Après un deuxième épisode conspué, Ubisoft est parvenu à redresser la barre de manière spectaculaire avec Far Cry 3. Un jeu à la fois parfaitement maîtrisé et terriblement fun, généralement considéré par le public et la critique comme l'un des titres phares de l'année 2012. Les attentes autour du quatrième volet, disponible dans un peu plus d'un mois, sont donc fortes. Et pour le coup, la société française a décidé de jouer la carte de la sécurité. C'est du moins ce que l'on en a déduit après trois bonnes heures passées dans la peau d'Ajay Ghale.
Laissez derrière vous les îles tropicales, bienvenue à Kyrat, un pays fictif qui abrite une infime partie de l'immense chaîne de l'Himalaya. C'est ici, dans cet environnement montagneux, que se déroule l'aventure de Far Cry 4. Pour rappel, vous serez placé dans la peau d'Ajay Ghale, un jeune homme de retour sur ses terres afin d'accomplir les dernières volontés de sa défunte mère. Résultat, c'est dans une véritable guerre contre le despote Pagan Min que ce dernier va se retrouver impliqué.
Kyrat des Caraïbes
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En dépit de tout ce que la communication autour du jeu essaye de laisser entendre, les différences entre Far Cry 4 et son prédécesseur sont peu nombreuses. Ceux qui ont parcouru en long et en large les îles Rook ne seront ici clairement pas dépaysés. La première vraie spécificité de cette nouvelle aventure tient évidemment au cadre dans lequel celle-ci se déroule. De par l'omniprésence des montagnes, le level design fait la part belle à la verticalité. Entre deux voyages au cœur de vallées densément peuplées, on ne cesse de grimper pour découvrir ce que l'environnement cache jalousement. Plus que jamais dans ce décor enchanteur, les animaux occupent une place prépondérante. Ubisoft a une nouvelle fois réussi à mettre en place un écosystème à la fois vivant et fascinant.
Le lieu étant différent de celui de Far Cry 3, la faune change également. Aigles, loups, hippopotames, poissons du démon, rhinocéros et autres tigres du Bengale gambadent notamment joyeusement au sein de Kyrat. En prenant du recul, on peut les voir vivre en harmonie ou s'attaquer selon les relations qui les unissent. Vous aurez aussi votre mot à dire dans tout ça, la chasse faisant partie intégrante du jeu. Grâce à votre arc ou à n'importe quelle autre arme moins noble, vous pourrez – rien n'est obligatoire – partir scalper de la belette dans les montagnes. Comme dans le précédent volet de la série, cela servira à fabriquer diverses pièces d'équipement en fonction de l'animal tué. Il en va de même avec les plantes qui permettent toujours de se confectionner des sérums ayant différents effets.
Karmageddon
D'un point de vue plus global, l'aventure de Far Cry 4 se déroule de manière classique. Vous pouvez faire avancer l'histoire en suivant le chemin tracé par les développeurs à travers les missions principales, vous amuser à faire toutes les tâches annexes plus ou moins utiles ou juste explorer l'environnement sans but précis. Il y a de toute manière toujours quelque chose à voir ou à faire. Jamais on ne se sent perdu dans ce monde ouvert relativement vaste (map de taille similaire à celle de Far Cry 3). Régulièrement, la voie principale vous demandera de prendre des décisions. Celles-ci influeront sur la nature de la mission suivante ainsi que sur la destinée du personnage.
Souvent, il s'agit d'un choix entre une solution guerrière ou plus pacifique afin de résoudre un problème donné. Sur la map, vous remarquerez aussi de temps à autre qu'il existe des missions secondaires appelées Karma. Celles-ci apparaissent de façon spontanée et ne prennent que quelques minutes. Il vous faut généralement libérer des civils de l’oppression en tuant des membres de l'armée de Pagan Min. A côté de cela, vous pourrez toujours grimper en haut de points de vue afin d'évacuer le brouillard de guerre entourant les différentes régions de la map ou pour collecter de nombreux éléments. Libérer des camps fera aussi partie des possibilités offertes par le jeu. Nous avons pu le faire à dos d'éléphant (immortel ou insensible aux balles visiblement...) comme dans les vidéos montrées par Ubisoft ou de manière plus discrète. Les développeurs ont, semble-t-il, particulièrement travaillé sur ce point en veillant à ne jamais vous contraindre à quoi que ce soit. L'ouverture est totale.
Himalaya, l'enfance d'un chef
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Ubisoft avait décidé de nous laisser totalement libres de nos mouvements au cours de cette session de jeu. Aussi, chacun est parti dans la direction qu'il souhaitait. Certains ont pu mettre un pied dans Shangri-La. D'autres, comme votre serviteur, ont découvert une séquence stressante se déroulant en pleine montagne pendant une tempête de neige. Un passage d'ailleurs séparé du reste du jeu comme s'il s'agissait d'une capsule totalement indépendante du monde ouvert de Far Cry 4. La petite particularité de celui-ci, c'est qu'une jauge vous indique la quantité d'oxygène encore disponible et qu'il vous faut collecter des recharges disséminées un peu partout dans le décor pour éviter de finir asphyxié. C'est assez contraignant et cela tranche brutalement avec la liberté offerte par ailleurs par le jeu. Reste à voir si ces séquences reviennent régulièrement ou si c'était un simple one-shot scénarisé. Parmi les petites déceptions, on notera également l'absence de Pagan Min que l'on n'a pas croisé une seule fois durant notre partie. Pour le reste, Far Cry 4 s'en tire très bien, notamment sur le plan technique. Aucun reproche à faire au titre de ce côté-là, qui assure l'essentiel avec quelques moments de grâce comme toujours lorsque l'on survole la carte à bord de cette espèce de mini-hélicoptère pouvant accueillir deux personnes. L'ambiance très mystique du jeu fonctionne aussi très bien et on apprécie les efforts fournis pour tenir compte et restituer les particularités culturelles et religieuses de cette région du monde si singulière.
Certes, Far Cry 4 ressemble comme deux gouttes d'eau à son illustre prédécesseur. A tel point que l'on pourrait très bien mettre le doigt sur cette absence de prise de risques. Mais il ne s'agit là que du deuxième épisode exploitant la formule si plaisante de Far Cry 3. Aussi, il subsiste encore en nous une part d'émerveillement et l'envie de renouer avec des mécaniques dont on sait qu'elles fonctionnent parfaitement. A moins d'une sortie de piste inattendue, cette aventure en altitude devrait donc se montrer tout aussi grisante que celle que nous avons vécue il y a deux ans.