propre feeling en fonction de ses capacités de déplacement. Winston, par exemple, semble un peu lourdaud au premier abord, mais il peut se projeter vers l'avant. L'agile Tracer peut combiner un triple blink puis un recall pour atteindre rapidement un point et en repartir aussitôt, une manœuvre qui s'avère assez jouissive à réaliser. Les trois cartes jouables exploitaient bien cette diversité de mouvements en proposant de nombreux passages, des cachettes en hauteur, etc. On y trouvait également quelques bonus de vie disséminés dans des endroits stratégiques. Ce sont pour l'instant les seuls power-up – Overwatch n'est pas Unreal Tournament – mais Blizzard n'exclut pas d'en ajouter dans le futur, selon le game director Jeff Kaplan.
Du côté des armes, les sensations sont également très bonnes. Le lance-roquettes de Pharah donne bien l'impression de balancer des gros trucs explosifs et pas des billes de peinture. Son pouvoir ultime est encore plus puissant, avec un déluge de feu qui s'abat sur les ennemis – et les éventuels amis, mais il n'y a pas de friendly fire. Chaque perso possède en effet une capacité ultime qui se débloque en accomplissant des actions. Utilisées à bon escient, certaines semblent capables de retourner le cours d'une partie. Mercy peut ainsi ressusciter tous les alliés morts à proximité ! Cela pose le problème de l'équilibre, point crucial dans les jeux en ligne. Les premiers joueurs pensent déjà qu'il faut nerfer Bastion... Blizzard a l'habitude de rééquilibrer sans cesse ses jeux, et Overwatch n'échappera sans doute pas à la règle. En l'état, le jeu est déjà très plaisant. Il reste des questions en suspens, notamment celle du modèle économique, que le studio affirme ne pas avoir tranchée. Mais nous devrions obtenir des réponses rapidement : Blizzard compte sortir la bêta d'Overwatch dès 2015. On a déjà hâte d'y participer car ce premier essai était plutôt emballant.
Passé la surprise de l'annonce et une première partie douloureuse, Overwatch a rapidement dévoilé son potentiel. Le jeu est superbe, et offre d'excellentes sensations grâce à un casting de héros aux capacités très variées. Chaque joueur devrait trouver un personnage correspondant à son style. Blizzard semble transformer tous les genres qu'il touche en or : le STR, le MMO, le jeu de cartes, bientôt peut-être le MOBA... Il est encore un peu tôt pour dire si le studio va réussir la même chose avec le FPS multi, mais cela semble bien parti.