Warframe, une des bonnes surprises de 2013 sur le secteur du free-to-play PC se paye en cette fin d'année une sortie sur PlayStation 4. Gros défouloir coopératif mélangeant TPS, free running et art du sabre, le titre gratuit de Digital Extremes débarque donc sur le PSN dans sa version mise à jour, suivant de près la mouture PC. L'occasion pour le public console de goûter aux joies de la gratuité à travers un modèle économique pas forcément idéal pour tous... Bonne expérience, néanmoins pas exempte de défauts, Warframe offre une aventure multijoueur haletante et gratuite, alors pourquoi passer à côté ?
Le nom de Digital Extremes n'évoque peut-être rien pour vous, mais sa contribution au milieu est tout de suite plus éloquente. Après avoir codéveloppé Unreal et travaillé sur les versions consoles des deux premiers Bioshock, le studio canadien a entre autres sorti l'an dernier le très sympathique The Darkness 2. Leur production actuelle, Warframe, a été pensée, produite et éditée de A à Z en interne. Cela représente un certain gage de qualité lorsqu'on voit des free-to-play mourir avant même d'avoir connu leur heure de gloire, faute de confiance et de suivi de la part des éditeurs. Pas de doute, ce TPS multijoueur leur tient à cœur et le support régulier apporté à l'open bêta, disponible depuis le 21 mars 2013 sur PC, ne peut que rassurer les joueurs. Quant à la version PS4, elle fait partie des quelques titres F2P à sortir sur la machine de Sony dans les jours suivant le lancement de la console, on peut donc aisément dire que les Canadiens sont attendus au tournant avec ce portage...
Premier constat : C'est tellement beau que ç'en est suspect.
La première chose qui frappe le joueur s'essayant à Warframe, c'est évidemment la réalisation du titre, d'une remarquable propreté pour un free-to-play en ligne. Le moteur du studio, l'Evolution Engine, fait ici du très bon travail et sait offrir une expérience visuelle très correcte et d'une fluidité quasi-impeccable même si on peut ici reprocher une petite baisse de framerate lorsque l'écran est submergé d'ennemis et d'effets. Côté sonore, mis à part les bruitages un peu barbants, force est de constater que la bande-son remplit sa fonction et instaure une ambiance appréciable. Ainsi, on oscille avec plaisir entre des thèmes de bataille épiques aux influences tantôt space operas tantôt asiatiques (à grand renfort de tambours), et des thèmes plus calmes faisant notamment intervenir des chants quasi monastiques. Ces derniers font d'ailleurs écho à l'influence permanente de Halo dans l'ambiance générale du titre.
Un pitch vite expédié pour laisser place à un gameplay nerveux
En parlant d'ambiance, sachez que vous incarnez ici les Tenno, une caste de guerriers portant d'étranges combinaisons de « ninjas de l'espace » : les Warframes. Oui, « ninja », vous avez bien lu. En effet, si l'emprunte asiatique se ressent déjà dans l'ambiance sonore, elle sert également de base au gameplay, offrant un panel de mouvements assez large à ces guerriers décidément très agiles. Vous pourrez donc vous imaginer tel un fléau cybernétique, semant la mort à grands coups de katana après avoir enchaîné une glissade, un salto et une course contre les murs. Evidemment vos armes de corps-à-corps ne sont pas vos seuls atouts puisque vous disposez d'un fusil, d'une arme de poing, et de capacités uniques (activables grâce au pavé tactile de la manette) afin d'occire les hordes d'ennemis infestant les niveaux. Toutefois, n'espérez pas profiter de ce gameplay dynamique lors de séquences à la mise en scène léchée puisque le titre ne brille pas vraiment dans ce domaine. Le scénario et la narration ne font d'ailleurs pas dans l'originalité la plus remarquable : vous êtes réveillé un beau jour avec pour seule mission d'éradiquer la menace extraterrestre qui s'abat sur le système solaire. On appréciera tout de même un petit effort côté immersion pour cette nouvelle version qui déjà introduit l'aventure par une séquence vidéo et travaille un peu plus qu'auparavant son background.
Sauver le monde, ça se passe comment ?
Vous voilà donc dans l'un des 3 Warframes proposés aux débutants, confortablement assis en position du lotus, contemplant cette vaste carte du système solaire. Désormais, il va falloir choisir où aller ! Depuis votre hub, vous pouvez opter pour l'une des nombreuses missions relatives aux planètes auxquelles vous avez accès. L'éventail proposé au joueur va de la capture de VIP à la destruction d'objectifs, en passant par la survie face aux vagues successives d'ennemis ou encore les très sympathiques missions d'assassinat. Ces dernières se révèlent être parmi les plus agréables à jouer étant donné qu'elles incluent un boss, vous donnant souvent des améliorations pour vos armes et des ingrédients rares, nécessaires au crafting. En effet, les missions sont l'occasion pour les joueurs de faire ou refaire leur petite cueillette d'items, dans le but de forger de précieux objets à la Fonderie, l'utilitaire de craft du jeu. En dépit de cette relative diversité dans les objectifs que l'on se fixe, on ne peut que constater une certaine répétitivité dans les missions, dans les maps aux tronçons copiés-collés et dans le bestiaire d'ennemis qui compte souvent 3 ou 4 types de mobs par planète explorée : ce qui donne des sessions de plusieurs heures dans des environnements similaires, face à des ennemis similaires.
Une progression répétitive mais néanmoins évolutive
Ne soyons pas mauvaise langue : si les niveaux sont très répétitifs de prime abord, on salue tout de même une certaine variété dans le contenu, même s'il vous faudra passer quelques heures sur une planète avant de pouvoir changer de crèmerie côté ennemis et level design. Ainsi, si vous terrassez principalement de simples soldats en armure lors des premières missions, vous passerez plus tard aux aliens, robots et autres créations scientifiques qui apportent une touche de renouveau à l'expérience de jeu. Pour revenir aux environnements, si les premiers sont clos et résolument miniers ou industriels, ils laissent peu à peu la place à de plus jolies choses, comme la glaciale et très agréable Venus, pour ne citer qu'elle. On évolue donc à travers ces missions de plus en plus longues et difficiles, en solo ou accompagné d'autres joueurs. A ce sujet, les escouades peuvent monter jusqu'à 4 participants, ces derniers s'adonnant alors à la destruction la plus brutale, dans un joyeux foutoir d'explosion, de lasers et de coups de sabre.
« Mes amis, allons bouter de l'alien ! »
La coopération, base du concept du jeu, a ici ses défauts comme ses qualités. Outre le plaisir d'être rejoint durant une mission difficile par des inconnus chevronnés, on prendra vite l'habitude de garder son groupe de joueurs matchmakés afin de s'embarquer dans une série d'aventures, ou bien de se faire une partie entre amis. Cela dit, si sur le papier tout va bien, c'est dans la pratique que la coopération montre quelques faiblesses. Ainsi, il ne sera pas rare d'être dispatché sur une partie avec un groupe de « rushers » qui font à répétition des missions précises afin de trouver des ingrédients en particulier. Au vu de la difficulté croissante, il faudra bien vous habituer à jouer avec une équipe pour ajouter un peu de convivialité à cette épopée spatiale, bien triste et vite infaisable en solo. Au menu des interactions entre joueurs, c'est à la fois classique et efficace : vos collègues vous soignent s'ils arrivent à temps pour le faire, ils prennent part au combat à vos côtés et partagent avec vous le butin de missions durement terminées. Les dernières updates permettent en sus d'introduire une dimension MMO au titre avec l'arrivée des dojos de clan, qui font ici office de hub communautaire. Les joueurs peuvent y échanger des items ou bavasser sans la pression des missions, et tester leurs équipements et Warframes lors de sessions PvP. C'est là que l'on pourra jouer à « qui a le plus farmé ou qui a le plus dépensé ? », ce qui creuse un peu l'écart entre l'expérience gratuite et l'expérience payante offerte par le modèle free-to-play.
Le prix de la gratuité
Si le modèle économique autorise les joueurs à crafter la quasi-totalité des items payants (qui peuvent être confectionnés par achat du schéma puis farming de missions afin de récupérer les ingrédients), on note tout de même que cette quête d'ingrédients augmente significativement la répétitivité du titre, étant donné que les « joueurs gratuits » doivent forcément refaire les missions, parfois à de nombreuses reprises, afin de débusquer les objets désirés. Ne comptez pas changer la totalité de votre équipement au bout de 15 à 20 missions car il vous faudra en réalité entre 3 et 4 heures avant de pouvoir crafter votre premier objet, qui au passage se révélera être un coup d'essai plutôt qu'une véritable amélioration significative. Passé ce constat mettant à jour une progression définitivement lente, vous pourrez opter en votre âme et conscience pour des projets d'envergure, tels que la construction d'un nouveau Warframe ou l'acquisition d'armes plus sophistiquées, tout en sachant pertinemment qu'il vous faudra du temps et un certain sens de la récolte pour arriver à vos fins. Si la patience n'est pas votre tasse de thé, sachez que vous devrez débourser des sommes réelles assez conséquentes afin de progresser « vite et bien ». A titre d'exemple, pour acquérir un nouveau Warframe sans avoir à le crafter, il vous en coûtera approximativement 13 € pour un modèle de moyenne gamme. Evidemment, le système fonctionne par formules et les prix sont dégressifs, cela dit l'addition risque d'être salée, vous êtes prévenu.
L'importance de la customisation
Côté customisation, puisqu'il s'agit d'un autre aspect majeur du soft, l'Arsenal vous permet d'avoir accès à tout un tas de modifications. Vous pourrez donc à volonté peindre votre joli Warframe ou équiper les mods récupérés sur le champ de bataille, bavant au passage devant le large choix d'objets et fonctionnalités déblocables après avoir sué sang et eau ou moyennant finance. Cela dit, ne nous méprenons pas, la progression, bien que lente et répétitive, s'avère relativement agréable pour quiconque souhaite jouer sur du long terme. Cette véritable quête d'équipements et d'ingrédients renforce d'ailleurs le ton très MMO, incitant par exemple le joueur à se fixer des objectifs de récolte d'items. Cela peut plaire ou déplaire, tout est une question de goût et de patience.
Puisque votre progression passe inévitablement par la customisation de votre équipement, il se peut que vous soyez au début un peu déboussolé face au système d'expérience et aux gains de niveaux. Pour faire simple, vous gagnez en affinité avec vos armes à force de les utiliser, ce qui vous permet d'y monter des améliorations de caractéristiques, appelées mods. Votre niveau de joueur évolue également, débloquant au passage des upgrades, mais le plus important reste le niveau de votre Warframe. De ce dernier dépendra votre capacité à utiliser les compétences uniques, relatives au modèle de la combinaison. Car oui, votre Warframe n'est pas seulement une tenue de gym 2.0, il vous confère, en plus des capacités physiques, 4 talents uniques. Ainsi, si le Warframe Loki permet d'utiliser un leurre ou l'invisibilité, le Warframe Volt offre quant à lui des compétences centrées sur l'usage de l'électricité. Sachant qu'il existe actuellement 15 Warframes différents sur la version testée, chaque profil de joueur y trouvera son compte.
Et la version PS4 alors ?
Le jeu étant officiellement sorti, il n'en reste pas moins en open bêta et, de ce fait, il souffre de plusieurs problèmes possiblement remaniés à l'avenir. Si la version PlayStation 4 se veut plus stable que la version testée à l'époque sur PC, elle permet néanmoins d'observer des défauts d'adaptation et des bugs jamais vus auparavant. Par exemple, nous avons pu constater à plusieurs reprises durant le test qu'un mur nous avait lourdement tiré dessus, causant des dégâts assez élevés à notre personnage, et ce n'est pas une blague (sans doute un ennemi bloqué dans un mur). On peut également reprocher à cette version la maniabilité à la manette qui peut être déstabilisante lors des phases de combat, avec une assistance parfois capricieuse et des soucis de caméra qui entachent la lisibilité de l'action. Ce problème qui, sur PC, était vite corrigé par la réactivité de la souris se révèle ici plutôt gênant à cause des sticks forcément moins véloces. Autre regret, cette fois-ci lié au jeu en lui-même, le gameplay nerveux demeure sous-exploité car la majeure partie des combats se joueront à distance sans vraiment rendre indispensable le corps-à-corps. A ce sujet, le large panel de mouvements s'avère plutôt gadget dans la plupart des situations et n'est pas des plus pratiques compte tenu du level design général souvent fermé. Ajoutez à ça une ergonomie des menus loin d'être formidable, des informations pratiques assez maigres ou parfois manquantes, et vous obtenez un soft agréable mais toujours perfectible.
Warframe apporte donc déjà une bonne dose de fun et compte bien s'améliorer avec le temps tel un bon vin. On attend des updates futures qu'elles enrichissent d'avantage le contenu et qu'elles rendent la progression gratuite encore plus agréable. Il ne faut cela dit pas se voiler la face, un des buts principaux du free-to-play est d'inciter les joueurs à dépenser afin d'améliorer leur expérience de jeu. Reste à savoir si vous êtes prêt à investir des dizaines d'heures pour une progression lente ou des dizaines d'euros pour une progression plus rapide.
Le Gaming Live associé au test PS4 est celui réalisé sur PC lors du test effectué en mai 2013.
Points forts
- Une très bonne expérience gratuite
- Un gameplay plutôt jouissif
- Une réalisation de qualité
- La customisation et le craft
- Le contenu des mises à jour qui augmente l’intérêt à haut niveau (PvP et Dojo)
- Trancher des aliens entre amis
Points faibles
- La répétitivité des missions et des niveaux
- La progression gratuite assez lente
- L'open bêta et le portage PS4 pas toujours au point
- Une boutique relativement chère si l'on souhaite progresser plus vite
Warframe est un titre qui impressionnera tout le monde lors des premières heures de jeu, c’est une certitude. Cela dit, passé la claque visuelle et l’étonnement face à un gameplay aussi réactif que jouissif, certains joueurs se lasseront du contenu délivré au compte-gouttes et du côté répétitif omniprésent dans la progression gratuite. Pour ceux qui accrochent au concept et qui ont surtout du temps à y consacrer, l’aventure vaut le coup à défaut peut-être d’en valoir le coût. Concernant le portage PS4, il est relativement satisfaisant et permet d'apprécier les évolutions du titre depuis ses premiers pas sur PC. On regrettera toutefois quelques soucis de maniabilité et une ergonomie pas toujours optimale. Warframe reste donc une très bonne pioche dans le genre free-to-play et constitue à l'heure actuelle une très bonne "première expérience" du genre pour les joueurs PS4.